| STÉRILITÉ, subst. fém. A. − 1. Incapacité pour un être vivant de se reproduire, de procréer, due à des troubles fonctionnels, à des lésions organiques des organes génitaux ou à une stérilisation volontaire. Synon. infécondité; anton. fécondité.Stérilité accidentelle, congénitale, fonctionnelle, lésionnelle. Jusqu'à ces dernières années, (...) on soumettait la femme d'emblée à de nombreux examens, voire à des interventions chirurgicales sans même avoir étudié la fécondité du mari. Or, les travaux récents ont bien montré que la stérilité masculine était très souvent en cause (Quillet Méd.1965, p. 483): Si la visite d'un insecte, c'est-à-dire l'apport de la semence d'une autre fleur est habituellement nécessaire pour féconder une fleur, c'est que l'autofécondation, la fécondation de la fleur par elle-même, comme les mariages répétés dans une même famille, amènerait la dégénérescence et la stérilité...
Proust, Sodome, 1922, p. 603. SYNT. Stérilité complète, définitive, élective, morphologique, partielle, physiologique, primaire, secondaire, totale, volontaire; stérilité conjugale, féminine; stérilité du couple; cas, causes, facteurs, période de stérilité; pronostic de stérilité; lutte contre la stérilité; traitement de la stérilité. ♦ Stérilité chromosomique. ,,Stérilité d'un hybride en raison d'une dysharmonie dans les génomes des parents`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Stérilité génique. ,,Stérilité produite par certains gènes ou certaines mutations, qui empêchent le développement normal des organes reproducteurs`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Stérilité interspécifique. ,,Impossibilité pour des individus appartenant à deux espèces différentes d'engendrer, par croisement, des hybrides`` (Méd. Biol. t. 3 1972). − BOT. Inaptitude pour une plante à fleurs à former des graines fertiles (d'apr. GDEL). Le rosier a toujours tendance à produire à la base de ses branches une foule de petites brindilles (...). Le développement de ces brindilles, et les tailles trop courtes, sont les principales causes de la stérilité du rosier (Gressent, Créat. parcs et jardins, 1891, p. 603). 2. État d'un sol, d'un végétal qui est stérile, dont la production n'est pas rentable, qui donne peu ou pas de fruits, et p. ext. (en parlant d'un pays, d'une région), qui est pauvre en végétation. Synon. aridité, pauvreté; anton. fertilité.Stérilité d'un arbre, d'un sol, d'une terre. L'insalubrité et la stérilité [de l'ancienne Californie] ne peuvent être compensées par quelques perles qu'il faut aller arracher du fond de la mer. Avant l'établissement des Espagnols, les Indiens de la Californie ne cultivaient qu'un peu de maïs (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 254).Bon nombre de voyageurs qui avaient vu la Grèce sans quitter le pont du bateau (...) étaient tous unanimes sur la stérilité du pays. Quelques-uns avaient débarqué pour une heure ou deux à Syra, et ils avaient achevé de se convaincre que la Grèce n'a pas un arbre (About, Grèce, 1854, p. 4). 3. MÉD. Absence de tout microorganisme, de toute spore dans un milieu biologique, dans une substance, sur un objet quelconque ou dans un lieu (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972). Synon. asepsie.Stérilité des instruments chirurgicaux, des pansements; stérilité d'une chambre, d'une salle d'opération. Éprouver la stérilité par un séjour de 24 heures à 37o(Aviragnet, Weill-Hallé, Marie dsNouv. Traité Méd.fasc. 21928, p. 660). B. − Au fig. 1. Dans le domaine intellectuel, artist. ou des sentiments.Caractère de ce qui est stérile (v. ce mot B), de ce qui ne produit rien de marquant, de satisfaisant. Stérilité de l'âme, du cœur, de l'esprit. La venette s'ajoutant à ma stérilité d'imagination, je ne trouve rien. Dès qu'une idée surgit à l'horizon et que je crois entrevoir quelque chose, j'aperçois en même temps de telles difficultés que je passe à une autre, et ainsi de suite (Flaub., Corresp., 1862, p. 30).Le Parnasse ne fut pas excessivement tendre pour Baudelaire. Leconte de Lisle lui reprochait sa stérilité. Il oubliait que la véritable fécondité d'un poète ne consiste pas dans le nombre de ses vers, mais bien plutôt dans l'étendue de leurs effets (Valéry, Variété II, 1929, p. 150). − Stérilité de + subst. désignant ce qui fait défaut.Nous sommes toujours dans la même stérilité de nouvelles (Chateaubr., Corresp., t. 3, 1822, p. 102). 2. Caractère de ce qui est inefficace, inutile. Stérilité d'une démarche. Je n'entends parler que de cette révolution qu'on déplore si amèrement et qu'on a laissé faire avec tant de bonne grâce. Je suis las de la stérilité de ces conseils rétrospectifs par lesquels chacun essaye de se consoler (Du Camp, Mém. suic., 1853, p. 113).Loin de souffrir quand il fallait me séparer d'un objet ou d'une somme d'argent, j'en tirais de constants plaisirs dont le moindre n'était pas une sorte de mélancolie qui, parfois naissait en moi, à la considération de la stérilité de ces dons et de l'ingratitude probable qui les suivrait (Camus, Chute, 1956, p. 1485). Prononc. et Orth.: [steʀilite]. Ac. 1694, 1718: sterilité; dep. 1740: sté-. Étymol. et Hist. 1. xiiies. « incapacité pour un être humain de procréer » (Alexis, éd. C. E. Stebbins, 47 var.); 2. ca 1355 « état d'un végétal, d'un sol improductif » (Bersuire, fo93 ds Littré); 3. 1564 fig. « manque de fécondité intellectuelle » (Rabelais, Cinquiesme livre, éd. Ch. Marty-Laveaux, ch. 19, p. 73); 4. 1690 « caractère de ce qui n'aboutit à rien, qui est inefficace, inutile » (Fur.); 5. 1928 « état de ce qui ne présente aucun germe microbien » (Aviragnet, loc. cit.). Empr. au lat.sterilitas « stérilité, infécondité », fig. « impuissance ». Fréq. abs. littér.: 293. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 458, b) 468; xxes.: a) 381, b) 374. |