| TATOUAGE, subst. masc. A. − 1. Action de tatouer, fait de tatouer, de se faire tatouer. Art du tatouage; aiguille pour tatouage. Je remarquai que ces sauvages avaient cherché à imiter, au moyen du tatouage, les épaulettes et les galons qu'ils ont vus sur les uniformes des officiers anglais (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 6, 1844, p. 57).Les tribus les plus sauvages ne pratiquent ni la scarification, ni le tatouage. Le tatouage consiste à décorer le corps avec des motifs incisés à l'aiguille et remplis d'un pigment (Page, Dern. peuples primit., 1941, p. 26). − P. anal. Fait de pratiquer une marque définitive ou temporaire sur la peau d'une partie du corps. Le tatouage en relief ou par incisions est pratiqué ici dans toute sa perfection; les naturels ont la partie antérieure du corps mutilée de la manière la plus horrible (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 6, 1844, p. 255).Cet usage de découper les poils de la face de manière à former des figures et des ornements est une dernière forme du tatouage, encore usitée seulement chez les Bassoutos (A. France, Pierre bl., 1905, p. 262). − En partic. ♦ Action de tatouer un animal à des fins d'identification. Synon. marquage.Pour éviter les abandons anonymes, la S-P-A demande aussi le tatouage identificateur obligatoire de tous les chiens (Le Nouvel Observateur, 26 avr. 1976, p. 79, col. 1).On utilise souvent le tatouage pour l'identification des ovins, des bovins et des porcins. On le réalise souvent sur l'oreille, à l'aide d'une pince à tatouer qui comporte des pointes coupantes, disposées de façon à dessiner un numéro, une lettre ou une marque spéciale (Lar. agric.1981). ♦ Action de graver le numéro d'immatriculation d'une automobile sur ses vitres pour éviter le trafic de voitures volées. Certaines marques d'automobiles sont leurs cibles favorites [aux professionnels du trafic d'automobiles]. L'achat de ce matériel [une sirène d'alarme] ne doit pas vous dispenser du « tatouage » des vitres, une méthode vraiment dissuasive contre les trafiquants (Que choisir?janv. 1991, p. 29, col. 3). 2. Dessin, figure obtenu par cette opération. Faire disparaître un tatouage; tatouage bleu; horrible, hideux tatouage; tatouage rituel; le buste, le bras couvert, décoré de tatouages. Un tatouage se dessinait sur le biceps de son bras gauche, et représentait un autel d'où s'élançait une flamme entourée de ces mots: « Toujours pour mon Élisa! » (Du Camp, Mém. suic., 1853, p. 288).Il se vantait d'avoir gagné sa vie dans les foires, lutteur fantaisiste, n'exhibant au seuil de la baraque qu'un torse grêle, mais décoré d'admirables tatouages en trois encres (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1309). − P. anal. Marque, cicatrice colorée sur la peau. Sur sa peau blanche, d'une blancheur de fille anémique, les éraflures, les entailles du charbon, laissaient des tatouages, des « greffes », comme disent les mineurs (Zola, Germinal, 1885, p. 1232). ♦ P. métaph. Un visage de jeune fille, c'est l'ennui d'une page blanche où mes yeux ne peuvent rien lire d'émouvant; tandis que ton visage! Il me faut les cicatrices, les tatouages du destin, une beauté qui sorte des tempêtes (Cocteau, Machine infern., 1934, III, p. 108). 3. MÉD. Tatouage de la cornée. ,,Il se pratique à l'aide d'encre de Chine stérile pour reformer une pupille`` (Lar. Méd. t. 3 1972). B. − P. anal., BEAUX-ARTS, péj. Barbouillage, décoration excessive. La façade, surmontée d'un homme d'armes empanaché qui porte l'écu de la ville, serait belle si elle n'était badigeonnée (en rouge toujours!), et, qui plus est, ornée d'affreux personnages peints accoudés à un balcon figuré qui est dans le style gothique de 1810. La cour intérieure a subi le même tatouage (Hugo, Rhin, 1842, p. 376).« Rien sans art », ont proclamé des ornemanistes inventifs et féconds qui se sont cru autorisés à couvrir de tatouages tout ce qui leur tombait sous la main (Arts et litt., 1935, p. 84-4). − Littér. Fait d'appliquer, de reprendre un style, les figures de style d'œuvre connues. Toute cette traduction à la carthaginoise des signes avant-coureurs de l'amour, tout ce tatouage, un peu renouvelé d'Atala et de Velléda, est habilement exécuté (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 4, 1862, p. 56). Prononc. et Orth.: [tatwa:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1778 (Cook, Voy. dans l'Hémisph. Austr., II, 188 ds Bonn., p. 153). Dér. de tatouer* pour trad. l'angl. tattoo (v. tatouer étymol.); suff. -age*. Fréq. abs. littér.: 121. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 470-472. |