| SITÔT, adv. et prép. A. − Adv. de temps 1. Vieilli. [Empl. seul] a) Si tôt, si vite, dans un délai tellement court. Je crois à peine à mon bonheur, parce qu'il me semble que j'ai encore bien peu fait pour le mériter sitôt! (Hugo,Lettres fiancée, 1822, p. 262).Ces liaisons de bal masqué sont sitôt faites! (Champfl.,Avent. MlleMariette, 1853, p. 290). b) Aussitôt, dans l'instant même. Ce fut tout ce qu'elle écouta, et sitôt, changeant de costume, elle abandonna son allure garçonnière (Péladan,Vice supr., 1884, p. 151). 2. [Empl. en corrél.] a) [Avec que introduisant une compar.] Votre affaire ne sera pas sitôt finie que la mienne. Je n'arriverai pas sitôt que vous (Ac. 1935). b) [Dans une phrase nég., avec que introduisant une consécutive] Il n'avait pas sitôt parlé à quelqu'un qu'il connaissait sa capacité, et marquait précisément le caractère de chaque humeur et de chaque naturel (Bremond,Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 406). 3. [Introduisant une temporelle ell.] a) Sitôt + adj. ou part. passé.L'espoir sitôt détruit que m'avait inspiré la révolution, n'avait point changé la situation de mon ame (Duras,Ourika, 1824, p. 76).Sitôt la nuit venue, en toute saison, il se mettait au lit, n'aimant pas à faire des dépenses de lumière (Barrès,Voy. Sparte, 1906, p. 5). b) Sitôt + prép. ou adv. de temps.Sitôt ensuite, j'attaque Modeste Mignon, un des rares Balzac qu'il me restait encore à connaître (Gide,Journal, 1942, p. 144). c) Sitôt + compl. circ.Paul me fit signe de descendre et, sitôt sur le quai: « Dis-moi qui ça peut bien être? » (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Sœurs R., 1884, p. 1258).Sitôt en selle, il lança son cheval au galop (Pourrat,Gaspard, 1930, p. 22). d) [Sitôt en corrél. avec lui-même, soulignant l'immédiateté, la succession rapide] Le cœur prompt, vif, sitôt touché, sitôt donné (Benjamin,Gaspard, 1915, p. 92). − Sitôt dit, sitôt fait. [Pour dire que l'on passe immédiatement de la parole à l'action] On retrouve ce caractère précipité et irréfléchi de l'action dans les comportements de l'hystérique (Janet). Sa devise pourrait être: « Sitôt dit, sitôt fait » (Mounier,Traité caract., 1946, p. 665). B. − Loc. adv. (Pas) de sitôt. [Toujours dans une phrase nég.] Pas avant longtemps. C'est inutile que vous montiez, il n'y a personne (...) Ils sont à la campagne, et ils ne reviendront pas de sitôt (A. Daudet,Jack, t. 2, 1876, p. 356).Le Président n'envisageait donc pas que la Russie pût, de sitôt, risquer directement une guerre (De Gaulle,Mém. guerre, 1959, p. 210). C. − Prép., littér. Sitôt + subst.Sitôt son dernier souffle, j'avais l'intention de lui boire le sang (Barrès,Déracinés, 1897, p. 374).Sitôt la nuit, il vient rôder entre les maisons barricadées (Giono,Colline, 1929, p. 131). D. − Loc. conj. Sitôt que. Aussitôt que, dès que. 1. Sitôt que + ind.Sitôt qu'elle m'aperçut elle accourut (Gide,Paludes, 1895, p. 116). 2. Sitôt que + part. passé.Le petit problème était résolu sitôt que posé (Duhamel,Passion J. Pasquier, 1945, p. 108). 3. [Sitôt est disjoint de que] Sitôt donc que la porte se fut refermée sur ses gens, M. de Pinamonte laissa paraître tout le trouble dont il était agité (Milosz,Amour. init., 1910, p. 22). 4. [Une nuance de cause peut se superposer à celle du temps] Dès que, dès l'instant que. Il est malheureusement fâcheux que les bureaux, alliés comme larrons en foire quand il s'agit de faire casquer le contribuable, excipent de leur incompétence et se cachent les uns derrière les autres, sitôt qu'il est question de lui régler son dû (Courteline,Boubouroche, 1893, III, 3, p. 281). Prononc. et Orth.: [sito]. Att. ds Ac. dep. 1878. Grev. Orth. 1962, p. 175 recommande d'écrire si tôt comme si tard (v. aussi Littré). Étymol. et Hist. 1. 1160-74 loc. conj. si tost cum « aussitôt que » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, 380), usuel jusqu'à la fin du xves. (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 71: si tost comme), supplanté par si tost que 2emoit. xiiies. (Dit empereur Constant, 422 ds T.-L.); 2. ca 1590 ne pas ... sitost « pas prochainement » (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, I, 55, p. 316); 1777-83 loc. adv. de si-tôt « id. » (Ling. ds Fér., s.v. si); 3. a) 1667 adv. sitôt « si vite » (Racine, Andromaque, IV, 3, 1203); b) 1668 loc. conj. sitôt que « aussi vite que » (La Fontaine, Fables, éd. H. Regnier, livre VI, 10, t. 2, p. 32); 4. a) 1869 sitôt dans une prop. part. « id. » (A. Daudet, Lettres moulin, p. 92); b) 1895 sitôt + subst. « aussitôt » (France, Jard. Épicure, p. 234). Comp. de si1* et de tôt*. Fréq. abs. littér.: 1 548. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 430, b) 1 571; xxes.: a) 2 657, b) 2 922. Bbg. Galet (Y.). Les Corrélations verbo-adv. au niv. de la phrase complexe... Fr. mod. 1975, t. 43, p. 344, 345. − Kalepky (Th.). Zur französischen Syntax... Z. rom. Philol. 1909, t. 33, pp. 711-719. |