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SUCCÉDER, verbe
I. − Empl. trans. indir.
A. − [Le suj. désigne une pers.]
1. Venir à la suite, conformément à des règles établies.
a) Prendre la suite de quelqu'un dans un emploi, une charge, une dignité, une fonction. La hiérarchie commence: Lin succède à Pierre, Clément à Lin, et cette belle chaîne de pontifes, héritiers de l'autorité apostolique, ne s'interrompt plus pendant dix-huit siècles, et nous unit à Jésus-Christ (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 363).Charles le Téméraire, qui venait de succéder à son père, (...) voulait fondre en un bloc ses domaines faits de pièces et de morceaux, relier la Bourgogne aux Pays-Bas, soit par la Champagne, soit par la Lorraine (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 129).
Absol. Louis XVIII était mort (...). Charles X succédait sans orage (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 443).Il succéda sans être inquiété, ce semble, et régna seize années (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 437).
b) Vieilli. Parvenir à une dignité, une fonction, un titre après la personne qui en était titulaire. Succéder à la couronne, à l'empire, au royaume. Son fils devant succéder à la pairie de son grand-père, il pensa tout à coup à lui constituer un majorat (Balzac, Lys, 1836, p. 97).Quand Charles II mourut, laissant ses états à sa fille Isabelle et à son gendre René, un compétiteur surgit, Antoine de Vaudémont qui, soutenant que les femmes ne pouvaient succéder au duché de Lorraine, se présenta comme le plus proche héritier mâle. (Barrès, Cahiers, t. 8, 1910, p. 240.)
c) DROIT
α) Recueillir le patrimoine de quelqu'un par héritage.
Qqn succède à qqn.Votre fille (...) succède à sa mère, de qui vous ne pouvez pas hériter (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 210).
Qqn succède à qqc.Le père ou la mère survivant, a l'usufruit du tiers des biens auxquels il ne succède pas en propriété (Code civil, 1804, art. 754, p. 138).
β) Vieilli. Être habile à succéder (à qqn). ,,Être capable de succéder, être propre à succéder`` (Ac. 1798-1878). Si l'époux absent n'a point laissé de parens habiles à lui succéder, l'autre époux pourra demander l'envoi en possession provisoire des biens (Code civil, 1804, art. 140, p. 29).Absol. Vous oubliez que, chez nous, les femmes sont habiles à succéder, et que s'il arrivait quelque malheur au prince Édouard... (Dumas père, C. Howard, 1834, i, 1ertabl., 3, p. 215).Au fig., vx. ,,Être vif et alerte pour ses intérêts`` (Ac. 1798-1878).
2. Venir après.
a) Posséder la même charge, la même fonction (que quelqu'un); prendre la suite, la place de quelqu'un dans un commerce, une profession. En Gaule, la dynastie franque change; les Carlovingiens succèdent aux Mérovingiens (Guizot, Hist. civilis., leçon 3, 1828, p. 16).Le général Dentz lui succéda au banc des accusés (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 110).
b) Prendre la place d'un autre; remplacer quelqu'un dans le cœur, le crédit, la confiance de quelqu'un. M. Hulot (...) a mis bien du mystère à ses infidélités, car j'ignorais qu'il vous eût succédé dans le cœur de MlleJosépha (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 16).
B. − [Le suj. désigne qqc.] Venir après l'autre; être, venir à la suite.
1. Domaine temporel
a) [À la suite] Les premières années qui succèdent à la nubilité, sont quelquefois accompagnées d'une espèce d'explosion de talens de plusieurs genres (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 311).
Absol., rare. Moncornet a gardé assez tard ses seigneurs. La noblesse éteinte, et la bourgeoisie succédant, le prosaïsme s'est étendu sur ces ruines toujours imposantes (Michelet, Chemins Europe, 1874, p. 304).
b) [En alternance] La nuit succède au jour (Ac.1798-1935).Voilà comme les bons jours succèdent aux mauvais, le désespoir alterne avec la joie; souvent, quand on se croit près de périr tout à coup on est sauvé (Flaub., Tentation, 1849, p. 367).À la fleur succède le fruit qu'on mange, et au fruit, de nouveau les fleurs encore! (Claudel, Violaine, 1901, iv, p. 632).
2. Domaine spatial.En allant au Cap Nord, vous voyez les sapins succéder aux hêtres de la Baltique; après les sapins, d'immenses forêts de pins tapissées de mousse blanche (...). Le bouleau finit la marche des grands végétaux (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p. 24).Là finissaient les degrés de bois garnis de carreaux qui avaient succédé aux grandes marches de pierre des premiers étages (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 11).
II. − Empl. intrans. ou trans. indir., vx
A. −
1. Qqc. succède.Arriver, advenir, se produire. Les événements succèderont selon vos desseins; le peuple se joindra à la populace (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 493).Le médecin, ravi de voir les choses succédant au-delà de ses souhaits (...) accourut à Paris (Balzac, Rabouill., 1842, p. 256).
2. Qqc. succède à (qqn, aux désirs de qqn).Réussir, avoir une issue heureuse; donner satisfaction, répondre. Voyant que tout lui succédait, et que son pays était presque en entier rentré en obéissance, le comte alla mettre le siége devant la ville de Gand (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 1,1821-24,p. 210).(...) je demande à Dieu que tout succède à vos désirs.Oh! (...) ne parlez point ainsi (...). C'est souvent pour notre châtiment que Dieu contente nos désirs (A. France, Contes Tournebroche, Étrennes Mllede Doucine, 1908, p. 140).
B. − Rare. Qqn succède.Réussir, avoir du succès. Si j'ai souvent échoué dans mes entreprises, il y a eu chez moi faillance de destinée. Les étrangers qui ont succédé dans leurs desseins furent servis par la fortune (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 4).
III. − Empl. pronom.
A. − [Le suj. plur. désigne des animés] Venir après.
1. [À la suite] Les générations se succèdent environ tous les trente ans (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 252).L'Europe est la partie du monde où se sont succédé Chartres, Michel-Ange, Shakespeare, Rembrandt (Malraux, Conquér., 1949, postf., p. 169).
2. [Par succession] Se succéder de père en fils. Synon. se continuer, se perpétuer.Une dynastie de commis se succède à de longs intervalles (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 197).
3. [En alternance] Nous formions ainsi trois équipes qui se succédaient de six heures en six heures (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 17).
B. − [Le suj. plur. désigne des inanimés] Venir l'un après l'autre.
1. Domaine temporel.Se passer, se produire après; venir à la suite l'un de l'autre. Synon. se suivre.Les coups se succèdent sans s'enchaîner, sans que les premiers exercent aucune influence sur ceux qui les suivent (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p. 461):
Trois églises se sont succédé à Épernay. La première, une église romane, bâtie en 1037 par Thibaut Ier, comte de Champagne, fils d'Eudes II. La seconde, une église de la Renaissance, bâtie en 1540 par Pierre Strozzi, maréchal de France, seigneur d'Épernay (...). La troisième, l'église actuelle... Hugo, Rhin, 1842, p. 22.
2. Domaine spatial.Se trouver, être situé après; être à la suite l'un de l'autre. Les gras pâturages se succédaient l'un à l'autre (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 134).Aux rives les hameaux se succèdent pareils (Cros, Coffret santal, 1873, p. 38).
Prononc. et Orth.: [syksede], (il) succède [-sεd]. Ac. 1694, 1718: succeder; dep. 1740: succéder. Conjug., v. abréger. Étymol. et Hist. 1. a) 1258 « (en parlant de biens) revenir en héritage » (Trésor des Chartes du comté de Rethel, I, 294, 11 ds Runk, p. 18) − xvies. ds Hug.; b) 1340 absol. « recueillir un héritage » (Coutumes Lille, éd. Roisin, p. 360); 2. a) 1377 « avancer, passer » (Oresme, Ciel et Monde, éd. A. D. Menut, p. 290: nonobstant que en ce lieu pluseurs corps succedent un après l'autre); b) 1534 « venir ensuite » (Rabelais, Gargantua, éd. Calder, Screech, p. 46: la joye qui toust succederoit luy tolliroit tout cest ennuy); c) 1543 « arriver (d'événements) » (Amadis, IV, 36 ds Hug.); d) 1552 succeder a souhayt « se produire comme on le souhaite » (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, p. 122), succéder + loc. adv. ou adv. déterminant le caractère heureux, attendu ... de l'issue surtout au xvies., senti comme vieilli ds Ac. 1740; 3. a) 1403 « (d'une personne) prendre la succession de quelqu'un » (Trésor des chartes du Comté de Rethel, II, 492, 18 ds Runk., p. 11: le plus prochain qu'il eust, habile à succeder à luy); b) 1549 succéder (à qqn en qqc.) « réussir; être à la hauteur (de quelqu'un en quelque chose, ici dans le domaine des lettres et des sciences) » (Du Bellay, Deffence et Illustration, éd. H. Chamard, p. 56). Empr. au lat.succedere (de sub « sous » et cedere « aller, s'avancer ») littéral. « aller sous, s'avancer sous » d'où « venir à la place de, remplacer », à partir duquel le fr. a développé différentes accept. « aboutir à, avoir telle issue », spéc. « réussir »; v. aussi succès. Fréq. abs. littér.: 2 991. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 485, b) 4 222; xxes.: a) 3 865, b) 3 449. Bbg. Goosse (A.). Jeux du sing. et du plur. Mél. Pohl (J.). Bruxelles, 1980, pp. 100-101.