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SERINGUE, subst. fém.
A. −
1. Petite pompe servant à envoyer des liquides par compression de l'air. Le clergé fit une foule d'oraisons et l'on envoya même de l'eau bénite avec des seringues par le soupirail de la cave (Nerval, Nouv. et fantais., 1855, p. 239).On retire la tige rigide dès que l'aiguille est en place et on relie cette dernière à la seringue pleine de vin qui permet de faire l'injection sous pression (Brunet, Matér. vinic., 1925, p. 524).
2. Spécialement
a) Instrument utilisé autrefois pour administrer les lavements, les clystères. Seringue à lavement. On aura soin de ne donner que des demi-lavemens, ou même un tiers de la seringue, pour ne pas distendre les parois des intestins (Geoffroy,Méd. prat.,1800,p. 385(12)).Nous jouons à la gouttière. Les jours où il pleut, nous envoyons, avec la grosse seringue de l'écurie, de l'eau dans le bureau quand il n'y a personne... et le capitaine de Vaugiraud est tout étonné de trouver son bureau plein d'eau (Gyp, Souv. pte fille, 1927, p. 136).
b) MÉD. Instrument destiné à injecter ou à aspirer un liquide; le plus souvent corps cylindrique dans lequel se meut un piston et auquel est adaptée une canule ou une aiguille creuse (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972). Seringue hypodermique; seringue de Pravaz. On inocule sous la peau du chien une pleine seringue Pravaz de bouillon stérilisé (Pasteurds Travaux, 1885, p. 397).Je vis cette fois Ricarda enfoncer une aiguille à injections dans le bras de la jeune femme, qui était serré dans un garrot. Il tira doucement du sang dans une seringue, le vida dans un flacon (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 391).
Maladie/pathologie de la seringue. ,,Ensemble des affections dues à des germes pathogènes ou à des parasites inoculés accidentellement au moyen de seringues ou d'aiguilles mal stérilisées (Mollaret et Reilly)`` (Verch.-Bud. 1981).
c) JARDINAGE
α) Appareil de jardinier. Cette solution [2 grammes de sulfate par litre d'eau] est répandue sur toutes les parties vertes à l'aide d'une seringue de jardin (Du Breuil, Cult. arbres, 1876, p. 236).Les seringues sont des appareils utilisés pour le bassinage (pluie artificielle) dans les serres chaudes, ou pour le traitement d'arbres fruitiers et de cultures florales (M. Coutanceau, Encyclop. des Jardins, 1957, p. 19).
β) Instrument de jardinier, actionné manuellement, et utilisé pour le traitement des plantes. À la seringue et au sac de jute primitifs ont succédé le pulvérisateur et la soufreuse à dos (Levadoux, Vigne, 1961, p. 82).En compos. Le pulvérisateur-seringue est spécialement conçu pour le petit jardin d'agrément (M. Coutanceau, Encyclop. des Jardins, 1957, p. 80).
B. − P. anal.
1. Appareil analogue à la poche à douille et utilisé pour la décoration des pâtisseries. (Dict. xxes.).
2. Arbre à seringue(s). Hévéa. Le caoutchouc envahit notre vie moderne, depuis le biberon du nourrisson jusqu'à la blague à tabac de son père, en passant par le pneu, la gomme d'écolier et le chewing-gum. Si, de ce torrent d'applications, nous sommes redevables à La Condamine, il faut avouer que ses contemporains ne s'en doutèrent guère. Ils s'esclaffèrent devant l'arbre à seringue, jouèrent avec cette matière qui se laissait pétrir et modeler sans renoncer pour cela à sa forme première... (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 231).
C. − Arg., pop.
1. Pop., vieilli
a) Personne ennuyeuse, sotte et importune. (Dict. xixeet xxes.).
b) Femme, épouse; femme bête. Il vous présente madame Anatole [avec qui il vit]; seulement à l'écart il vous dit: « Tu sais, c'est ma seringue » (Poulot, Sublime, 1870, p. 119).Le lendemain matin, l'action du philtre avait cessé. « Elle m'a bien eu, cette vieille seringue! Mais c'est égal, elle a la façon » (Montherl., Célibataires, 1934, p. 872).
2. Arg. Arme à feu; en partic., pistolet ou mitraillette. On avait arraché les anneaux des cuillers, et à trente mètres, on leur a balancé nos œufs dans les pattes (...)! Ils foutaient le camp en lâchant des coups de seringue au petit bonheur (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 244).Prastaud haussa les épaules! − Donne ta seringue (...). Il me prit le fusil des mains (Vialar, Hte-mort, 1951, p. 282).
REM. 1.
Seringuée, subst. fém.a) Rare. Contenu d'une seringue. On envoie 50 à 80 gr. de liquide, on s'arrête, on reprend et ainsi de suite jusqu'à ce que le liquide ressorte clair, ce qui demande 2 à 3 seringuées (Hudelo dsNouv. Traité Méd.fasc. 11926, p. 525).P. métaph. Oh là là! On la connaît, celle-là! Ça et les aut'bobards qu'les journaux nous balancent par s'ringuées (Barbusse, Feu, 1916, p. 230).[Une troupe] réclame de la lumière et du sang nouveaux. Une riche seringuée, avant qu'il soit trop tard, une transfusion de jeunesse (Arnoux, Zulma, 1960, p. 146).b) Arg. Bombardement par obus; décharge de mitrailleuse (d'apr. Esn. Poilu 1919 p. 488).
2.
Seringueur, subst. masc.,rare. Celui qui administre la seringue, le lavement. Pour un merlan et un seringueur de village, vous n'avez pas le goût mauvais (...) en dépit de votre mine qui est plutôt celle d'un donneur de clystères? (France, Rôtisserie, 1893, p. 339).
Prononc. et Orth.: [sə ʀ ε ̃:g]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1240-60 siringe « petite pompe portative employée pour lavements et injections » (Roger de Salerne, Chirurgia, 287 v ods Z. fr. Spr. Lit. t. 86, p. 257: metez siringe el col de la veissie); xiiies. ceringue « id. » (Livre des simples medecines, éd. P. Dorveaux, p. 25); 1536 « id. » (Inv. de M. de La Bourdaisière ds Gay); 2. 1625-55 fig. « mousquet » (D. Ferrand, Muse normande, éd. A. Héron, t. 1, p. 137); 1885 « fusil » (d'apr. Esn.); 1953 « revolver » (Le Breton, Rififi, p. 220); 3. a) 1808 chanter comme une seringue (Hautel); b) 1845 « personne sotte et niaise » (Besch.). Du b. lat. syringa « seringue [instrument médical] », du lat. syrinx, syringis « roseau, flûte », du gr. σ υ ̃ ρ ι γ ξ, -ι γ γ ο ς « roseau taillé et creusé, d'où flûte » et « tout objet long et étroit », en partic. « fistule » chez Hippocrate; en fr. la forme syringue est att. de 1538 à 1700 (v. FEW t. 11, p. 502). Fréq. abs. littér.: 123.