| SUBSTITUTION, subst. fém. A. − Action de mettre une chose ou une personne à la place d'une autre. Synon. remplacement. 1. [À propos de choses concr.] Une substitution de points d'appuis en fer à des points d'appuis en maçonnerie (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 89).La substitution de la vapeur à la voile pour la propulsion des navires (M. Benoist, Pettier, Transp. mar., 1961, p. 10). − Subst. + de substitution.Synon. de remplacement.Un produit de substitution. Il est certain que les produits étrangers et les matériaux de substitution seront dangereux pour les industries du bois si ce matériau garde ses prix trop élevés (Industr. fr. bois, 1955, p. 8). − Spécialement ♦ ANAT. ,,Remplacement d'un tissu par un autre tissu`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Substitution fibreuse, graisseuse. Substitution adipeuse des muscles (Littré-Robin1855). ♦ BIOL. ,,Accroissement progressif, au sein d'une espèce animale, du nombre des individus résultant d'une mutation, qui remplacent graduellement les autres individus`` (Méd. Biol. t. 3 1972). ♦ CHIM. ,,Remplacement, dans une combinaison, d'atomes ou de radicaux par d'autres sans changement de constitution`` (Duval 1959). Composé ou dérivé de substitution. ,,Composé obtenu dans l'opération précédente`` (Duval 1959). Le chloroforme est un dérivé de substitution chloré du méthane (Duval1959). ♦ ÉCON. Remplacement d'un produit par un autre qui s'opère lorsque des produits de qualité ou de propriété équivalentes baissent de prix, en évincent d'autres qui demeurent plus chers (d'apr. Baudhuin 1968). Le consommateur prend conscience des arbitrages possibles entre produits et des substitutions s'effectuent (Univers écon. et soc., 1960, p. 32-12).Taux marginal de substitution. Dans la théorie de la consommation le taux marginal de substitution entre deux biens est la relation entre la diminution de la consommation d'un bien et l'augmentation de la consommation d'un autre de telle manière que l'utilité du consommateur ne varie pas (Thinès-Lemp.1975). ♦ GÉOL. Substitution de couverture. ,,Remplacement de la couverture sédimentaire d'un socle dénudé tectoniquement par un autre matériel charrié qui, par son âge et sa nature, pourrait passer pour l'authentique couverture de ce socle`` (Fouc.-Raoult Géol. 1980). ♦ MUS. ,,Terme de technique pianistique: remplacement d'un doigt sur une touche abaissée par un autre doigt afin de rendre disponible le premier sans interrompre la note tenue`` (Mus. 1976). 2. [À propos de choses abstr.] La substitution du régime urbain à un régime villageois et cantonal fut, sur les bords de la Méditerranée, le chef-d'œuvre de la Grèce et de Rome (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 291): Ces deux réformes peuvent servir de précédents à la politique française des nationalisations. Elles en présentent les éléments essentiels: le transfert des biens qui sont soustraits à la propriété privée pour entrer sous une forme quelconque dans le domaine de cette collectivité; la substitution d'une gestion publique à une exploitation capitaliste.
Chenot, Entr. national., 1956, p. 13. − Spécialement ♦ HIST. MILIT. Substitution de numéro. ,,En termes d'administration militaire, action de présenter, lors du tirage pour le service militaire, un homme qui s'offre en place d'un homme tombé au sort`` (Littré). ♦ LING., LITT. LING. ,,Opération consistant à remplacer dans un énoncé un segment quelconque par un autre segment quelconque`` (Thinès-Lemp. 1975). Lorsque le remplacement produit un énoncé à la fois différent par son sens et accepté par les locuteurs, la substitution permet de conclure que les deux segments ont en commun l'appartenance à des classes paradigmatiques qu'il reste alors à définir (Thinès-Lemp.1975).Substitution d'une langue à une autre. Quand deux langues sont en contact, on désigne comme substitution d'une langue A à une langue B le fait que la langue A finit par être employée exclusivement, la langue B tombant dans l'oubli (Ling.1972).LITT. ,,Dans une formule attendue, cliché, syntagme figé, proverbe, citation, idée « reçue », on remplace certains lexèmes par d'autres, inverses, ou étonnants`` (Dupr. 1980). Substitution graphique, sonore; substitution des noms propres, d'idées, de personnages, d'action (Dupr. 1980). ♦ LOG., MATH., INFORMAT. LOG. Substitution d'un symbole σ'à un symbole σ dans un assemblage A. Assemblage A' obtenu à partir de A en remplaçant σ par σ' dans chacune de ses occurrences. On écrit A' = (σ'/σ) A (Bouvier-GeorgeMath.1979).MATH. ,,Remplacement d'un élément d'un ensemble par un autre. Dans une équation, remplacement de l'inconnue par sa valeur`` (Uv.-Chapman 1956). Méthode de substitution (Uv.-Chapman 1956). INFORMAT. ,,Opération permettant dans une chaîne de caractères, de remplacer un symbole ou un groupe de symboles par un autre symbole ou groupe de symboles`` (Luca Micro-informat. 1984). ♦ PSYCHANAL., PSYCHOL. PSYCHANAL. ,,Procédé qui consiste à remplacer une satisfaction visant à entraîner une réduction des tensions par une autre. Il s'agit le plus souvent d'une substitution symbolique. La formation des symptômes névrotiques est un exemple de ces formations substitutives`` (Porot 1975). PSYCHOL. Substitution des images. ,,Technique décrite par Pierre Janet (1898) et qui consiste à modifier un élément d'une image obsessionnelle de sorte que la relation entre le sujet et l'obsession soit violemment perturbée`` (Virel Psych. 1977). 3. [À propos de pers. ou d'animaux] L'adultère de la femme eut du même fait des conséquences d'une extraordinaire gravité: par la substitution possible d'un étranger à l'enfant légitime, les ancêtres se voyaient en effet privés des bénéfices du culte qu'ils ne pouvaient recevoir que de leurs descendants (Gaultier, Bovarysme, 1902, p. 147).Je lui racontais l'histoire de certaine substitution de personnes, dont je ne me serais pas aperçu, si Ghéon, qui y assistait, ne m'en avait pas avisé (Gide, Journal, 1924, p. 799). B. − DROIT 1. ,,Faculté pour un mandataire de se faire remplacer par un tiers de son choix pour la conclusion de l'acte ou des actes pour lesquels il a reçu pouvoir`` (Barr. 1974). − DR. ADMIN. Pouvoirs de substitution. ,,Possibilité pour les autorités de tutelle et les supérieurs hiérarchiques de prendre des décisions aux lieu et place de ceux à qui elles incombent et qui en restent cependant responsables`` (Barr. 1974). 2. ,,Disposition par laquelle un tiers est appelé à recueillir une libéralité à défaut d'une autre personne ou après elle`` (Barr. 1974). ♦ Substitution fidéicommissaire. ,,Disposition par laquelle l'auteur d'une libéralité charge la personne gratifiée de conserver toute sa vie les biens donnés ou légués pour les transmettre en mourant à une seconde personne qu'il désigne`` (Barr. 1974). Substitution vulgaire. ,,Disposition entre vifs ou testamentaire par laquelle le disposant désigne une seconde personne qui recueillera le don ou legs au cas où, pour une cause quelconque, le donateur ou légataire appelé en première ligne ne le recueillerait pas`` (Cap. 1936). La substitution vulgaire permise par la loi, se distingue de la substitution fidéicommissaire en ce sens que le second gratifié n'est appelé que subsidiairement et au cas de caducité de la première libéralité (Cap.1936). 3. Substitution d'enfant. ,,Infraction consistant à attribuer un enfant existant réellement à une femme qui n'est pas sa mère`` (Barr. 1974). Tantôt, il invente une histoire de substitution d'enfants, si compliquée qu'on ne saurait comprendre avant la troisième lecture l'imbroglio (Brasillach, Corneille, 1938, p. 160). 4. Peines, sanctions de substitution. Ensemble des peines pouvant remplacer l'emprisonnement. Les sanctions de substitution dans la loi du 11 juill. 1975 et dans l'avant-projet de code pénal (Code pénal, Paris, Dalloz, 1985-86, art. 43-1, p. 25). Prononc. et Orth.: [sypstitysjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. xiiies. [date du ms.] sustitution « disposition par laquelle une personne est appelée à une succession après une autre ou à son défaut, ou par laquelle une succession doit revenir à une personne après une autre ou à son défaut » (Digeste, ms. Montpellier 47, fo73a ds Gdf. Compl.); 1297 substitucion (doc. ds Z. fr. Spr. Lit. t. 84, pp. 344-345); 2. 1538 « action de mettre une personne, une chose à la place d'une autre » (Est.); a) 1725 math. (Mém. de Trévoux, déc., p. 2225); b) ca 1837 chim. (Dumas ds Littré-Robin); c) mil. xixes. physiol. (Coste, Éloge de Dutrochet ds Littré). Empr. au lat.substitutio « action de mettre à la place de, action de remplacer un héritier », dér. de substituere (substituer*). Fréq. abs. littér.: 309. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 284, b) 261; xxes.: a) 544, b) 604. Bbg. Quem. DDL t. 29. |