| SOMMEILLANT, -ANTE, part. prés. et adj. I. − Part. prés. de sommeiller*. II. − Adjectif A. − 1. Littér. [En parlant d'une pers., d'un animal] Qui dort à moitié, qui somnole. Ils se lèvent, ils se mêlent sans bruit aux brebis sommeillantes, en faisant signe aux chiens de rester couchés (Pesquidoux,Chez nous, 1921, p. 238).Avec des gestes de médecin mais une voix d'hypnotiseur, il dictait aux travées sommeillantes la conduite qu'elles auraient à tenir après leur réveil définitif (Giraudoux,Bella, 1926, p. 165). − En compos. Une vieille accroupie sous une porte cochère, à demi sommeillante, vend des violettes, des crocus (Arnoux,Paris, 1939, p. 86). − Empl. subst. Et encore ces têtes aux oreilles semblables à des ailes de chauve-souris (...) et qui ont comme la tranquillité jouisseuse d'un sommeillant en une pollution nocturne (Goncourt,Journal, 1889, p. 1055). 2. [En parlant de la physionomie, du visage, des yeux d'une pers.] Qui semble engourdi, hébété par le sommeil. C'est à peine si, derrière les vitres gelées, on entrevoit leurs faces pâles et sommeillantes et dans les rues on ne rencontre guère que des vagabonds en loques et des chiens frileux (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 212).Très beaux, d'un blanc bleui autour de l'iris, noir ou jaune ou vert, ces yeux, tantôt sommeillants, tantôt animés d'un éclat dur, ont des regards inquiétants (Pesquidoux,Chez nous, 1921, p. 228). B. − P. anal. 1. [En parlant d'une chose] Qui est tombé dans l'inactivité. L'oubli poudroyait partout sur les choses sommeillantes et abandonnées que réveillait et ranimait autrefois le coup de main de chaque matin (Goncourt,G. Lacerteux, 1864, p. 174). 2. [En parlant de la nature] Qui ne bouge pas et semble dormir. Mer, rivière sommeillante. Seul, le torrent qui roule au fond de la gorge sauvage tranchait par son fracas sur l'immobile taciturnité de cette nature sommeillante (Bloy,Désesp., 1886, p. 86). C. − Au fig. Qui est en sommeil, qui existe à l'état latent. 1. [En parlant d'une pers., de ses affects, de ses productions] Facultés sommeillantes. Le fait est que ces agréables Mémoires [de Fléchier] (...) qui ont singulièrement rajeuni et, pour tout dire, ravivé la renommée sommeillante d'un grave prélat, ont causé dans le pays d'Auvergne un véritable scandale (Sainte-Beuve,Portr. littér., t. 3, 1846, p. 424).Elle avait trop d'astuce naturelle, astuce sommeillante, mais jamais endormie, pour s'être trompée une minute sur les intentions de Servigny (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 522). − [En parlant d'un comportement, d'une manière d'être] Il semblait très fatigué, sans révolte, frappé d'une stupeur douce et sommeillante (Zola,L'Œuvre, 1886, p. 323).On passait aux endroits interdits grâce au fatalisme, à la nonchalance sommeillante des sentinelles (Arnoux,Roi, 1956, p. 9). 2. [En parlant d'une chose abstr.] Traditions sommeillantes. Nous avions le devoir de manier la baguette de coudrier au-dessus de ces sources cachées. Ces formes primitives des sensibilités ne sont jamais mortes, mais sommeillantes (Barrès,Génie Rhin, 1921, p. 87).Cet art complet (...) doit demeurer l'idéal de tout artiste honnête, mais justement, si l'on est honnête, c'est-à-dire si l'on a une perception claire des problèmes posés par ces écoles disparues, ou plutôt sommeillantes, il demeure provisoirement hors d'atteinte (Lhote,Peint. d'abord, 1942, p. 107). Prononc.: [sɔmεjɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Fréq. abs. littér.: 86. Bbg. Darm. 1877, p. 67. |