| TALMUD, subst. masc. RELIG. JUIVE. Loi orale (ou Tora orale); ensemble des recueils qui en renferment la substance, en particulier le code constitué de la Michna et de son commentaire (palestinien ou babylonien) la Guemara. Fixation, rédaction du Talmud; les enseignements, les subtilités du Talmud. La Torah orale (...) est transmise dans les œuvres suivantes: la Mékhilta, le Sifra, le Sifréy, la Michna, la Tossefta, le Talmud de Jérusalem, le Talmud de Babylone (...) on utilise d'ordinaire (...) le terme de Talmud pour désigner l'ensemble de la Torah orale (D. Malki, Le Talmud et ses Maîtres, 1972, p. 16).Le Talmud est, en même temps qu'une tradition, l'incessante relecture et la constante réactualisation de l'insondable Tora de Moïse par des docteurs qualifiés. « Tout ce qu'un disciple fervent est destiné à apporter de neuf, lit-on (...) dans le Talmud, a été déjà dit à Moïse sur le mont Sinaï... » (Encyclop. univ.t. 151973, p. 718).V. pharisaïque A ex. de Bible 1912.− [P. oppos. à la Michna] Synon. de guemara.L'exégèse haggadique [de (h)ag(g)ada*] a atteint son plus fort développement dans la grande époque de la Michna et du Talmud, entre le IIeet le VIesiècle, après J.-C. (H. Schilli, Regards sur le midrach, 1977, p. 9). − [Dep. sa 1reparution impr.] Ensemble formé par la Michna et la Guemara, accompagné de commentaires dont celui de Rachi et celui des Tossafot [additions], œuvre collective de Maîtres élèves ou descendants de Rachi (xiieet xiiies.) qui font corps avec lui (d'apr. M. A. Ouaknin ds Aggadoth du Talmud de Babylone, 1983 [1982], introd., p. 26 et sqq.). Quant au Talmud babylonien, il présente un morceau de la gemara au milieu de chaque page, qu'entourent, sur deux colonnes latérales, le commentaire de (...) Rachi (1040-1105) et des notes de glossateurs ultérieurs (A. Cohen, Le Talmud, 1970, p. 34). REM. Talmud-Tora, subst. masc.Cours d'instruction religieuse. [L'Institut d'hébreu] pourrait compléter pour les jeunes Juifs de l'Université l'enseignement reçu dans leur enfance au Talmud-Tora (J. Straussds La R. juive de Lorraine, juin 1987, no357, p. 7). Prononc. et Orth.: [talmyd]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1254 Talemus (Louis IX, Ordonance pour la reformation des mœurs ds Ordonn. des Rois de France, t. 1,32, p. 75: que leur Talemus et leurs autres livres esquiex sunt trouvez blasphemes soient ars); 1315 Talemeus (Louis X, Ordonance pour le rappel des Juifs, ibid., p. 596: les livres de leur loy [...] leur seront rendus, exceptés les Talameus); 1321 Thalm[ud] (Extrait du Secundus Jornalis de la Chambre, éd. Ch. V. Langlois ds Notices et extr. des mss de la B. N., t. 40, 1916, p. 263: aucunes accordances ou auctor[ités] du Thalm[ud]; fin xves. Talmuth (Symon de Phares, Rec. des plus célèbres astrologues, éd. E. Wickersheimer, p. 46); 1512 Thalmud (J. Lemaire de Belges, De la différence des schismes ds
Œuvres, éd. J. Stecher, t. 3, p. 265); 1585 Talmud (J. Scaliger, Lettres fr. inéd., éd. Ph. Tamizey de Larroque, p. 204 [9 oct., à Cl. Du Puy]). Empr. à l'hébr. mishnaïquetalmūd « enseignement; étude; Talmud », dér. de lāmad « apprendre, étudier ». Fréq. abs. littér.: 38. DÉR. 1. Talmudique, adj.a) Qui est relatif, qui est propre au Talmud. Enseignement, étude, science talmudique; dialectique, discours, locution, texte talmudique; sources talmudiques; judaïsme, morale, tradition talmudique; principe, réglementation talmudique; école talmudique. L'époque talmudique n'est pas close à l'achèvement du Talmud : (...) la Haggada continue à produire des recueils très importants qui se rattachent étroitement à la littérature talmudique (E. Fleg, Anthologie juive, 1951, p. 643).En compos. De l'aveu même des Israélites, la littérature talmudicorabbinique ne sera plus étudiée de personne dans un siècle (Renan, Avenir sc., 1890, p. 218).Données de la tradition biblico-talmudique (Philos., Relig., 1957, p. 48-11).b) Rare. [En parlant d'une pers.]
α) Synon. de talmudiste (infra dér. 2 a en appos.).Parvenu au plein de sa vie et son œuvre (...) [Rabbi Israël] n'en tenait pas moins à demeurer un disciple, et jamais il ne cita une sentence d'un des Maîtres talmudiques ou d'un Maître ultérieur sans trembler de crainte en prononçant son nom (M. Buber, Les Récits hassidiques, trad. par A. Guerne, 1978 [1963], p. 33).
β) Synon. de talmudiste (infra dér. 2 b en appos.).V. juif ex. 4.− [talmydik]. Att. ds Ac. dep. 1835. − 1resattest. 1546 talmudicque (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap. 38, p. 263), 1556 talmutique (A. Thévet, Cosmographie de Levant, p. 171), attest. isolées, à nouv. 1721 talmudique (Trév.); de Talmud, suff. -ique*. 2. Talmudiste, subst. masc.a) Celui dont l'opinion est consignée dans le Talmud; maître du Talmud. En appos. [Des] divergences d'opinions, parfois fort substantielles (...) existaient entre les Sages talmudistes (D. Malki, Le Talmud et ses Maîtres, 1972, p. 35).b) Cour. Celui qui se consacre à l'étude du Talmud. [Rachi] n'eut pas de fils mais trois filles qui épousèrent des talmudistes renommés, ses élèves (Rachi, Paris, Serv. techn. pour l'éduc., 1974, p. 17).En appos. Les leçons de la yéchiba m'ont beaucoup plus servi que les tragédies de Racine que vous nous commentiez à l'Université. Au fond, je suis toujours resté un étudiant talmudiste, coupeur de fil en quatre, ingénieux à découvrir le fort et le faible d'un argument (Tharaud, An prochain, 1924, p. 286).c) [P. oppos. aux caraïtes, aux hassidim] Tenant du judaïsme traditionnel. Non loin d'elle, était un groupe d'hommes et de femmes (...). Je ne sais s'ils étaient talmudistes ou caraïtes, mais, en revanche, je puis affirmer qu'ils prétendaient appartenir, d'après la tradition de famille, à la tribu d'Aaron (Borel, Champavert, 1833, p. 134).Malgré la réaction énergique qu'il suscita de la part des talmudistes, le mouvement [hassidique] n'aboutit jamais à la formation d'une secte dissidente (Philos., Relig., 1957, p. 48-12).V. piétiste I ex. de Weill.− [talmydist]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. a) 1532 thalmudiste « auteur, compilateur du Talmud » (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, chap. 8, p. 46: les Thalmudistes et Cabalistes), 1546 talmudiste (Id., Tiers Livre, éd. M. A. Screech, chap. 44, p. 300). b) 1611 thalmudiste « érudit spécialiste du Talmud » (Cotgr.); de Talmud, suff. -iste*. BBG. − Quem. DDL t. 3 (s.v. talmudique), 26. − Zolli (P.). St. fr. 1970, t. 14, no3, p. 597 (s.v. talmudique). |