| * Dans l'article "SUPERPOSER,, verbe trans." SUPERPOSER, verbe trans. [En parlant de choses concr. ou abstr.] A. − Placer, poser, disposer des choses l'une au-dessus de l'autre ou l'une sur l'autre. Les lits n'ont pas de traversin, mais deux oreillers plats que l'on superpose; ils sont généralement fort durs, quoique la laine en soit bonne (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 36). − Empl. pronom. Les vieux récits épiques (...) les retouches théocratiques, les remaniements sacerdotaux, se superposent quelquefois dans le même paragraphe [de la Bible] (Renan, Hist. Isr., t. 1, 1887, p. xix).On ne trouvait jamais les maisons assez hautes; on les surélevait sans cesse et l'on en construisait de trente à quarante étages, où se superposaient bureaux, magasins, comptoirs de banques, sièges de sociétés (A. France, Île ping., 1908, p. 420). − GÉOM. Disposer une figure sur une autre pour en démontrer l'égalité. Je sens confusément que mon imagination transporte le réchaud d'aujourd'hui sur celui d'hier, la casserole sur la casserole, l'eau sur l'eau, la durée qui s'écoule sur la durée qui s'écoule, et que le reste paraît dès lors devoir coïncider aussi, par la même raison qui fait que les troisièmes côtés de deux triangles qu'on superpose coïncident si les deux premiers coïncident déjà ensemble (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 216). ♦ Empl. pronom. Traçons sur une feuille de papier un carré, puis à côté, et se superposant partiellement avec lui si on le veut, un second carré orienté comme le premier; puis contemplons la figure sans chercher à nous représenter tout à fait le second carré comme étant dans le même plan que le premier (Gds cour. pensée math., 1948, p. 133). B. − Superposer qqc. à qqc. 1. Faire correspondre plus ou moins étroitement. Il se comporte à peu près comme le mouvement, toujours le même, de la bande cinématographique, mouvement caché dans l'appareil et dont le rôle est de superposer l'une à l'autre les images successives pour imiter le mouvement de l'objet réel (Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 312).La grande barbouilleuse qu'est l'imagination superpose ainsi au monde primaire de la vision un monde secondaire de prestigieuses icones qui ouvre à l'ostentation une carrière pour ainsi dire infinie (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 13). − Empl. pronom. Dieu ne répond pas à l'appel? Tant pis, je ferai sans lui. Mais si pourtant − et les vieux doutes reviennent, plus forts (et je n'ai jamais eu ce qu'on appelle de la ferveur): si le monde intellectuel se superposait au monde matériel, avec toute une hiérarchie, des espèces, des lieux (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 271). 2. Ajouter à. Édifices! montez, et montez davantage. Superposez l'étage et l'étage à l'étage, Et le dôme aux cités (Hugo, Légende, t. 4, 1877, p. 535).Le vent superpose, à l'odeur du tabac blanc, l'odeur amère et froide des petites noix véreuses qui choient sur le gazon (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 74). − Empl. pronom. Je lus la majeure partie du livre de Van Wyck Brooks que m'avait prêté MmeChanler, et je goûtai, dans toute la suite de réflexions qui se superposa à la lecture, une activité et une lucidité d'esprit que je n'avais plus connues depuis longtemps (Du Bos, Journal, 1926, p. 44). Prononc. et Orth.: [sypε
ʀpoze], (il) superpose [-po:z]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1762 (Rousseau, Émile, p. 571: je les pose [les objets] l'un sur l'autre pour prononcer sur leur différence ou sur leur similitude, et généralement sur tous leurs raports. Selon moi la faculté distinctive de l'être actif ou intelligent est de pouvoir donner un sens à ce mot est. Je cherche en vain dans l'être purement sensitif cette force intelligente qui superpose et puis qui prononce, je ne la saurois voir dans sa nature); 1778 pronom. (Buffon, Des époques de la nature, p. 155). Comp. de l'élém. super-* et de poser* d'apr. le lat. superponere « placer, mettre quelque chose sur quelque chose ». Fréq. abs. littér.: 263. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 88, b) 229; xxes.: a) 402, b) 676. DÉR. Superposable, adj.a) [En parlant de deux ou plusieurs choses concr.] Que l'on peut superposer, placer l'un(e) au-dessus de l'autre. Lits superposables. b) [En parlant de choses abstr.] [Les événements historiques] peuvent se produire en des circonstances comparables, ils peuvent jouer dans la vie des peuples un rôle apparemment semblable, ils ne sont jamais identiques, jamais superposables (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 182).Superposable à. Les traits de la duchesse de Guermantes qui étaient épinglés dans ma vision de Combray, le nez en bec de faucon, les yeux perçants, semblaient avoir servi aussi à découper − dans un autre exemplaire analogue et mince d'une peau trop fine − la figure de Robert presque superposable à celle de sa tante (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 80).− [sypε
ʀpozabl̥]. − 1reattest. 1868 (Moigno, Physique moléculaire, p. 159 ds Quem. DDL t. 15); de superposer, suff. -able*. − Fréq. abs. littér.: 21. BBG. − Gohin 1903, p. 286. − Quem. DDL t. 28 (s.v. superposable). |