| SÉJOUR, subst. masc. A. − 1. Fait de demeurer un certain temps dans un lieu, un endroit. Séjour forcé; le séjour à la montagne est très sain; le séjour dans les villes est fatigant. La vie de Paris et son séjour dans un magasin sombre avaient fini par éteindre la vivacité de son teint de paysan (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 41).Il allait avoir un revenu sans doute médiocre, mais qu'il n'était pas impossible d'augmenter par des travaux de linguistique ou de traduction qui n'exigeraient sûrement pas le séjour constant à Paris (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 121). − Vieilli. Le séjour de + compl. circ. de lieu.Le séjour de la Bretagne est favorable à la santé; le séjour de Paris, des petites villes; redouter le séjour de la campagne. Il est difficile qu'un homme de vingt ans gagne au séjour des casernes (Proudhon, Propriété, 1840, p. 264).« Je ne suis pas certain que le séjour de Berck convienne tout à fait à Huguette ». Et il se lança dans des explications climatologiques (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 478). − DR. Carte/permis de séjour. V. carte III C 2 a.Interdiction, interdit de séjour. V. interdiction B. 2. Salle de séjour ou, p. ell., séjour. Salle d'une habitation où l'on se tient habituellement. L'espace séjour est con-struit autour de la pièce maîtresse: une boiserie Louis XV « patine antiquaire vieillie » (L'Express, 7 oct. 1978, p. 31, col. 3). − En compos. Séjour-salle à manger-cuisine. Un séjour-duplex orné d'une superbe cheminée de pierre (Elle, 5 déc. 1977, p. 20, col. 2).Maisons-Laffitte propriété (...). Rez-de-chaussée: somptueuse réception, rotonde, vaste salon, séjour-bibliothèque (L'Express, 1eroct. 1982, p. 80, col. 1). B. − 1. Durée pendant laquelle quelqu'un demeure dans un lieu. Faire un long séjour, un séjour trop bref chez des amis; écourter son séjour; faire des séjours irréguliers à Paris; deux mois de séjour à l'étranger; séjour à l'hôtel, à l'hôpital, en prison. Portal revient de sa Lorraine, où il a fait son séjour annuel (Martin du G., J. Barois, 1913, p. 404): 1. Mais le ciel m'ayant refusé le talent littéraire, j'ai uniquement pensé à décrire avec toute la maussaderie de la science, mais aussi avec toute son exactitude, certains faits dont un séjour prolongé dans la patrie de l'oranger m'a rendu l'involontaire témoin.
Stendhal, Amour, 1822, p. 57. − TOUR. Prestation comprenant l'hébergement dans un même lieu ou dans des lieux différents pendant plusieurs jours consécutifs. Séjour libre; séjour à la ferme. Les prix s'entendent en argent suisse pour un séjour minimum d'une semaine... (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 451).Au menu circuit qui vous fait avaler un maximum de choses en un minimum de temps on préfère choisir un séjour à la carte et le panacher de balades en liberté, pour mieux déguster l'Amérique (L'Express, 14 mars 1981, p. 54, col. 1). ♦ En compos. De Lyon: circuit-séjour « plage et désert » en Land-Rover, 8 jours pension complète, 1 820 F (Télérama, 18 mars 1981, p. 114, col. 1).Séjour-concert: musique de chambre, récitals, à Roussillon, L'Isle-sur-la-Sorgue, abbaye de Silvacane (Le Nouvel Observateur, 1erjuin 1981, p. 19, col. 2). 2. Vieilli. Durée pendant laquelle une chose reste dans un milieu. Séjour des aliments dans l'intestin, d'un corps étranger dans une plaie; le fer rouille après un séjour dans la terre; séjour des eaux, des neiges dans un fond. La plus forte preuve du long séjour de la mer sur toute cette surface (...) est une élévation estimée avoir 70 pieds de hauteur et 7 à 8 milles de largeur (...) entièrement formée d'écailles d'huîtres (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 246).Je songe aux têtes des statues grecques mordues par un long séjour dans la mer (Montherl., Pte Inf. Castille, 1929, p. 592). − MAR., vieilli. Temps qu'un bâtiment de guerre passe en relâche (d'apr. Will. 1831). C. − Lieu où l'on demeure pendant un certain temps. Séjour charmant, enchanteur, paradisiaque; séjour abominable, bruyant; séjour populeux, solitaire; cette propriété est un agréable séjour d'été. Les charmes du lieu, le monde élégant qui l'habite pendant la belle saison (...) tout contribue à faire de la vallée de Montmorency le séjour le plus agréable des environs de Paris (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 15).Laure Malaussene était donc venue vivre à Barterand; séjour assez dépourvu de gaieté. (...), ce château a l'air de se retirer à l'écart, de se cacher (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 8). − Littér. Lieu où se manifeste un phénomène. Ces districts, séjour de la paix, de l'heureuse industrie et de l'abondance, ne présentèrent bientôt plus que l'image de la désolation, de la misère et des ruines (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 80): 2. ... la chambre des dix-huit lits demeurait encore le séjour de l'élégance et du bon ton: hors deux détenus qu'on y avait mis, récemment transférés du Luxembourg à la Conciergerie, (...) il ne s'y trouvait que d'honnêtes gens, qui se témoignaient une confiance réciproque.
France, Dieux ont soif, 1912, p. 242. − Poét. [P. allus. à la myth. gr. ou à la trad. cath.] ♦ Le Céleste séjour, le séjour des Dieux. L'Olympe. Un orage ravit Œdipe au séjour des dieux (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 274).Le séjour céleste ne fut jamais regardé que comme la récompense de quelques grands hommes et des bienfaiteurs de l'humanité (Fustel de Coul.Cité antique, 1864, p. 8). ♦ L'humide séjour, le séjour humide. La mer. Thétis retourne au séjour humide de Nérée (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 207). ♦ Le séjour éternel, des anges, des bienheureux, des saints, etc. Le ciel, le paradis. S'ils avaient laissé sur la terre un souvenir de leur vertu (...) nous les suivrions de nos regards dans le séjour des élus, nous les contemplerions dans ces demeures de gloire et de félicité (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 294).L'empereur mérite de s'élever jusqu'au séjour bienheureux (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1906, p. 308). ♦ Le séjour infernal, des morts, des ténèbres, etc... L'enfer. L'auteur, sans s'expliquer davantage, dissout par cette mort le bonheur passager de Faust, et Hélène mourante à son tour est rappelée par son fils au séjour des ombres (Nerval, Faust, 1840, introd., p. 19).Ah çà! dit le docteur (...), nous allons donc descendre jusqu'au centre de la terre? La chaleur augmente tellement que nous ne devons pas être bien loin du séjour des damnés (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 166). Prononc. et Orth.: [seʒu:ʀ]. Ac. 1694, 1718: sejour; dep. 1740: sé-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « action de s'arrêter, de séjourner » prendre sujurn (Roland, éd. J. Bédier, 3696); 1176 estre a sejor [dans un lieu] « être à demeure » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 297); 1552 faire long sejour (Rabelais, Quart livre, XI, éd. R. Marichal, p. 76, 85); 2. ca 1150 estre en sejor « être oisif » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 5242); ca 1170 estre a sejor « être de repos dans un lieu agréable » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 2260); 3. ca 1200 « lieu (agréable) où on s'arrête, où on séjourne » (IreContinuation de ,,Perceval``, éd. W. Roach, mss TVD, 12703). Déverbal de séjourner*. Fréq. abs. littér.: 3 163. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7 011, b) 4 461; xxes.: a) 3 152, b) 3 182. |