| SQUATTER1, subst. masc. A. − HISTOIRE 1. [Aux États-Unis] Pionnier qui s'installait sans titre de propriété et sans payer de redevance sur les terres encore inexploitées de l'Ouest. [Au XVIIIes.] les espaces continentaux, plus difficiles à pénétrer, ne s'ouvraient que lentement. Les Canadiens atteignaient le lac Winnipeg (...). Aux États-Unis, les squatters entraient dans les plaines de l'Ohio (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 4). − Occupant d'un habitat précaire qu'il a installé sans titre légal dans un terrain vague d'une zone urbaine. Le gratin [new-yorkais des années 1900] abandonne définitivement le genre bourgeois et bâtit ce que l'on est convenu d'appeler le style château (...) dans des terrains vagues rocheux, d'où les entrepreneurs chassent les squatters irlandais; ces terrains vont devenir Central Park (Morand, New-York,1930, p. 119). 2. [En Australie] Éleveur de moutons qui pâturait des terrains jusque-là inoccupés moyennant le paiement d'une redevance au gouvernement. Ses prairies [du vaste territoire de Murray] seront livrées [un jour] au troupeau du squatter; mais jusqu'ici c'est le sol vierge, tel qu'il émergea de l'océan Indien, c'est le désert (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 168). B. − P. anal. (avec supra A 1), cour. Occupant sans titre d'un logement, d'un local, d'un emplacement vacant. Un beau matin, dans moins d'un an, les Halles de Paris fermeront à jamais. Mais l'intendance n'a pas suivi. Cela fait neuf ans que l'on cherche vainement à combler ce vide où, demain, squatters et clochards pourraient s'installer (L'Express,19-25 févr. 1968, p. 31, col. 1). − En appos., p. métaph. L'imagination s'excite devant toute exception. Elle se complaît à ajouter des ruses, des savoirs aux habitudes de l'oiseau squatter [le coucou] (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 122). Prononc. et Orth.: [skwatœ:ʀ], [-tε:ʀ]. Lar. Lang. fr. mentionne l'existence d'une graph. squatteur. V. aussi Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 304. Étymol. et Hist. 1. a) 1827 « pionnier qui s'installe aux États-Unis, sur des territoires non encore occupés » (J. F. Cooper, La Prairie, I, 130 et note 2 ds Höfler Anglic.); b) 1854 « propriétaire de troupeaux jouissant d'un droit de pâturage accordé par le gouvernement australien sur de vastes terrains » (Hist. de la découverte de l'or en Australie, in trad.: Mgr R. Salvado, Mém. historiques sur l'Australie, p. 397, note ds Quem. DDL t. 13); c) 1930 (cf. supra A 1 b) (Morand, loc. cit.); 2. 1946 « personne occupant illégalement un logement vacant » (L'Aurore, 13 sept., 2g ds Höfler Anglic.). Empr. à l'angl.squatter att. au sens 1 a en anglo-amér. dep. 1788 (NED, Americanisms, DAE), au sens 1 b dep. 1830 (NED Suppl.2) et au sens 2 dep. 1880 (ibid.). Squatter est dér. de to squat « abaisser, écraser », réfl. au sens de « s'accroupir », d'où « s'installer sans titre légal sur un terrain inoccupé » (1800, NED, Americanisms, DAE), verbe issu de l'a. fr. esquater ou esquatir « briser » dér. de quatir « enfoncer, cacher » et « se cacher, se blottir » (v. FEW t. 2, p. 812b; Gdf.; T.-L., s.v. catir). Fréq. abs. littér.: 29. Bbg. Bonn. 1920, p. 142. |