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TÉNU, -UE, adj.
A. −
1. Qui est très mince, très fin. La fabrication des perles fausses remonte à Jacquin (1686), par soufflage de petites boules de verre à parois minces sur un fil de cuivre ténu (Cl. Duval, Verre, 1966, p. 93).
[En cont. métaph.] Nous glosions sur tout et coupions en quatre les plus ténus cheveux du monde (Gide, Si le grain, 1924, p. 545).Ici, la création se produit sur le fil ténu de la phrase, dans la vie éphémère d'une expression (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 10).
2. [En parlant d'une substance, d'un liquide] Qui est peu dense, peu consistant. Synon. léger, impalpable.Brume ténue. Substance ténue (Ac.).
MÉD. ,,Qui est peu dense, presque aqueux`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Crachat ténu (Méd. Biol. t. 3 1972). ,,Qui est peu nourrissant`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
B. − Au fig.
1. Qui est à peine perceptible. Synon. subtil.Certains faits linguistiques très ténus se sont conservés sans le secours d'aucune notation (Sauss.1916, p. 45).Pourquoi ce trouble? La pensée qu'elle était liée à François par des liens, même ténus, la gênait (Radiguet, Bal, 1923, p. 101).
[En parlant d'une odeur] Synon. léger.Augustin croit sentir, venant de la cuisine où il a déposé leurs tiges dans l'eau, un ténu parfum de roses (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 212).
[En parlant d'un élément temporel] C'est un âge de transition, indécis, ténu et de diagnostic difficile, l'âge ingrat (Pailleron, Âge ingrat, 1879, I, 3, p. 12).
[En parlant de sons] Toute l'étendue [du Martenot] est praticable, du pianissimo le plus ténu au fortissimo le plus éclatant (E. Guiraud, Busser, Instrument., 1933, p. 261).Passé minuit, j'attendais et je guettais. Jamais mon oreille n'avait perçu tant de bruits, distingué de sons si ténus (Camus, Étranger, 1942, p. 1203).
2. PHONÉT., vieilli. [En parlant d'une consonne] Qui, telle [n], ne comporte aucune émission d'air, contrairement aux consonnes aspirées telles [p], ou moyennes, comme [β] (d'apr. Ling. 1972). Synon. muette, sourde; anton. aspirée.Empl. subst. Les ténues (...) sont aussi des fortes, et par conséquent des sourdes (Mar.Lex.1951).
Prononc. et Orth.: [teny]. Ac. 1694: tenu, uë; 1718: ténu, uë; dep. 1740: ténu, ue. Étymol. et Hist. 1. 1515 « mince, très fin » (Nobles malheureux de Boccace, II, 13, fo38 rods Gdf. Compl.); 1561 « fort délié, peu compact » (A. Paré, Introd. à la chir., éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 1, p. 42: cholere tenue et subtile); 2. 1684 « très petit (en parlant des éléments qui composent un corps) » (F. Bernier, Abr. Philos. de Gassendi, p. 378); 3. a) 1680 gramm. (Rich.: sorte de consonne Gréque qui est du nombre des muettes qui se divisent en tenuës, en moiennes et aspirées); b) 1837 « qui s'entend à peine » (Soulié, Mém. diable, t. 1, p. 125: un rire frêle et ténu); 4. 1836 « qui est à peine perceptible par l'esprit » (Musset, Confess. enf. s., p. 322: ce qui se passait dans ma tête était pourtant peut-être aussi subtil, aussi ténu que le plus fin sophisme). Empr. au lat.tenuis « mince, délié »; « petit, chétif »; « fin, subtil, délicat ». Ténu a éliminé l'adj. d'orig. pop. tenve (fin xies., Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 138), répertorié dans la lexicogr. jusqu'à la fin du XVIIes. (Ac. 1694), encore présent dans les dial. de l'Ouest et de l'Est (v. FEW t. 131, p. 229b). Fréq. abs. littér.: 184.