| SOTIE, SOTTIE, subst. fém. A. − HIST. LITTÉR. Farce satirique en vogue aux xiveet xves., reposant sur une critique bouffonne de la société et des mœurs de l'époque, et jouée par des acteurs appelés sots ou fous. Oui, je les appellerai tous! Diseurs de fabliaux (...) faiseurs de soties, de diableries et de joyeux devis (France, Vie littér., 1888, p. 47).Sans irrévérence, comme le peuple vieux du moyen âge sur le parvis même de l'église jouait les farces et les soties, c'est à ce « dicere » que fait penser le marchand de chiffons (Proust, Prisonn., 1922, p. 127). B. − P. anal. [Chez Gide, pour qualifier certains de ses ouvrages] Ouvrage ironique ou critique. Pourquoi j'intitule ce livre sotie? Pourquoi récits les trois précédents? C'est pour manifester que ce ne sont pas à proprement parler des romans. (...) Récits, soties... Il m'apparaît que je n'écrivis jusqu'aujourd'hui que des livres ironiques (ou critiques, si vous le préférez), dont sans doute voici le dernier (Gide, Caves, 1914, p. 679). Prononc. et Orth.: [sɔti]. Att. ds Ac. dep. 1762. Lar. Lang. fr. a une forme: sottie. Prop. du Conseil sup. de la lang. fr. ds Doc. admin. du J.O., 6 déc. 1990, p. 17, col. 1 : sottie. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. sottie « sottise » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 93, 35); 2. 1483 sottie « pièce de l'ancien théâtre français » (Comptes de dépenses faites à Béthune pour des jeux de personnaiges, remonstrances et mystères, éd. de Lafons de Mellicoq ds Champollion-Figeac, Doc. hist. inéd., t. 4, 1848, p. 341: courtoisies faites [...] à ceulx qui firent lesdites remonstrances et joieusetez [...] a ceulx de Sottie); 1483 sottie (Jean de Roye, Journal, éd. B. de Mandrot, t. 2, p. 127: une moult belle moralité, sottie et farce); 1511 (Gringore, Jeu du prince des sotz ds Rec. gén. des sotties, éd. E. Picot, t. 2, p. 127b: S'ensuyt la sottie). Dér. de sot*; suff. -ie*. Fréq. abs. littér.: 37. Bbg. Cannings (B.). Towards a definition of farce as a literary « genre ». Mod. Lang. R. 1961, t. 56, pp. 558-560. |