| SURINTENDANT, subst. masc. A. − 1. HIST. [Titre de l'administrateur en chef d'un service ou d'un domaine d'activité] Le gouvernement de Louis XIV était donc dans le vrai, à son point de vue, en établissant l'Académie des beaux-arts; car il admettait qu'il y eût une architecture officielle, et la preuve, c'est que tous les projets de bâtiments qui s'élevaient sur la surface du royaume, étaient soumis à l'examen du surintendant Lebrun (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 149). − En partic. ♦ Surintendant général des Bâtiments du roi. [Titre de l'administrateur des palais royaux] La solution pratique du problème est due à Colbert. Dès 1662, le surintendant des bâtiments avait acheté sur les bords de la Bièvre l'hôtel des frères Gobelins, teinturiers en écarlate, et des terrains attenants. Il avait fait construire des bâtiments et réuni des artistes (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 70). ♦ Surintendant général de la Navigation. [Titre, de 1627 à 1669, du grand amiral de la flotte royale] En 1626, Louis XIII, supprimant la charge d'Amiral de France qui existait depuis le XIVesiècle, institua celle de « Grand Maître, Chef et Surintendant général de la Navigation et Commerce de France » qu'il confia à Richelieu (M. Benoist, Pettier, Transp. mar., 1961, p. 150). ♦ Surintendant des Beaux-Arts. [Titre, sous le Second Empire, du ministre chargé des Beaux-Arts] Je l'ai rencontré promenant dans les salons du surintendant des Beaux-Arts l'échine courbe d'un mendiant de places (Goncourt, Journal, 1889, p. 1082). ♦ Surintendant général des Finances. [Titre porté par le responsable suprême des finances du royaume, jusqu'en 1661] (Dict. xixeet xxes.). 2. RELIG., vx. Dans certaines Églises réformées, pasteur qui exerce une autorité de présidence dans une circonscription ecclésiastique. Les rabbins juifs, les ministres protestants, les surintendants des églises luthériennes (Bern. de St-P., Chaum. ind., 1791, p. 69). B. − Vieilli. Personne chargée de la gestion d'une maison, d'un établissement. La chère Suzanne à nous, chargée de toute la confiance, sera notre surintendant, commandera la domesticité, aura la grande main sur tout (Beaumarchais,
Œuvres compl., t. 2, Théâtre, La Mère coupable, Paris, L. Collin, 1809 [1797], I, 4, p. 346). Prononc. et Orth.: [syʀ
ε
̃tɑ
̃dɑ
̃]. Att. ds Ac. dep 1694. Étymol. et Hist. 1. 1556 hist. anc. « chef » surintendant au faict des guerres de l'empire [en parlant d'Aetius] (Deux livres de Paul Aemyle, trad. S. de Monthiers, 4 b d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 169); 2. a) 1569 surintendant en la justice de la province et gouvernement d'Orléans (G. Hanotaux, Les 1ersintendants de justice ds R. hist. t. 19, 1882, p. 15, note 1); b) 1588, 14 juill. general surintendant et controlleur des deniers communs (ds A. Thierry, Monuments de l'hist. du Tiers États, t. 4, 1870, p. 453); 1606 surintendant des finances du Roy; des bastiments (Nicot). Issu, par substitution du préf. sur-*, de superintendant (fin xives. d'apr. Bl.-W.1-5; 1501 « régisseur » superintendant du Jeu, G. Cohen, Livre de conduite du régisseur, Strasbourg, 1924, p. XXII; v. aussi Id., Hist. de la mise en scène dans le théâtre relig., 2eéd. 1951, p. 164 et 169; 1555, juin superintendant sur le fait et administration des deniers communs, Édit ds Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 13, p. 448) empr. au subst. b. lat. superintendens empl. à propos d'un évêque [traduisant ε
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ς] (St Jérôme et St Augustin ds Du Cange). Fréq. abs. littér.: 41. |