| SENSÉ, -ÉE, adj. A. − [En parlant d'une pers.] Qui a du sens, du bon sens, qui est capable de juger sainement. Synon. judicieux, sage.Croire sans évidence, sans démonstration, est un acte d'ignorance et de sottise: le crédule se perd dans un dédale d'inconséquences; l'homme sensé examine, discute, afin d'être d'accord dans ses opinions (Volney, Ruines, 1791, p. 112).Il subissait cet ensorcellement féminin, mystérieux et tout-puissant, cette force inconnue, cette domination prodigieuse, venue on ne sait d'où, du démon de la chair, et qui jette l'homme le plus sensé aux pieds d'une fille quelconque sans que rien en elle explique son pouvoir fatal et souverain (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Femme de Paul, 1881, p. 1222). − [P. méton.] D'esprit droit, sensé, modeste, parfaitement équilibré, elle ne se tourmentait de rien (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1133). B. − [En parlant des choses] Conforme à la raison, au bon sens. Synon. raisonnable.Je lui dis une foule de choses sensées, comme si la raison m'était subitement revenue (Fromentin, Dominique, 1863, p. 147).Ce n'est pas une chose sensée. Non, non, cela ne se fait pas. Un jeune homme bien élevé ne vient pas chez l'amie de son père (Duhamel, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 123). Prononc. et Orth.: [sɑ
̃se]. Homon. censé. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1567 courses et invasions mal sensees (Ass. des Etats des Dombes, ap. Valent. Smith, Ch. et doc. rel. à l'hist. des Dombes, I, 480 ds Gdf. Compl.); 2. 1629 « qui a du bon sens » (Corneille, Mélite, 1035); 1652 empl. subst. (Dubos Montandré, Le Formulaire d'État, 10 ds Brunot t. 3, p. 201); 3. 1680 « conforme à la raison » (Rich. t. 2). Dér. de sens1*; suff. -é*, peut-être d'apr. le lat. chrét. sensatus « sensé, judicieux, sage », dér. du supin du verbe sentire « éprouver une sensation ou un sentiment ». Fréq. abs. littér.: 462. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 887, b) 643; xxes.: a) 487, b) 570. DÉR. Sensément, adv.,rare, vx. D'une manière sensée. Juger sensément. Vous dites sensément les choses, s'écria le marquis, et je vois bien qu'il n'y pas là d'autre magie que celle de la sainte Providence (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 217).− [sɑ
̃semɑ
̃]. Homon. censément. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. 1531 senseement (Le Miroir hystorial, IV, 188dcité par Vaganay ds R. Ét. rab. t. 3, p. 195), 1636 sensement (Monet); de sensé, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 21. BBG. − Europäische Schlüsselwörter. II. 1. München, 1964, pp. 151-152. − Quem. DDL t. 33. |