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SUBMERGER, verbe trans.
A. − Submerger qqc.[Le suj. désigne un liquide] Recouvrir complètement. Synon. engloutir, inonder, noyer.Il établissait de façon indiscutable la position du château fort des Atlantes, et démontrait que ce site, nié par la science actuelle, n'a pas été submergé par les flots, ainsi que se le figurent les rares défenseurs timorés de l'hypothèse atlantide (Benoit, Atlant., 1919, p. 144).
Empl. pronom. Cette accalmie, cette trêve, la dut-il à l'intercession des ordres cloîtrés ou au changement de temps qui se produisit, à la défaillance du soleil qui se submergea sous des flots de pluie (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 162).
Au part. passé. La terre a disparu, la maison baigne, les arbres submergés ruissellent, le fleuve lui-même qui termine mon horizon comme une mer paraît noyé (Claudel, Connaiss. Est, 1907, p. 63).
P. anal. Déjà le brouillard submerge les vallées et dans la brume brille La Lune comme un doigt recourbé avec son ongle pointu (Claudel, Tête d'Or, 1901, 3epart., p. 300).Les pentes des montagnes, les clairières d'eucalyptus, les vallées et les collines, tout est submergé par ces fleurs qui semblent annoncer à coups de cymbales dorées le printemps (Tharaud, Passant Éthiopie, 1936, p 119).
P. métaph. Et, pour mieux dire, il n'y a point de spectacle, mais seulement des perceptions inattendues, non interprétées, mal liées, et surtout des actions qui submergent les pensées; un naufrage des pensées à chaque instant; chaque image apparaît et meurt (Alain, Propos, 1912, p. 132).Ces minutes terrifiantes où la bêtise universelle submerge le monde (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p. 46).
B. − Submerger qqn
1. Accabler par le poids, l'abondance, la violence de quelque chose. Nous lui persuaderons qu'on ne peut célébrer notre mariage avant le vôtre... Il continuait, me submergeait sous un intarissable flux de paroles qui ne s'arrêta même pas à l'arrivée du train à Paris, même pas à notre rentrée à Normale (Gide, Porte étr., 1909, p. 529).À peine a-t-on fait la connaissance d'un New-yorkais qu'il met sa voiture à votre disposition, vous inscrit à son club, vous submerge de places de théâtre, de bonnes adresses, de livres, de présents, et d'amitiés nouvelles (Morand, New-York, 1930, p. 217).
Au passif. Être submergé par son travail, par ses tâches. Être débordé par l'ampleur de sa tâche. Lui, le souverain pontife, du haut du trône de Saint Pierre et submergé par tant de tâches, il s'intéresse à ton sort (Druon, Louve Fr., 1959, p. 251).
2. Succomber sous le nombre. Au centre notamment, les 22edivision française et 50edivision britannique furent littéralement submergées sous le flot allemand (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 88).
REM. 1.
Submergé, -ée, part. passé en empl. adj.[En parlant de pers. ou de choses] L'obscurité semblait gonfler sa vague énorme. C'était on ne sait quoi de submergé (Hugo, Fin Satan, 1885, p. 769).Je serai promptement repu! Gavé! Submergé d'abondance! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 589).Empl. subst. En attendant le médecin de l'état civil, que l'on était allé quérir, à bicyclette, le brigadier de gendarmerie s'informa des parents du « submergé », comme il disait, trouvant à ce mot une élégance rare (L. Daudet, Ariane, 1936, p. 195).
2.
Submergeant, -ante, part. prés. en empl. adj.[Corresp. à supra B] Envahissant, dominant. Cette marée submergeante des mots (Barrès, Cahiers, t. 13, 1921, p. 158).Une odeur submergeante, chavirante, qui vous avait cerné peu à peu, et que l'on avait d'abord flairée distraitement (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 141).
Prononc. et Orth.: [sybmε ʀ ʒe], (il) submerge [sybmε ʀ ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1393 « recouvrir complètement (d'un liquide) » (Eustache Deschamps, Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 300); 2. xives. fig. « envahir » (Guillaume de Saint André, Le Livre du bon Jehan, éd. E. Charrière, 711). Empr. au lat.submergere « engloutir », également att. au sens fig. dep. le iiie-ives. ds Blaise Lat. chrét., dér. de mergere « enfoncer », préf. sub- marquant la position inférieure; cf. au xvies. la forme plus pop. somerger (se) au sens fig. (1556, Taillemont, Genievre, p. 135 ds Hug. − 1578, La Boderie, Hymnes, 10 b, ibid.). Fréq. abs. littér.: 567. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 477, b) 720; xxes.: a) 910, b) 1 067.