| TABATIÈRE, subst. fém. A. − Petite boîte à couvercle dans laquelle on mettait le tabac à priser et qu'on emportait dans sa poche. Il nous offrit une prise de tabac sec dans sa tabatière de corne, propre et luisante comme un écu neuf (Musset, Lettres Dupuis Cotonet, 1836, p. 671).« Victoire, vous abrutissez cet enfant, montrez-lui quelque chose d'intéressant. Tenez faites-lui voir mes tabatières! » Alors on ouvrait un coffret et l'on me faisait passer en revue une douzaine de tabatières fort belles, ornées de charmantes miniatures (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 317). B. − Loc. adj. 1. À tabatière a) Fusil à tabatière. Fusil mis au point en 1867, dont le bloc de culasse s'ouvrait comme une tabatière. L'exercice des fusils à tabatière par des gardes nationaux (Goncourt, Journal, 1870, p. 599). b) Châssis, fenêtre à tabatière. Châssis, fenêtre ayant la même inclinaison que le toit où on l'a placé(e) et dont le battant pivote autour d'une charnière horizontale fixée à sa partie haute. Un faux grenier élevé de six pieds et couvert en zinc, avec un châssis à tabatière pour fenêtre (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 312).Cette chambre, très lambrissée, s'éclairait par une fenêtre à tabatière vitrée de vitres verdâtres, cassées en plusieurs endroits, raccommodées avec du papier, poudreuses, et qui salissaient le ciel (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 109). − [P. ell. du déterminé] Couché sur son grabat, suçant sa pipe éteinte et ne pensant à rien, c'est la même étoile que le père Pâqueux regarde par la tabatière percée entre les chevrons (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1096).Sur toute cette foule, parmi les masses d'ombre, tombaient des tabatières des faisceaux de lumière dorée, avivant les contrastes de couleurs et marquant en relief vigoureux des physionomies tourmentées et ardentes (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 118). 2. En tabatière. Synon. vieilli (supra B 1 b).Une mansarde où le jour n'arrivait que par une croisée en tabatière (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 304). C. − ANAT. Tabatière anatomique. ,,Dépression elliptique des téguments de la partie postéro-latérale du poignet, déterminée par la saille des tendons des muscles long et court extenseurs du pouce, qui s'écartent l'un de l'autre à ce niveau (...). Cette dépression (...) doit son nom à l'usage qui en était fait pour déposer les poudres à priser ``(Méd. Biol. t. 3 1972). Prononc. et Orth.: [tabatjε:ʀ]. Ac. 1694: tabaquiere, -tiere; 1718 -tiere; dep. 1740 -tière. Étymol. et Hist. 1. 1652 tabaquiere « petite boîte destinée à contenir du tabac » (Berthod [F. Bertaut], La Ville de Paris en vers burlesques ds Paris ridicule et burlesque au XVIIes., éd. P.-L. Jacob, Paris, 1859, p. 94) - 1694 (Ac.: tabaquiere ou tabatiere); 1665 tabatière (Molière, Dom Juan, I, 1, éd. R. Bray, p. 123); 2. archit. a) 1836 fenêtre en tabatière (Kock, Zizine, p. 51); 1843 châssis à tabatière (Balzac, Illus. perdues, p. 627); 1853 fenêtre à tabatière (Du Camp, Mém. suic., p. 84); b) 1876 « rosace double en fonte ou en cuivre ornant un croisillon ou une croix de Saint-André » (Chabat); 3. 1865 tabatière anatomique (Littré-Robin); 4. 1867 fusil à tabatière (Exposition univ. de 1867 à Paris. Rapports du jury intern., IV, p. 475 ds Quem. DDL t. 21, s.v. fusil). Dér. de tabac1*, suff. -ière (-ier*); la forme à prononc. pop. tabatière l'a emporté lorsque le c final cessa d'être prononcé (v. Nyrop § 89, 3 ). Fréq. abs. littér.: 252. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 353, b) 603; xxes.: a) 417, b) 195. Bbg. Archit. 1972, p. 115. − Darm. 1877, p. 74. − Quem. DDL t. 15. − Reinh. 1963, p. 56. − Schmidt 1914, 67, 500. − Spitzer (L.). Z. fr. Spr. Lit. 1917, t. 44, p. 219. |