| * Dans l'article "SUPPLIER,, verbe trans." SUPPLIER, verbe trans. A. − Prier quelqu'un instamment, avec humilité en demandant une grâce. Synon. adjurer, conjurer1, implorer.Supplier qqn du regard; supplier qqn à (deux) genoux, à mains jointes. Le vieux prêtre (...) s'agenouillait (...), suppliant le Très-Haut pour cette morte (...), implorant le pardon de la faute suprême qu'elle avait commise (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 287).Mon Dieu, je Vous supplie pour mon fils Rodrigue! Je n'ai pas d'autre enfant, ô mon Dieu (Claudel, Soulier, 1944, 1repart., 1rejournée, 1, p. 944). − Empl. abs. Quand il t'a eu montré son revolver, l'officier, tu t'es jeté à genoux, tu as supplié hein?... Tu criais... je ne sais pas moi: « Pardon! Ne me tuez pas! » Hein, tu te rappelles? (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 176).V. conjurer B 2 ex. de Gobineau. − [L'obj. de la supplication est exprimé] ♦ Supplier qqn de + inf.Je tombai à ses genoux, je joignis les mains, je le suppliai par Jésus-Christ de m'épargner: il demeura sourd à mes prières (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 82).V. adjurer ex. 1, 4. SYNT. Supplier qqn d'accepter, d'accorder, de consentir à, de croire, de dire, de donner, d'écouter, d'envoyer, d'épargner, de (laisser) faire, de pardonner, de permettre qqc.; supplier qqn de rester (avec qqn), de venir. ♦ Plus rare. Supplier qqn que + complét. au subj.[Les] soldats, en pays ennemis, qui, malades ou blessés, supplient qu'on les achève, plutôt que de languir abandonnés (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 973). ♦ [Avec un propos au discours dir.] Des femmes (...) se jetaient en larmes aux genoux des soldats (...), leur embrassaient les mains, gémissaient, suppliaient: − Mon fils, ma fille, par pitié, laissez-moi mon enfant (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 224). B. − P. exagér. Demander instamment. Vainement, elle le supplia de ses grands yeux tendres, elle lui tendit ses bras divins: il eut l'extraordinaire force de s'en aller (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 265). − Empl. abs., vieilli. [J'ai fait un dessin] qui représente Homère attardé au bord de la mer et demandant l'hospitalité à la femme d'un pêcheur. Le poète a envoyé son conducteur pour supplier avec le rameau d'usage (Delécluze, Journal, 1825, p. 165). − [L'obj. de la supplication est exprimé] ♦ Supplier qqn de + inf.MlleVerdure avait été chercher un châle dont on me supplia de couvrir mes épaules, parce que j'étais encore en sueur et que je risquais de prendre mal (Gide, Isabelle, 1911, p. 641). ♦ Plus rare. Supplier qqn que + complét. au subj.Thomas, fatigué (...), suppliait les gens qu'on le laissât tranquille (Queffélec, Recteur, 1944, p. 228). ♦ [Avec un propos au discours dir., en incise] La concierge levait (...) les bras, comme pour demander grâce: − Ah! monsieur Sulphart, suppliait-elle, ne me racontez plus de ces histoires de tranchées, on en a les oreilles rebattues (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 311). REM. 1. Supplicateur, -trice, adj.[Corresp. à supra B] Qui supplie. Un (...) regard, inconsciemment supplicateur, qui tâchait de la forcer à faire attention à moi, à me connaître! (Proust, Swann, 1913, p. 141). 2. Supplicatoire, adj.Qui concerne les supplications. Pourvu que ce soit assuré de ton bon droit Que tu te tiennes ainsi à notre foyer, embrassant cette statue, Suivant le rite supplicatoire, tel qu'Ixion l'a fixé (Claudel, Euménides, 1920, II, p. 963). Prononc. et Orth.: [syplije], (il) supplie [-pli]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 sosploier (qqn) « prier (quelqu'un) avec une très grande insistance » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 4390: Blandir et losangier estuet Et sosploier, qui mes ne puet); 1349 supplier a (Dieu) que (Guillaume de Machaut, Le Lay de Plour, 2 ds
Œuvres, éd. E. Hoepffner, t. 1, p. 291, 207); 2. 1377 supplier a (qqn) que « demander avec insistance à (quelqu'un) que » (Id., Les Balades notees, XXXII ds Poésies lyriques, éd. V. Chichmaref, t. 2, p. 557); id. supplier (qqn) que (Id., ibid., XLV, p. 564); 1417 supplier a (qqn) de (Nicolas de Baye, Journal, éd. A. Tuetey, t. 2, p. 276); déb. xvies. supplier (qqn) de (R.de Collerye, Complaincte de l'infortuné ds
Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 166). Du lat. supplicare « se prosterner; prier; implorer »; la graphie sup- est due à une réfection d'apr. le lat. Voir FEW t. 12, p. 448 et 449b. Fréq. abs. littér.: 2 781. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 642, b) 4 039; xxes.: a) 5 038, b) 3 521. Bbg. Jessen (H.). Pragmatische Aspekte lexicalischer Semantik. Tübingen, 1979, p. 45, 54, 71, 106, 144. − Landin (E.). Ét. sur les constr. de certains verbes exprimant la prière, la hâte et la nécessité en fr. Thèse, Uppsala, 1938, pp. 65-76. − Ludi (G.). Die Alternanz zwischen Dativ und Akkusativ bei prier, supplier, requérir im 15. und 16. Jahrhundert. Vox rom. 1978, t. 37, pp. 160-192. |