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SOURIRE1, verbe
A. − [Le suj. désigne une pers.] Prendre une expression légèrement rieuse, en esquissant un mouvement particulier des lèvres et des yeux. La belle et fraîche méridionale (...) montrait ses dents en souriant (Maupass., Contes et nouv., t. 1, MmeParisse, 1886, p. 731).Manuel le regarda, et sourit. Quand il riait, c'était comme un enfant; mais il souriait d'un sourire qui abaissait les coins de sa bouche, et donnait un style amer à son menton lourd (Malraux, Espoir, 1937, p. 573).La fossette qui apparaissait quand elle souriait rendait son merci plus précieux (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 25).
SYNT. Sourire continuellement, discrètement, doucement, faiblement, largement; sourire à demi, à moitié, à peine, avec effort; sourire avec les yeux, des yeux, de toutes ses dents; ne jamais sourire; sourire pour un rien; sourire d'un sourire jeune, enfantin, d'un sourire d'enfant; parler, répondre en souriant.
[P. méton.;] [le suj. désigne les yeux, la bouche] Tes yeux me souriaient... et je marchais heureux sous le ciel constellé (Samain, Chariot, 1900, p. 108).Le châtain aux yeux pers, dix-sept ans, une bouche empourprée qui ne souriait qu'à nous et à quelques jolies filles (Colette, Sido, 1929, p. 129).
En partic. [Le suj. désigne une représentation artist.] Le vent de l'autre nuit a jeté bas l'Amour Qui (...) Souriait en bandant malignement son arc (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Fêtes gal., 1869, p. 95).
1. − [Dans un cont. positif ou mélioratif]
a) Empl. intrans.
α) [Le sourire, spontané, indique un sentiment réel de joie, de satisfaction, de sympathie, de reconnaissance]
[Suivi d'un adv.] Sourire affectueusement, agréablement, gentiment, malicieusement. Puis il lui sourit aimablement: − Voulez-vous entrer, Monsieur des Lourdines (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 103).
Sourire avec.Sourire avec bonté, complaisance, finesse, grâce, malice, modestie, pitié, tendresse; sourire avec un air de satisfaction. Il souriait avec douceur et d'un air content (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 193).[Les enfants] sourient avec confiance, ils n'ont pas peur (Frapié, Maternelle, 1904, p. 121).
Sourire de
Sourire d'aise, de bonheur, d'espoir. Il a été très sensible à tes félicitations. Il en souriait de plaisir (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 246).
Sourire d'un air (d'une façon, d'une manière) amical(e), complice, engageant(e), entendu(e), exquis(e), gai(e), indulgent(e), rusé(e). La belle charcutière se pencha, sourit d'une façon amicale aux deux poissons rouges qui nageaient dans l'aquarium (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 667).La négresse sourit d'un air entendu (Benoit, Atlant., 1919, p. 230).
Sourire de l'air de qqn qui... Je souris de l'air de quelqu'un qui en sait plus long qu'il ne le dit (Proust, Prisonn., 1922, p. 335).
Expr. Sourire et pleurer, sourire en pleurant, au milieu des larmes, à travers ses larmes. Je tremble, je souris et je pleure à la fois. Dieu! que je suis heureuse! (Delavigne, Louis XI, iii, 8, p. 134):
1. La tante poussa un cri en se retournant: « Ô mes enfants! » dit-elle, et elle se mit à pleurer, puis sourit à travers ses larmes. − C'était l'image de sa jeunesse, − cruelle et charmante apparition! Nous nous assîmes auprès d'elle, attendris et presque graves, puis la gaieté nous revint bientôt... Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 607.
β) [Le sourire exprime un sentiment d'incrédulité ou de raillerie légère] Sourire d'un air amusé, incrédule. Oh! Il vous aimait... Là, permettez-moi de sourire!... Il faut être naïve pour croire à l'amour de M. Pinto! (Bourdet, Sexe faible, 1931, i, p. 309).
Sourire dans sa barbe. Sourire discrètement, sous cape, aux actes ou aux propos d'autrui. Mon grand-père souriait dans sa barbe quand je traînais ma maussaderie dans son bureau (Sartre, Mots, 1964, p. 138).
b) Empl. trans. indir. Sourire à
α) [Le compl. désigne une pers.] Témoigner de la sympathie, de l'affection, de l'intérêt à quelqu'un en lui montrant un visage souriant. La jeune femme reprit son chant triste et doux, puis baisa le petit enfant qui lui souriait en lui tendant ses bras (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 17).Voici la mercière qui, sur le pas de sa porte, nous sourit et nous salue... (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 61).Le (...) chef d'orchestre (...) agitait ses bras pris dans une chemise bouffante en souriant aux dames avec langueur (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 274).
Loc. fig. Sourire aux anges. Sourire distraitement et sans raison apparente. M. Chasle (...) piqué sur sa chaise (...) souriait aux anges et semblait attendre le coup de grâce (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1273).
β) Au fig. [Le compl. désigne une entité abstr.] Porter un regard favorable et bienveillant (sur). Pense, chaque matin, à la page du soir: Vieillard, tu souriras au livre de ta vie (Brizeux, Marie, 1840, p. 9).Je fais mon possible pour sourire à toute chose en me parlant à moi-même, pour me consoler de ce que j'entends [à Paris] (Sand, Corresp., t. 3, 1847, p. 367).
c) Empl. pronom.
α) réfl. Albert (...) debout devant la glace, se souriait avec un air de satisfaction qui n'avait rien d'équivoque (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 520).
β) réciproque. Tous deux restèrent sans pouvoir parler, se souriant l'un à l'autre (Flaub.,Éduc. sent., t. 2,1869,p. 277).Le ministre et l'académicien se rencontrent assez souvent dans des solennités dont la solennité ne les empêche pas de se sourire, − et dans ce sourire, chers camarades, croyez bien que le souvenir du vieux collège entre pour quelque chose (Valéry, Variété IV, 1938, p. 201).
2. [Dans un cont. nég. ou dépréc.]
a) [Le sourire indique une insatisfaction] Sourire amèrement, douloureusement; sourire avec angoisse, gravité, mélancolie; sourire d'un sourire triste. Il ne s'agit pas de moi, reprit-elle en souriant avec amertume (Balzac, Lys, 1836, p. 150).Ma mère sourit tristement: − Mon enfant, les hommes sont souvent sans courage et sans foi (France, Vie fleur, 1922, p. 381).
b) [Le sourire indique des sentiments d'inimitié ou d'antipathie] Sourire avec (d')un air de reproche, d'un air (d'un sourire) narquois; sourire avec méchanceté, mépris. Elle s'endormit en souriant de ce sourire que doit avoir le génie du mal lorsqu'il a résolu la perte d'une âme (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 259).On apprend même à sourire jaune à l'odieuse MlleRinquet (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 19).
c) [Le sourire est affecté ou contraint, cache une autre réalité] Sourire d'un air contraint, embarrassé, avec embarras; sourire poliment. Lui, souriait d'un air gêné, comme s'il avait fait là une proposition blessante (Zola, Assommoir, 1877, p. 491).Je me mis à sourire, un peu piqué, d'un sourire de commande (Gracq, Syrtes, 1951, p. 112).
3. Manifester, par un sourire moqueur, qu'on ne prend guère au sérieux les actes ou les propos de quelqu'un. Synon. s'amuser, se moquer (de).Mais je ne souriais pas pour me moquer! Je compatis à ta peine, Henriette... (Bernstein, Secret, 1913, ii, 3, p. 18).
a) Sourire de (d'une pers. ou de l'une de ses particularités).Il faut donc sourire de la prétention de certains savants (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 28).− Ne souris pas de moi, mon enfant. − Ô mère! Je reviens à vous très humble (Gide, Retour enfant prod., 1907, p. 483).
Sourire sur.Aujourd'hui les voilà qui sourient sur eux-mêmes, car la vérité leur est venue comme l'effacement d'une question (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 620).
b) Faire sourire, prêter à sourire. Provoquer, par une attitude, par un propos particulier une situation prêtant à la moquerie, à la raillerie légère. Un accent qui fait sourire. Un homme de lettres ne devrait jamais faire le héros parmi ses livres s'il ne veut donner, non pas à rire, mais à sourire, ce qui est encore plus fâcheux (Green, Journal, 1954, p. 258):
2. Je vais peut-être vous faire sourire, mais mon ignorance était telle que je me suis longtemps représenté le sexe féminin, non pas dans le sens vertical, mais dans le sens horizontal, comme la bouche. H. Bazin, Vipère, 1948, p. 243.
B. − P. métaph. ou au fig.
1. Empl. intrans.
a) Poét. ou littér.
α) [Le suj. désigne des phénomènes climatiques ou météor. (liés au temps ou aux saisons) particulièrement agréables] La lune, le soleil sourit; avril, un matin d'hiver, un dimanche d'été, la nouvelle année sourit; l'aube sourit; les soirs de juin sourient. Et la nouvelle année, à la suite brumeuse, Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse, Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant... (Rimbaud, Poés., 1871, p. 35).La terre était en fleurs; le ciel bleu souriait sur sa tête; la vie chantait dans son jeune sein (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 279).
β) [Le suj. désigne la nature, ou un élément naturel, notamment les premiers bourgeons et les premières fleurs] Les plantes, les roses sourient. La verdure commence à courir sur les rameaux, les abricotiers sourient sous leurs petites fleurs roses (Taine, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 51).Les arbres dont les bourgeons sourient déjà, et, demain, éclateront de rire (Renard, Journal, 1906, p. 1038).
γ) [Le suj. désigne un élément construit du paysage et dont l'aspect est agréable à la vue] Le vieux bourg (...) sourit sous ses pierrailles À ses monts familiers qui rêvent dans l'azur (Samain, Chariot, 1900, p. 25).Le palais (...) souriait au centre d'un jardin à la française (Toulet, Comme une fantaisie, 1918, p. 193).
Sourire à qqn.Il faisait enfin grand jour. Paris me souriait par tous ses magasins ouverts; l'Odéon lui-même prenait pour me saluer un air affable, et les blanches reines de marbre du jardin du Luxembourg (...) semblaient me faire gracieusement signe de la tête (A. Daudet, Trente ans Paris, 1888, p. 7).
b) P. plaisant. [Le suj. désigne un vêtement, des chaussures] Bâiller, être fendu à certains endroits comme l'est la bouche quand elle sourit. Les souliers crèvent, le pantalon sourit, le linge manque (Vallès, Réfract., 1865, p. 17).
2. Empl. trans. indir. [Le sujet désigne un abstr.] Sourire à
a) Convenir, être agréable, plaire à. Vous me demandez si cela me sourirait, de vous fournir de quoi faire votre édition à bon marché (Sand, Corresp., t. 3, 1850, p. 203).On leur mettra la camisole de force pour aller à l'institut les jours de séance. Cette idée me sourit (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 182).
b) Être favorable à. Vous êtes riche, titré, de noblesse ancienne; vous avez des talents, de l'avenir, tout vous sourit (Balzac, Adieu, 1830, p. 55).De ce côté du moins la chance lui souriait. Tant de jeunes gens du quartier étaient chaque semaine emmenés pour les Ardennes, ou même le front! (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 248).
Prononc. et Orth.: [suʀi:ʀ], (il) sourit [-ʀi]. Ac. 1694, 1718: sous-; 1740: soû-; dep. 1762: sou-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 surrire (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 373: l'uns a l'altre surrist); 1742 verbe réciproque (Crébillon fils, Le Sopha, 185: ils se sourioient d'une façon froide et contrainte); 1748 verbe réfl. (Diderot, Les Bijoux indiscrets, 161: Ariadné, placée devant son miroir, se sourit à elle-même); 2. 1174-77 sourire à qqc. (Renard, éd. M. Roques, br. III, 3983, p. 23: En sorïent as bacons dit); 3. 1636 « exprimer discrètement de l'ironie; se moquer » (J. Mairet, Les Galanteries du duc d'Osonne, p. 155); 4. 1675 en parlant d'une partie du visage (Mmede Villedière, Les Désordres de l'Amour, p. 156: sa bouche semble toujours sourire); 5. a) 1745 fig. avec comme suj. un nom de chose « présenter un aspect agréable » (F. d'Arnaud, Les Époux malheureux, p. 52: Il ne voit aucun obstacle; l'avenir lui sourit toujours); b) 1779 id. « resplendir » (J. Roucher, Les Mois, poème en 12 chants, t. 2, p. 77: côteaux escarpés où l'automne sourit). Du lat. pop. *subrι ̄dĕre, altér. du lat. subrι ̄dēre « sourire », dér. de ridēre « rire »; préf. sub-* marquant l'atténuation. Bbg. Quem. DDL t. 10.