| TARTANE, subst. fém. A. − 1. MAR. Petit bâtiment de pêche et de cabotage à voile latine, en usage autrefois sur les côtes méditerranéennes, à bords hauts, à l'arrière élancé, possédant un grand mât (mestre) et plusieurs voiles (beaupré, grand foc ou polacre, tape-cul). Il vit apparaître à la pointe de l'île de Pomègue, dessinant sa voile latine à l'horizon, et pareil à une mouette qui vole en rasant le flot, un petit bâtiment que l'œil d'un marin pouvait seul reconnaître pour une tartane génoise sur la ligne encore à demi obscure de la mer (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 258).Les tartanes de Lavagna − hérissées de cinq voiles aiguës qui divergent, − lourdes de briques ou de fruits, lourdes et ailées sur la mer (Valéry, Tel quel I, 1941, p. 13). 2. PÊCHE. Grand filet à manche des côtes de la Méditerranée et du Languedoc et destiné naguère à la pêche du même nom qui se faisait en dérive. La pêche à la tartane se fait jour et nuit, à quatre mille de terre; plus le vent est fort, plus on prend de poissons (Baudr.Pêches1827). B. − [En Espagne] Chariot attelé en usage autrefois dans la région de Valence pour le déplacement des voyageurs. La voiture à volonté du pays est la tartane, espèce de coucou-omnibus conduit par un cheval ou par un mulet, et sans aucune espèce de ressort (Sand, Hiver à Majorque, 1842, p. 101).On nous fit grimper (...) dans une espèce de guimbarde qui tient le milieu entre la patache française et la tartane valencienne (Gautier, Italia, 1852, p. 309). Prononc. et Orth.: [taʀtan]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1622 mar. désigne un petit bateau de la Méditerranée (Hobier, Construction d'une gallaire, p. 63 d'apr. B. E. Vidos ds Z. fr. Spr. Lit. t. 57, p. 12); 2. 1769 pêche (Duhamel du Monceau, Traité gén. des Pesches, t. 1, p. 155). II. 1842 (Sand, loc. cit.). I empr. p. métaph. à l'a. prov. tartana « buse » (ca 1220, Rouergue, Daudes de Prades, Lo romans dels auzels cassadors ds Levy Prov.), lui-même issu, en raison du cri rauque de cet oiseau, de la racine onomat. tart-, élargissement de la racine tar-. II empr. à l'esp. cat. tartana « chariot attelé en usage surtout dans les terres de langue catalane » (att. en 1817, Dicc. de la Real Acad. Esp.), issu de tartana « petite barque de pêche », lui-même empr. au prov. tartana (v. Cor.-Pasc.). Voir B. E. Vidos, op. cit., pp. 12-14, et FEW t. 13, 1, p. 109b et 110b. Fréq. abs. littér.: 34. Bbg. Kohlm. 1901, p. 58. − Kemna 1901, p. 211. |