| TABOUER, verbe trans. ANTHROPOL. Rendre tabou. Un chef veut-il éloigner les importuns de sa maison, il la taboue; monopoliser à son profit les relations avec un navire étranger, il le taboue encore; mettre en quarantaine un trafiquant européen dont il est mécontent, il le taboue toujours (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 132).− Part. passé en empl. adj. Qui est l'objet d'un tabou. Le fruit à pain et le poisson forment leur principale nourriture, quoique les cochons soient nombreux. Mais ils sont taboués depuis une grande fête où le nombre de cochons tués ayant été considérable, on leur a imposé le tabou sacré, pour que leur multiplication ne s'en ressente pas (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 4, 1842, p. 300).À l'instar des Indiens des prairies, ils [les Turcs sibériens] défendent l'emploi des mots qui entreraient en composition dans le nom du parent taboué (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 300). REM. 1. Tabouisation, subst. fém.,rare. Action de rendre tabou. Craindre la tabouisation comme la peste. Le tabou sera recouvert. Le non-tabou découvert (Cocteau, Journal d'un inconnu, 1953, p. 214). 2. Tabouiser, verbe trans.,rare. Rendre tabou dans nos sociétés. (Ds Lar. Lang. fr., Rob. 1985). Prononc.: [tabue], [-bwe], (il) taboue [-bu]. Étymol. et Hist. 1. 1782 part. passé adj. tabooé « déclaré, rendu tabou (chez les peuples d'Océanie) » (Troisième voyage de Cook, ou Journal d'une expédition faite dans la mer Pacifique, 421 ds Höfler Anglic.); 1789 taboé (G. Dixon, Voyage autour du monde, II, 10, ibid. et ds König 1939, p. 194); 1811 (A. de Humboldt, Essai politique sur le royaume de la Nouvelle Espagne, Extraits in Humboldt, Voyages dans l'Amérique équinoxiale, Paris, 1980, t. 2, p. 222: si les prêtres du pays n'ont pas taboué l'aiguade); 2. 1914 p. ext. tendances ,,tabouées`` (E. Régis et A. Hesnard, La Psychoanalyse des névroses et des psychoses, p. 93 ds Quem. DDL t. 21). Dér. de tabou* (dés. -er) d'abord d'apr. l'angl. to taboo (1877, J. Cook ds NED). Bbg. Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Arch. St. n. Spr. 1969, t. 205, p. 372. − Quem. DDL t. 6. |