| SYNTAXE, subst. fém. I. − [La syntaxe comme étude, analyse] A. − GRAMM., LING. 1. GRAMM. Partie de la grammaire traditionnelle qui étudie les relations entre les mots constituant une proposition ou une phrase, leurs combinaisons, et les règles qui président à ces relations, à ces combinaisons. Faute de syntaxe; étudier la syntaxe; syntaxe de l'adjectif, du nom. Nous connaissons (...) les élémens de tout discours, pris chacun en particulier. Il nous reste à examiner les moyens par lesquels on les lie entr'eux, et les lois qui président à cette réunion. C'est l'objet de la syntaxe (Destutt De Tr., Idéol. 2, 1803, p. 166).J'ai appris lentement la grammaire. On m'a exercé à la syntaxe. On a éveillé mes sentiments. Et voilà brusquement qu'un poème me frappe au cœur (Saint-Exup.Pilote guerre, 1942, p. 295).V. morphologie ex. 2. 2. LINGUISTIQUE ♦ Syntaxe (structurale). Étude, analyse descriptive appliquée à un ensemble d'énoncés et fondée sur des critères explicites (distributions et/ou oppositions; constituants immédiats), permettant de déterminer les unités qui composent les énoncés et d'établir les relations hiérarchiques que ces unités entretiennent entre elles. La syntaxe structurale peut se caractériser par un triple refus: refus des ellipses, refus des considérations sémantiques, refus de distinguer entre la syntaxe et la morphologie (...). Par une suite d'opérations, l'analyse permet de dégager les unités qui composent les énoncés et les relations hiérarchiques que ces unités entretiennent entre elles (D. D. L.1976). ♦ Syntaxe (générative). Partie générative de la grammaire, constituée d'une base donnant les structures profondes des phrases et des transformations donnant les structures superficielles, qui a pour fonction d'engendrer selon des règles formelles toutes les suites de morphèmes considérées comme grammaticales dans une langue donnée et elles seules. Synon. composante syntaxique (v. ce mot infra dér.).La syntaxe générative intègre certains aspects de la syntaxe structurale, mais elle prétend à la fois résoudre les difficultés auxquelles se heurtait la syntaxe structurale et rendre compte du fait que tout sujet parlant peut émettre ou comprendre un nombre indéfini d'énoncés, même s'il ne les a jamais prononcés ou entendus (D. D. L.1976). 3. P. méton. Ouvrage, manuel de syntaxe. Une syntaxe de l'allemand. Suis entré chez Picard acheter la Syntaxe de Haase et un Cabanis d'occasion dans lequel je me suis plongé en rentrant (Gide, Journal, 1905, p. 183). B. − P. anal. 1. INFORMAT. Ensemble des règles précisant la manière d'écrire et/ou de disposer les informations. La syntaxe d'un langage de programmation règle l'écriture et la disposition des instructions dans ce langage; celle d'un langage machine règle la disposition des différents éléments de code dans les mots machine (MorvanInformat.1981). 2. LOG. [Dans un lang. formalisé; p. oppos. à la sémantique] Ensemble des règles de construction des expressions bien formées, et des règles de déduction opérant à partir des axiomes. La logique est (...) conduite à établir la syntaxe d'adverbes comme toujours et quelquefois, et des adjectifs correspondants tous et quelque, respectivement en connexion avec et et avec ou. Ces locutions interviennent très souvent, beaucoup plus fréquemment même que les premiers logiciens scientifiques s'en étaient rendu compte (Gds cour. pensée math., 1948, p. 356). II. − [La syntaxe comme relations effectives] A. − Ensemble de combinaisons, de relations qui existent effectivement entre les unités linguistiques soit dans la langue considérée comme système abstrait, soit concrètement dans le discours, et qui font que ces unités peuvent constituer un énoncé. Une langue est un produit de l'usage. Rien, ni dans le vocabulaire ni même dans la syntaxe, ne vient de la nature (Bergson, Deux sources, 1932, p. 23): 1. Il est impossible au français, avec son vocabulaire et sa syntaxe analytique jusqu'à l'excès, tout en clartés et en finesses, non seulement de penser, mais d'être ouvert aux choses de la même manière que l'anglais, avec sa langue pratique, directe, qui donne le pas au présent et aux termes d'actions, ou que l'allemand avec son instrument puissant et ténébreux maintenant toujours le lien de l'esprit à l'instinct.
Mounier, Traité caract., 1946, p. 111. ♦ Syntaxe narrative (de surface). ,,Instance du parcours génératif, obtenue, à l'aide d'un ensemble de procédures (formulables en règles), à partir de la syntaxe fondamentale`` (Greimas-Courtés 1979). ♦ Syntaxe textuelle. ,,Ensemble des procédures de textualisation (c'est-à-dire de la mise en texte du discours)`` (Greimas-Courtés 1979). − [Constr. avec un compl. prép. de ou un adj. désignant un aut.] Syntaxe gidienne; syntaxe de Zola. La syntaxe de Mallarmé est un jeu tout personnel au poète, qui ne comportait aucune influence, aucune action (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 16). B. − P. ext. Ensemble de relations existant entre des éléments signifiants organisés en système. Voilà de la syntaxe wagnérienne, voilà des retards, des appogiatures, des septièmes et des neuvièmes (Boschot, Mus. et vie, 1931, p. 108): 2. Gauguin: Sûreté harmonique. Il saisit les accords, il distingue, quoique grandement distants... la verdure d'un érable combler l'accord proposé par un pin. Voici le monde et l'enchevêtrement de ses causes, c'est-à-dire la combinaison de ses couleurs, la composition de ses nuances. Voici le monde par cette syntaxe de la lumière toujours primitif et éblouissant.
Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 379. C. − SÉMIOT. [Dans le cadre de la sémiot. class. de Ch.-W. Morris, et p. oppos. aux deux autres composantes de celle-ci, la sémantique et la pragmatique] Ensemble de relations, de combinaisons de signes entre eux. P. méton. Étude de ces relations, de ces combinaisons (d'apr. Rey Sémiot. 1979). III. − Région. (Québec), ÉDUC., SCOLARITÉ. Deuxième classe du cours classique, dont l'objet est la connaissance parfaite des rudiments et la connaissance élémentaire de la syntaxe (d'apr. Éduc. 1979). Prononc. et Orth.: [sε
̃taks]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1572 sintaxe (La Rame, Gramm., p. 125 ds Gdf. Compl.: Que est ce doncques que sintaxe? C'est la seconde partie de grammaire, qui enseigne le bastiment des mots entre eulx par leurs proprietes); 1718 syntaxe (Ac.: Syntaxe, Signifie aussi, Le livre qui comprend ces regles). Empr. au b. lat. gramm.syntaxis, -is « ordre (arrangement) des mots » vies. ds Gaff. et en lat. médiév. au sens de « livre de grammaire » 1271 ds Latham du gr. σ
υ
́
ν
τ
α
ξ
ι
ς « mise en ordre, disposition » d'où « composition, ouvrage », « construction grammaticale », de σ
υ
ν
τ
α
́
σ
σ
ω « arranger », comp. de σ
υ
́
ν « avec » et τ
α
́
σ
σ
ω « ranger ». Fréq. abs. littér.: 201. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 239, b) 182; xxes.: a) 254, b) 399. DÉR. Syntaxique, adj.a) De la syntaxe, relatif aux relations entre unités linguistiques, aux règles qui les régissent. Synon. syntactique (v. ce mot I rem.).Analyse syntaxique; construction, forme, procédé, structure syntaxique; fait, fonction, opération syntaxique. L'influence de Mallarmé est sensible, mais uniquement au point de vue syntaxique (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 168).Pas de langue moins musicale que la sienne [de Saint-Simon], ni moins soucieuse de correction grammaticale ou syntaxique; tout, chez lui, cède au mouvement de la passion, de la pensée (Gide, Journal, 1943, p. 252).V. amphibolie ex. 2 et grammatical ex. 1.Gramm. générative. Composante syntaxique. Synon. de syntaxe (générative) (d'apr. Ling. 1973).b) Log. Système syntaxique. Système de règles formelles caractérisant un langage sans que soit fait référence à la signification ni aux usages (d'apr. GDEL). − [sε
̃taksik]. Att. ds Ac. dep. 1835. − 1reattest. 1819 (Boiste qui cite Lemare); de syntaxe, suff. -ique*. Cf. syntactique. − Fréq. abs. littér.: 29. BBG. − Antoine (G.). La Coordination en fr. Paris, 1959-1962, pp. 21-36, 42-60. − Blumenthal 1980. − Bureau (C.). Syntaxe fonctionnelle du fr. Québec, 1979, 248 p. − Chomsky (N.). Aspects de la théorie syntaxique. Trad. par J.-C. Milner. Paris, 1971, 288 p.; Struct. syntaxiques. Paris, 1979, 148 p. − Corbeil (J.-Cl.). Les Struct. syntaxiques du fr. mod. Paris, 1968, 199 p. − Dubois (J.), Dubois-Charlier (Fr.). Élém. de ling. fr. Syntaxe. Paris, 1970, 296 p. − Gougenheim (G.). La Syntaxe fr. Fr. mod. 1934, t. 2, pp. 33-56. − Guiraud (P.). La Syntaxe du fr. Paris, 1962, 128 p. − Henry 1960. − Kayne (R. S.). Syntaxe du fr. Paris, 1977, 448 p. − Lang. fr. 1978, no39 (Études de syntaxe fr.), dir. par M. Gross et C. Leclère. − Le Bidois (G. et R.). Syntaxe du fr. mod. Paris, 1935-1938, 2 vol. − Martinet (A.). Studies in fonctional syntax. München 1975, 276 p. − Sandfeld (K.). Syntaxe du fr. contemp. Paris, 1928, t. 1; 1936, t. 2, 1944, t. 3. − Tamine (J.). Introd. à la syntaxe. Inform. gramm. 1983, no18, pp. 36-39; 1984, no19, pp. 43-47; no21, pp. 34-37; no22, pp. 39-42; no23, pp. 41-44; 1985, no24, pp. 44-47; no25, pp. 41-43, ... − Tesnière (L.). Élém. de syntaxe struct. Paris, 1959, 670 p. − Warnant (L.). Struct. syntaxique du fr. Paris, 1982, 358 p. − Wartburg (W. von), Zumthor (P.). Précis de syntaxe du fr. contemp. Berne, 1858, 400 p. |