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SONGE, subst. masc.
A. −
1. Littér. Rêve. Songe charmant, extraordinaire, romanesque; doux songe; songe funeste, horrible, terrible; apparaître, voir en songe; s'éveiller, sortir d'un songe. Un songe, un songe affreux cette nuit m'a frappé: Je t'ai vu d'ennemis partout enveloppé (Constant,Wallstein, 1809, ii, 1, p. 44).V. divination ex. 1, interpréter II B 1 ex. de Comte:
1. ... le songe nocturne rejoint le rêve métaphysique: même dans notre existence actuelle, la simple vie onirique est encore une image, ou une analogie, du grand rêve éternel (...): il en est une survivance, la présence réelle, tout au fond de nous, dans le cœur, de l'unité primordiale. Béguin,Âme romant., 1939, p. 97.
a) En partic.
Rêve porteur d'un avertissement, d'un message important. Songe d'Athalie, d'Énée, de Joseph, de Pharaon; songe prophétique. Il vit un ange qui traversait les airs (...). Ce songe parut à Grégoire une révélation de l'avenir bien autrement digne de foi que les réponses et tous les prestiges des devins (Thierry,Récits mérov., t. 2, 1840, p. 100).Si j'avais à baptiser le songe de Scipion, je l'appellerais l'extase de la conscience humaine (Goncourt,Ch. Demailly, 1860, p. 172).
Songe (d'incubation), songe (thérapeutique). Dans l'Antiquité, songe au cours duquel le dieu apparaissait à son fidèle, notamment pour lui apporter la guérison. Ce sont des gens qui vont à Canope dormir sur le temple de Sérapis pour avoir des songes (Flaub.,Tentation, 1874, p. 16).Dans l'antiquité, pour obtenir un songe thérapeutique, dit d'incubation, il fallait faire un pèlerinage, jeûner, prier, offrir un sacrifice, dormir dans le temple (M.-A. Descamps,La Maîtrise des rêves, 1983, p. 198).
b) Loc. nom. Le pays, le royaume du/des songe(s) (poét.). Le sommeil. Annalena (...) tout près et cependant si loin, si loin! Égarée au pays du songe (...) terrible est le visage du sommeil! (Milosz,Amour. init., 1910, p. 122).Songe(s) de malade. Délire. Ce n'était pas des songes de malade; c'était une vue claire de la réalité, qui illuminait alors ce cerveau (France,Dieux ont soif, 1912, p. 197).Clef des songes. V. clef III C 4.
c) Loc. adj. De songe. Qui rappelle un songe par sa beauté, son charme, son climat émotionnel.
[À propos d'une pers. ou d'un sentiment] Amour, enfant, femme de songe. Riche comme un roi, beau comme un dieu, répéta inconsciemment Angélique de sa voix de songe (Zola,Rêve, 1888, p. 48).Anton est partagé entre l'angélique Suzanne et une créature de songe, qui prend tantôt l'apparence de Suzanne elle-même, tantôt celle d'autres femmes (Béguin,Âme romant., 1939, p. 264).
[À propos d'un inanimé] Éclairage, paysage, peinture, ville de songe. Quand je rêve, j'évoque des roses passés (...) des bleus de douceur et de songe (L. Daudet,Voyage Shakesp., 1896, p. 171).Une clarté de songe flottait encore au ras des pelouses, tandis que, dans les lointains bleuâtres, les grands arbres s'évanouissaient, en visions tremblantes et légères (Zola,Travail, t. 2, 1901, p. 232).
d) Proverbes. Tous songes sont mensonges (Ac. 1835, 1878). Songe mensonge (Ac. 1935). Les songes ne sont pas que mensonges. L'Utopie [de Thomas More] (...) est plutôt un beau songe. Or les songes ne sont pas que mensonges, mais renferment un noyau de vérité (W. Nigg,Thomas More ou la conscience d'un saint, Paris, éd. du Centurion, 1979, p. 31).Mal passé n'est qu'un songe. Qu'il vous suffise que j'en ai été quitte pour la peur. Mal passé n'est qu'un songe (Dusaulx,Voy. Barège, t. 2, 1796, p. 185).
2. PSYCHOL. Clef des songes. V. clef III C 4.
3. MYTHOL. Les Songes. Petits génies par lesquels la divinité communique aux hommes sa pensée. Les Songes étaient fils du sommeil (Ac.1878, 1935).
B. − P. compar. ou anal. Illusion, leurre, fiction.
1. [À propos d'un inanimé] La vie n'est qu'un songe. Être le jouet d'un songe. C'est vous qui dites cela! vous, madame, juste ciel! Est-ce un songe? une illusion! m'auriez-vous compris? répondriez-vous à ma pensée? (Leclercq,MmeSorbet, 1835, 6, p. 154):
2. ... une femme à qui, même si nous savions que nous sommes indifférents, nous avons perpétuellement fait tenir dans nos rêveries, pour nous bercer d'un beau songe ou nous consoler d'un gros chagrin, les mêmes propos que si elle nous aimait... Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 586.
2. Rare. [À propos d'un animé] Je suis un revenant. Les autres me paraissent des songes, et je suis un songe aux autres (Bourget,Nouv. Essais psychol., 1885, p. 301).
C. − Rêverie à laquelle on se laisse aller à l'état de veille, construction de l'imagination. Être abîmé, plongé dans un songe. Tu insistes gentiment pour m'avoir à Bruxelles. J'y aspire comme toi, comme vous. Être réunis, c'est un songe (Hugo,Corresp., 1866, p. 525).[Ce caporal] nous dérangeait dans notre songe, quand nous faisions gravement les cent pas de la Grande Ourse au Sagittaire (Saint-Exup.,Terre hommes, 1939, p. 152).
Prononc. et Orth.: [sɔ ̃:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 « rêve » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 696); 2. 1204-06 « fiction, illusion » tenir a fable et a songe (Guiot de Provins, Bible, 1992 ds Œuvres, éd. J. Orr, p. 72); mil. xiiies. (Du Prestre et du chevalier ds Rec. gén. fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 2, p. 83: Tout li semble que che soit soingne); 3. 1580 « construction de l'imagination à l'état de veille » (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 523); 1588 (Id., op. cit., III, 3, p. 828: tantost je resve, tantost j'enregistre et dicte, en me promenant, mes songes que voicy); 4. 1699 myth. antique au plur. (Fénelon, Télémaque, éd. A. Cahen, VIII, t. 1, p. 353, 139). Du lat. somnium « songe, rêve; chimère, extravagance; les Songes [Somnia] pluriel personnifié ». Fréq. abs. littér.: 3 027. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 345, b) 3 937; xxes.: a) 4 290, b) 4 475. Bbg. Goug. Mots t. 1 1962, pp. 140-144. − Schalk (F.) Somnium und verwandte Wörter in den romanischen Sprachen. Köln, 1955, 42p. − Spitzer (L.). (En) soñar un sueño. Vox rom. 1936, t. 1, pp. 51-53; p. 56.