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SOCIALISME, subst. masc.
POLITIQUE
A. − Ensemble de ,,doctrines inspirées par des sentiments humanitaires, fondées sur une analyse critique des mécanismes économiques et parfois du statut politique de l'État, ayant pour objectif la transformation de la société dans un sens plus égalitaire`` (Debb.-Daudet Pol. 1978). Très mauvaise presse. Paul Souday a fait quatre lignes dans le Temps. Il a parlé de « démagogie intellectuelle » et de « socialisme de bazar » (Duhamel,Cécile, 1938, p. 38):
1. ... la théorie de l'innocence de l'homme, corrélative à celle de la dépravation de la société, a fini par prévaloir. L'immense majorité du socialisme, Saint-Simon, Owen, Fourier, et leurs disciples; les communistes, les démocrates, les progressistes de toute espèce, ont solennellement répudié le mythe chrétien de la chute pour y substituer le système d'une aberration de la société. Proudhon,Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 325.
[P. oppos. à individualisme] C'est triste, car le socialisme dérive, en somme, d'idées clémentes, d'idées propres, mais toujours il se heurtera contre l'égoïsme et le lucre, contre les inévitables brisants des péchés de l'homme (Huysmans,En route, t. 2, 1895, p. 289).
B. − P. méton.
1. Chacune de ces doctrines. Épris du socialisme romantique des fouriéristes installés près de la rue de Seine, Jean Macé va devenir un de leurs plus ardents propagandistes (Cacérès,Hist. éduc. pop., 1964, p. 38).
Socialisme chrétien. Socialisme d'inspiration chrétienne. Il était parti du socialisme chrétien, il s'était inscrit au Sillon, de M. Marc Sangnier. C'était un ton de voix nouveau pour Edmond, et qui l'amusait sans le toucher. Il n'était pas plus socialiste que chrétien (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 279).
Socialisme scientifique. Doctrine de Marx selon laquelle ,,la disparition du capitalisme est inéluctable et doit s'opérer selon un certain nombre de lois dont la connaissance scientifique est indispensable pour (...) favoriser l'avènement de la société socialiste`` (Debb.-Daudet Pol. 1981). Engels et Marx forgent l'énorme appareil du socialisme scientifique, opposé sur beaucoup de points au socialisme proudhonien, mais qui s'unit à lui dans la critique de la société et de l'état capitalistes (Vedel,Dr. constit., 1949, p. 85).Disciples du fondateur du « socialisme scientifique » qui (...) s'accrochent à des formules toutes faites et qui ont tendance à considérer comme une panacée la socialisation des moyens de production (Le Nouvel Observateur, 26 avr. 1976, p. 89, col. 1).
Socialisme utopique. [P. oppos. à socialisme scientifique] Socialisme réformateur fondé sur un idéal de société défini par les utopistes du xixes. (Owen, Enfantin, Fourier, etc.) par opposition au socialisme scientifique. Un des caractères du socialisme utopique est de n'avoir pas compté sur la force propre de la classe ouvrière (Jaurès,Ét. soc., 1901, p. xx).Le socialisme qui a influencé la révolution de 1848 est surtout le socialisme « idéaliste » ou « utopique », et non le marxisme qui est en voie d'élaboration et qui n'a que peu de diffusion (Vedel,Dr. constit., 1949, p. 199).
2. Expression politique de ces doctrines. La peur suffit à mener la France! La peur, voilà tout le cœur de la France de 1857! La peur des voleurs et du socialisme, c'est tout le mobile et toute l'âme d'un peuple de 36 millions d'hommes (Goncourt,Journal, 1857, p. 370).« La passion de la vérité,... etc. » Alain et Péguy seront les animateurs des universités populaires, au nom de cet idéal. Pour Jaurès, devenu l'un des dirigeants du socialisme français, « c'est servir la classe ouvrière... etc. » (Cacérès,Hist. éduc. pop., 1964, p. 53).
[En France et en Europe occ.] Ensemble des forces politiques de la gauche non communiste. En 1968 et 1973, les grandes manœuvres de l'UDR eurent souvent raison du radicalisme un peu las, du socialisme souvent rose de ces régions [le centre de la France], qui, proches du pouvoir sous la IVeRépublique, souffraient de se voir isolées sous la Ve(Le Point, 23 janv. 1978, p. 50, col. 2).
Socialisme d'état. Régime économique où l'état est propriétaire des principaux moyens de production et d'échange. En fait, avec Netchaiev et Tkatchev, c'est Lassalle, inventeur du socialisme d'état, que Lénine a fait triompher en Russie, contre Marx (Camus,Homme rév., 1951, p. 284).
3. PHILOS. MARXISTE. Phase de transition entre le capitalisme et le communisme. Les finalités [de l'économie soviétique]? C'est l'édification du socialisme et la destruction du capitalisme (L'Express, 28 févr. 1981, p. 50, col. 2).Ce n'est qu'à partir de la IIeInternationale qu'il faut entendre par socialisme un mode d'organisation sociale fondé sur l'appropriation collective des moyens de production sous forme étatique et/ou coopérative (Marxisme1982, p. 817).
4. Régime politique, économique et social qui met en pratique certaines de ces doctrines. Avènement, croissance, édification, progrès, réalisation du socialisme; socialisme autoritaire, international. Au milieu du XXesiècle, l'économie marchande n'est pas seulement contestée et transformée par les socialismes réalisés et vécus (Perroux,Écon. XXes., 1964, p. 4):
2. Simone Weil a raison de dire que la condition ouvrière est deux fois inhumaine, privée d'argent, d'abord, et de dignité ensuite. Un travail auquel on peut s'intéresser, un travail créateur, même mal payé, ne dégrade pas la vie. Le socialisme industriel n'a rien fait d'essentiel pour la condition ouvrière parce qu'il n'a pas touché au principe même de la production et de l'organisation du travail, qu'il a exalté au contraire. Camus,Homme rév., 1951, p. 267.
[P. oppos. à capitalisme] Le capitalisme est depuis le XVIIIesiècle le système économique dominant et, depuis 1917, il reste, avec le socialisme, le plus important (Lesourd, Gérard,Hist. écon., 1968, p. 10).
[P. oppos. à libéralisme] Le conflit des idéologies conservatrices et libérales traduit assez exactement la lutte de l'aristocratie foncière (...), contre la bourgeoisie industrielle, commerçante et intellectuelle; le conflit du libéralisme et du socialisme a ensuite reflété la lutte de la bourgeoisie et du prolétariat (Traité sociol., 1968, p. 14).
Socialisme réel. Socialisme des pays se réclamant du marxisme (généralement en parlant des pays de l'Europe de l'Est et de l'U.R.S.S.). Le problème de savoir si le « socialisme réel » a supprimé l'exploitation capitaliste ou lui a substitué l'exploitation des travailleurs par un capitalisme d'État (Le Nouvel Observateur, 29 oct. 1979, p. 30, col. 1).Quelques-uns des problèmes économiques essentiels qui se posent aux pays du « socialisme réel » (Le Nouvel Observateur, 23 févr. 1981, p. 28, col. 3).
[P. oppos. à socialisme réel] Socialisme à visage humain. Socialisme non bureaucratique. Tout au long de l'expérience Allende, il [Luis Corvalan] s'est d'ailleurs conduit en homme politique responsable au moment où tant de militants de gauche cédaient à l'ivresse de la victoire et à un romantisme révolutionnaire qui allait précipiter l'échec et la chute de cette tentative de « socialisme à visage humain » (Le Point, 15 mars 1976, p. 70, col. 1).
Socialisme à la scandinave, à la suédoise. Socialisme des pays scandinaves qui se développe à l'intérieur d'une démocratie parlementaire, caractérisé par le maintien de la propriété privée des moyens de production et un système de réformes sociales qui vise à réduire les inégalités. Fortement influencé par l'expérience du « socialisme à la scandinave », Brandt est avant tout soucieux de préserver la démocratie politique, qu'il croit menacée par une expérience collectiviste quel que soit son caractère (Le Nouvel Observateur, 26 avr. 1976, p. 89, col. 1).
Prononc. et Orth.: [sɔsjalism̭]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1831 « doctrine qui sacrifie l'individu à la société » (Le Semeur, n o12, 23 nov., p. 94, 2ecol. ds G. Deville, Orig. des mots « socialisme » et « socialiste » ds La Révolution fr., n o54, mai 1908, p. 391: On se sépare pour se réunir; l'individualisme doit ramener au socialisme, le protestantisme au vrai catholicisme, la liberté à l'unité); 1890 socialisme d'État (La Vie polit. à l'étranger, p. 14 ds Quem. DDL t. 18). Dér. de social*; suff. -isme*. Socialisme est att. en ital. dès 1803 et sert à désigner la théorie « d'un conservatisme bienveillant et éclairé ». Socialism au sens de « doctrine d'Owen » apparaît en angl. en 1833 (v. Cah. Lexicol. 1969, n o14, pp. 45-48 qui retrace l'évolution du mot socialisme en fr.). Fréq. abs. littér.: 697. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 24, b) 571; xxes.: a) 2 742, b) 987. Bbg. Almeida (P. d'), Boyer (A.), Sicard (F.). Les Mots et les choses... Mensuel pour le socialisme et l'autogestion. 1981, n o63, pp. 12-16. − Arias (F.). Le Champ notionnel de « fascisme »... In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 14. 1974. Naples. Atti, 1981, t. 5, pp. 87-89. − Bonnafous (S.). La Désignation socio-pol. en France de 1879 à 1914. Saint-Cloud, 1983, p. 42. − Chauveau (G.). Approche du discours pol.: socialisme et socialiste... Langages. 1978, n o52, pp. 113-125. − Dub. Pol. 1962, p. 124-126. − Gans (J.). Socialiste, socialisme. Cah. Lexicol. 1969, n o14, pp. 45-58. − Honoré (J.-P.). Le Discours pol. et les socialistes pendant l'affaire Dreyfus. In: Colloque de Lexicol. Pol. 2. 1980. Saint-Cloud. Paris, 1982, pp. 539-550. − Klare (J.). L'Élaboration du vocab. politico-social en France... Beitr. rom. Philol. 1974, t. 13, n o1/2, p. 264. − Marcellesi (J.-B.). Socialisme... Lang. fr. 1969, n o4, pp. 108-119. − Provost (G.). Approche du discours politique... Langages. Paris. 1969, n o13, pp. 51-65; 67-68. − Quem. DDL t. 18. − Thiele (J.). Zur Entwicklung des lexikalischen Feldes socialisme/socialiste. Beiträge zur Soziolinguistik. Halle, 1974, pp. 171-185.