| SUBSISTER, verbe intrans. A. − [Le suj. désigne une pers.] 1. Persévérer dans l'existence, continuer à être. L'homme s'aime lui-même: sans ce principe actif comment agirait-il, et comment subsisterait-il? L'homme aime les hommes parce qu'il sent comme eux, parce qu'il est près d'eux dans l'ordre du monde (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 74).L'être n'est point accessible à la raison. Son sens c'est d'être et de tendre. Il devient raison à l'étage des actes. Mais non d'emblée. Sinon nul enfant ne subsisterait car il est si faible vis-à-vis du monde (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 862). − [Le suj. désigne une collectivité] Sans vertus militaires, un peuple ne subsiste pas; elles ne suffisent pas à le faire subsister (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 14). 2. Subvenir à ses besoins essentiels. Synon. survivre, vivre.Subsister tant bien que mal; n'avoir pas de quoi subsister. Elle mettait une confiance absolue dans les oracles de ses grains de chapelet. Devenue danseuse pour subsister, elle ne s'était pas trouvée rabaissée le moins du monde (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 72). − [Le suj. désigne une collectivité] Des populations différentes, mais également indépendantes et originales, ont su s'implanter, subsister, créer et entretenir des oasis (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 234). B. − [Le suj. désigne une chose concr. ou abstr.] 1. Continuer d'être, demeurer dans un certain état. Synon. se conserver, durer, se maintenir, persister, rester. − [Le suj. désigne une chose concr.] Va-t-il à pied dans les rues? Il ne conçoit pas que la police laisse subsister les cabriolets (Jouy, Hermite, t. 5, 1814, p. 98).Au-dessous, on laisse subsister un espace libre suffisant permettant la circulation de l'air nécessaire au refroidissement (Barnerias, Aciéries, 1934, p. 77). − [Le suj. désigne une chose abstr.] Je ne sais si cette coutume subsiste encore de faire porter aux élèves qui entrent les vieux habits de ceux qui sortent (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 154).Pour que subsiste notre bonheur, il ne faut pas que nous cessions de croire au bonheur fixe, à cette paix à ce repos, qui est l'objet de toute tendance (Rivière, Corresp., [avec Alain-Fournier], 1908, p. 43). ♦ Empl. impers. Il subsiste de nombreux points obscurs dans cette affaire. L'obus toxique (...) paraissait à ce moment au point, mais il subsistait des incertitudes sur la stabilité du produit (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 34). 2. En partic. Continuer d'être, exister encore malgré des transformations ou/et l'effet du temps. Subsister intégralement, partiellement; subsister à titre de, sous forme de. − [Le suj. désigne une chose concr.] Sans doute, les exploitations qui subsisteront atteindront-elles une productivité qui permettra au Danemark d'écouler ses marchandises en Grande-Bretagne (Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 143): Un instant, je risquai de me perdre, car les poteaux dont les palettes annoncent diverses routes n'offrent plus, par endroits, que des caractères effacés. Enfin, laissant le Désert à gauche, j'arrivai au rond-point de la danse, où subsiste encore le banc des vieillards. Tous les souvenirs de l'antiquité philosophique, ressuscités par l'ancien possesseur du domaine, me revenaient en foule...
Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 613. − [Le suj. désigne une chose abstr.] Une erreur qui subsiste. Tout me prouve (malgré ce qui est dit plus haut et qui subsiste) le grand talent déployé par Lamartine (Sainte-Beuve, Pensées, 1868, p. 79).Bien que l'enquête ait mis la comtesse hors de cause, un doute subsiste, en effet. La médisance n'a pas désarmé (Bernanos, Mauv. rêve, 1948, p. 933). − [Le suj. désigne un animal] La plupart [des espèces] disparaissent et vont meubler les traités de paléontologie; certaines subsistent en se réfugiant dans des fonds plus importants (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p. 163). 3. [Dans une tournure impers.] Il subsiste que, il n'en subsiste pas moins que. Il demeure que, il n'en demeure pas moins que. Je ne sais. Peu importe. Il subsiste que je dis: entrez, monsieur; et qu'il entra (Vercors, Sil. mer, 1942, p. 66).Il n'en subsiste pas moins que l'aspect physique de la monnaie continue de satisfaire une curiosité concentrée sur les personnages antiques (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 375). Prononc. et Orth.: [sybziste], (il) subsiste [-zist]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1495-96 [éd.] « demeurer en vigueur (en parlant d'une loi, d'une coutume, d'un traité, etc.) » (Jean de Vignay, Miroir historial, XX, 84, fo177 ro); b) 1550 « continuer d'être (en parlant de choses) » (Bible Louvain, Marc, 3c); 2. a) 1541 « se maintenir en vie » (Calvin, Institution chrétienne, III, 17, 14, éd. J. D. Benoît, t. 3, p. 296); b) 1654 subsister par qqc. « entretenir son existence, pourvoir à ses besoins » (Perrot d'Ablancourt, Lucien, L'Orateur ridicule, vol. 2, p. 245). Empr. au lat.subsistere « s'arrêter, faire halte, rester, demeurer, résister, tenir bon », formé de sub- (sub-*) et de sistere « placer, poser, se poser, s'arrêter, résister ». Fréq. abs. littér.: 2 293. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 741, b) 1 761; xxes.: a) 3 201, b) 3 688. |