| SYPHILIS, subst. fém. A. − Vx. Maladie vénérienne. (Dict. xixeet xxes.). Rem. 1. La syphilis a reçu de nombreuses dénominations dont les plus cour. étaient: le mal français, le mal de Naples, la (grosse) vérole. 2. Jusque dans la 1remoit. du xixes., la théorie uniciste a prévalu et la syphilis était confondue avec les autres maladies transmises par contact sexuel et en particulier avec le chancre mou et la blennoragie. B. − PATHOL. Maladie vénérienne, contagieuse et inoculable, dont l'agent pathogène est le tréponème pâle. Syphilis accidentelle, professionnelle; incubation, prophylaxie, thérapeutique, traitement de la syphilis; sérodiagnostic, sérologie de la syphilis. La syphilis des parents peut être la cause de désordres profonds du corps et de la conscience de leurs enfants. (...) Le tréponème pâle a exterminé plus de grandes familles que toutes les guerres du monde (Carrel,L'Homme,1935,p. 318).« ... je parie que c'est encore un de ces m'as-tu-vu qui a peur de la syphilis. Question de chance, la syphilis! » Et, de force, elles le prirent, l'une après l'autre (Michaux, Plume, 1930, p. 167). − [Suivi d'un adj. précisant le type de la maladie] ♦ Syphilis endémique, non vénérienne. Syphilis contractée accidentellement en dehors de tout contact sexuel (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972). ♦ Syphilis congénitale, précoce. Syphilis transmise par la mère par voie transplacentaire au fœtus pendant la grossesse. Syphilis congénitale précoce. Syphilis qui se manifeste dès la naissance et qui est caractérisée par des manifestations cutanées, muqueuses, viscérales et des signes osseux. Syphilis congénitale tardive. Syphilis qui se décèle après plusieurs années et qui est caractérisée par des anomalies dentaires, une kératite, une surdité labyrinthique et des troubles de l'ossification (notamment de la voûte du palais et des os du nez). Les hydarthroses syphilitiques sont rares (...) c'est la syphilis congénitale tardive qui est responsable du plus grand nombre de cas (Ravault, Vignon,Rhumatol.,1956,p. 538). Rem. La syphilis congénitale a longtemps été dénommée syphilis héréditaire avant qu'on la considère comme une syphilis acquise (v. hérédo-syphilis s.v. hérédo- I). ♦ Syphilis nerveuse. Atteinte syphilitique du système nerveux central. L'œuvre de Fournier sur la syphilis nerveuse devait être tout d'abord complétée grâce aux acquisitions du début du siècle sur la cytologie et la biologie du liquide céphalo-rachidien. Ces acquisitions (...) ont éclairé non seulement l'étude de la syphilis nerveuse, mais encore celle de la thérapeutique antisyphilitique en général (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 124). ♦ Syphilis cérébrale. Syphilis localisée aux méninges et aux vaisseaux du cerveau. [La] paralysie générale. C'est la plus fréquente et la plus grave des syphilis cérébrales. (...) Le tréponème qui est le germe responsable de la syphilis a été mis en évidence au niveau de l'écorce cérébrale des sujets atteints de paralysie générale(Quillet Méd.1965, p. 355). ♦ Syphilis sérologique. Syphilis qui se manifeste par une réaction sérologique positive, en l'absence de tout symptôme (Méd. Biol. t. 3 1972). − [Suivi d'un adj. précisant le stade de la maladie] Syphilis primaire. ,,Stade initial de l'infection syphilitique qui se manifeste cliniquement par l'apparition d'un chancre primaire induré`` (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972). Syphilis secondaire. ,,Stade de l'infection syphilitique dû à la dissémination du tréponème dans l'organisme par voie sanguine et lymphatique et qui se traduit essentiellement par des lésions cutanéo-muqueuses superficielles de courte durée`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Syphilis tertiaire. Stade de l'infection syphilitique caractérisé par l'apparition, après une période de latence, par des lésions cutanées (gommes dermiques, tubercules, etc.), des lésions muqueuses (à prédominance buccale), des lésions viscérales (en particulier cardio-vasculaire) et des atteintes du système nerveux (tabès, paralysie générale) (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972). Rem. Les conceptions épidémiologiques modernes ont conduit à une nouvelle classification: a) Syphilis récente, précoce. ,,Syphilis considérée pendant les deux premières années de son évolution`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Cliniquement la syphilis récente peut présenter successivement les manifestations de la syphilis primaire et de la syphilis secondaire, ou uniquement celles de l'un de ces deux stades (ibid.). b) Syphilis tardive. Syphilis évoluant au-delà de deux ans et correspondant à la fin de la syphilis secondaire et à la syphilis tertiaire. Certains cas de syphilis tardive symptomatique (gomme, syphilis cutanée tertiaire, tabès non traité) peuvent comporter un liquide céphalo-rachidien (ibid.). REM. 1. Syphilomanie, subst. fém.,méd. Synon. de syphilophobie.Déjà, au début du XIXesiècle, les médecins déploraient la « syphilomanie » de certains malades (Cl. Quétel, Le Mal de Naples, Hist. de la syphilis, 1986, p. 185). 2. Syphilophobe, subst.,méd. Personne obsédée par la crainte morbide d'être atteint de la syphilis. Ce « syphilophobe » qui depuis vingt-six ans se cautérisait chaque jour lèvres, langue, gorge et nez au nitrate d'argent (Cl. Quétel, Le Mal de Naples, Hist. de la syphilis, 1986, p. 186). 3. Syphilidophobie ou syphilophobie, subst. fém.,méd. Crainte obsessionnelle et morbide de la syphilis. Synon. syphilomanie.Je veux bien que la « siphilido-phobie » soit une crainte déguisée de la souillure morale, que la phobie de la pau-vreté soit, déguisée toujours, la crainte de n'être pas aimé (belle et profonde expli-cation) (Green, Journal, 1943, p. 65). 4. Syphiloïde, adj. et subst.a) Qui a l'aspect de la syphilis. Lésion syphiloïde. (Ds Garnier-Del. 1989). b) Subst. fém. Éruption cutanée rappelant par son aspect celle de la syphilis, mais indépendante de cette maladie (Ds Garnier-Del. 1989). Prononc. et Orth.: [sifilis]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1659 syphilis, siphilis (Lettre de Guy Patin ds FEW t. 11, p. 653b-654a, note 1). Empr. au lat. de la Renaissancesyphilis, mot créé par l'humaniste ital. Fracastoro de Vérone qui a publié en 1530 un poème intitulé Syphilidis seu morbi gallici libri tres. L'opinion la plus répandue veut que la syphilis soit une maladie d'orig. amér., apparue à la fin du xves. Sa première et importante diffusion a eu lieu parmi les soldats de Charles VIII qui assiégeaient Naples (1494), d'où le nom de mal de Naples sous lequel elle fut connue en fr. (v. FEW t. 7, p. 9, s.v. Naples; grayne de Naples, 1496, André de La Vigne, Mystère Saint Martin, éd. A. Duplat, 2269; malle grayne, id., 63; aussi appelée bubon, pouplain). Les rivalités pol. aidant, chaque peuple a accusé un voisin de lui avoir transmis ce fléau: cf. esp. el mal francés, ital. il mal francese, all. die Franzosen, angl. the French disease (dès 1503, the Frenche pox, v. NED). Pour célébrer la découverte du remède tiré de la plante médicinale appelée le gaïac, Fracastoro raconte l'aventure du jeune berger amér. Syphilus qui entraîne le peuple à la révolte contre le dieu du soleil. Apollon se venge en le frappant ainsi que tout son peuple d'un mal redoutable dont la nymphe Ammerica leur donnera le remède (le gaïac). Fracastoro a puisé chez Ovide le nom de son berger et le thème de la vengeance d'Apollon: Sipylus est, chez Ovide, Métamorphoses, VI, 231, le nom du fils aîné de Niobé, qui est né près du mont Sipylus en Lydie. Qq. mss d'Ovide portent la var. siphylus, d'où Fracastoro aurait tiré Syphilus, nom du jeune berger amér. Syphilis est non seulement le titre du poème mais aussi le nom de la maladie même, et a été formé p. anal., avec Aeneis, Thebais, etc. pour désigner le « poème de Syphilus », tout comme Aeneis est le poème d'Enée. (FEW t. 11, p. 653). Fréq. abs. littér.: 59. DÉR. 1. Syphilide, subst. fém.,pathol. Lésion cutanée (à l'exception du chancre) ou muqueuse de la syphilis secondaire et/ou tertiaire, présentant l'aspect d'une tache, d'une élevure purulente ou non. Syphilide bulbeuse, maculeuse, papuleuse, pustuleuse, secondaire, tertiaire. Pour mieux examiner Pécuchet, il lui souleva sa casquette − et apercevant un front couvert de plaques cuivrées: − Ah! ah! fructus belli! − ce sont des syphilides, mon bonhomme! soignez-vous! diable! ne badinons pas avec l'amour (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 87).Au cours de la syphilis secondaire, il est tout à fait ordinaire de constater des syphilides pigmentaires cervicales (Josué, Godlewski dsNouv. Traité Méd.fasc. 81925, p. 355).− [sifilid]. − 1resattest. 1818 syphilide pustuleuse merisée (Alibert, Précis sur les maladies de la peau, t. 2, p. 222), 1830 syphilide papuleuse (Encyclop. méthod. Méd., s.v. syphilis); de syphilis, suff. -ide*. 2. Syphiloïde, adj. et subst.a) Qui a l'aspect de la syphilis. Lésion syphiloïde. (Ds Garnier-Del. 1989). b) Subst. fém. Éruption cutanée rappelant par son aspect celle de la syphilis, mais indépendante de cette maladie (Ds Garnier-Del. 1989). 3. Syphilome, subst. masc.,pathol. Tumeur d'origine syphilitique. Syphilome diffus. Le syphilome (...) est (...) encore désigné sous le nom de gomme syphilitique (Quillet Méd.1965,p. 341).Syphilome primaire. Chancre induré. Des tréponèmes (...) pullullent (...) dans toute l'étendue du syphilome primaire (Bory dsNouv. Traité Méd.fasc. 5, 11924, p. 46).− [sifilo:m], [-ɔm]. Lar. Lang. fr. [o:], Rob. 1985 [o:] ou [ɔ]. − 1reattest. 1865 (Littré-Robin); formé de syphilis et de -ome1*. BBG. − Migl. Nome propr. 1968 [1927], p. 174. − Quem. DDL t. 21 (s.v. syphilide et syphilome). − Spitzer (L.). Nazi, syphilis, syphilitique. Mod. Lang. Notes. 1936, t. 51, p. 35. |