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SURMONTER, verbe
A. − Empl. trans.
1.
a) Franchir un obstacle matériel en l'escaladant, en passant par dessus. Nous approchons maintenant du grand surplomb; nous espérons qu'il est creux et que nous pourrons le surmonter par l'intérieur (La Montagne, mars 1935, no267, p. 90 ds Quem. DDL t. 27).
b) Au fig.
Vaincre ce qui fait obstacle à la volonté d'agir, à la réalisation d'un objectif. Synon. triompher de, venir à bout de.Surmonter les difficultés, la fatigue, un handicap, une maladie. « Allons! » dit le martyr. Et surmontant les douleurs du corps par la force de l'âme, il franchit le seuil du cachot (Chateaubr., Martyrs, t. 3, 1810, p. 228).Pour atteindre le prodigieux essor qu'elle connaît de nos jours, la chirurgie a dû, peu à peu, surmonter les quatre obstacles auxquels elle se heurtait: la douleur, l'hémorragie, l'infection, le choc opératoire (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 780).
Vaincre une réaction impulsive, un sentiment qui met en cause la maîtrise de soi. Synon. dominer, dompter.Surmonter son aversion, son chagrin, sa crainte, sa peur, sa répugnance. Elle sortit, le cœur déchiré, impuissante à surmonter son accablement (Reider, MlleVallantin, 1862, p. 199):
J'ai lutté contre tout ce qui t'entourait et m'était hostile. J'ai surmonté l'affreux dégoût que me donnait ta maison et ceux qui l'habitent. Tout cela pour te voir et vivre de ta présence. La Présence, la présence! chose divine et bienfaisante. Vigny, Journal poète, 1838, p. 1101.
Empl. pronom. réfl. Rester maître de soi, dominer une réaction impulsive. Synon. se dominer, se maîtriser.Je suis passé non seulement à l'indifférence, mais même au dégoût pour tout ce qui fait, dit-on, le charme de ce séjour. Mais il faut se surmonter et aller là où la fortune donne rendez-vous à ses prétendants (M. de Guérin, Corresp., 1834, p. 126).À présent, il a trop à faire de lutter contre soi-même, de se surmonter. En se surmontant, il fait mieux que persuader ou séduire; il conquiert (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 137).
Vieilli. Se montrer supérieur, l'emporter sur. Synon. dominer, surpasser, vaincre.Il a surmonté tous ses concurrents (Ac.1935).Le scandale de ce procès surmonta cependant quelques jours l'intérêt prodigieux des dernières élections (Balzac, Splend. et mis., 1846, p. 357).
2.
a) Vieilli. [Le suj. désigne une pers.] Être plus haut que. Synon. dominer.Adario, surmontant de la tête ces deux femmes, et les serrant contre sa poitrine (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 405).
b) [Le suj. désigne une chose] Être fixé au sommet d'une chose, être situé au-dessus de quelque chose. Elle était habillée de rose, coiffée d'un chapeau de paille à larges bords surmonté d'une plume à la mousquetaire (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 509).Un agriculteur du Nevada demanda qu'on lui reconnaisse la propriété des nuages qui surmontent ses champs, donc le droit de provoquer la condensation de leurs eaux (Meynier, Paysages agraires, 1958, p. 100).
BLAS. Pièce surmontée. ,,Pièce accompagnée en chef d'une autre qui ne la touche pas`` (Ac. 1935). Au chevron d'or surmonté d'une étoile (Ac.1935).
c) Rare, empl. pronom. à sens passif (usuel être surmonté de). Avoir à son sommet. L'entablement [de l'église Saint-Laurent à Rome] se surmonte d'une large cimaise dans laquelle de nombreuses têtes de lion, perforées et espacées également, jetaient dehors les eaux du toit (Lenoir, Archit. monast., 1852, p. 125).La toilette anglaise est une table dont le dessus, garni d'un rebord, est en marbre, et se surmonte d'une étagère (Lar. mén.1926, p. 1168).
B. − Empl. intrans., JEUX DE CARTES. Monter sur la carte d'un joueur qui a lui-même monté. (Dict. xxes.).
REM.
Surmontable, adj.Qui peut être surmonté. Anton. insurmontable.Difficulté, obstacle surmontable. Toute langueur qui ne vient que d'un climat, je la sais pour moi aisément surmontable dès que (...) mon esprit travaille (Du Bos, Journal, 1926, p. 82).
Prononc. et Orth.: [syʀmɔ ̃te], (il) surmonte [-mɔ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1121-34 surmunter « vaincre, dominer (par exemple un adversaire) » (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1337); b) 1er quart xiiies. soi sormonter (Reclus de Molliens , Charité, éd. Van Hamel, 231, 7); 2. a) 1121-34 « se placer au-dessus de » (au fig.) (Philippe de Thaon, op. cit., 2682); b) 1671 hérald. surmonté (Pomey); 3. a) ca 1145 sormonter (qqn de qqc.) « surpasser (quelqu'un en quelque chose) » (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1203); b) 1316-28 sormonter qqn en qqc. (Ovide moralisé, IV, 1543, éd. C. de Boer, t. 2, p. 45). Dér. de monter*; préf. sur-*. Fréq. abs. littér.: 1 902. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 869, b) 2 523; xxes.: a) 2 055, b) 3 049.