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SEMPITERNEL, -ELLE, adj.
A. − Vx ou littér. Qui dure toujours. Synon. éternel, perpétuel.La vie sempiternelle. Je pratique comme toi l'abstinence dans la solitude. Mais c'est afin de plaire à Dieu et de mériter la béatitude sempiternelle (France, Thaïs, 1890, p. 36).Je suis ici suspendu en un arrêt total, détaché du monde; tout devient sempiternel (...) la mer se fige, à mesure qu'elle devient océan (Morand, Homme pressé, 1941, p. 301).
Empl. subst., péj., fam. Une vieille sempiternelle. ,,Une femme très vieille`` (Ac.).
B. − Familier
1. Qui ne cesse pas, qui semble durer depuis toujours. Sempiternel sujet de conversation; sempiternelle bêtise humaine, question. Rien ne ressemblait moins aux (...) bacchanales des vendanges (...) que (...) ce grand geste sempiternel du semeur semant son grain (Fromentin, Dominique, 1863, p. 19).
En partic. Qui se répète indéfiniment et en devient lassant. Synon. continuel, perpétuel.Déclamations, jérémiades, récriminations, remontrances sempiternelles. En dépit de ce calme, la sempiternelle lamentation continuait dans les couloirs: − Où allons-nous? − Ça ne peut plus durer! (Vogüé, Morts, 1899, p. 418).Rien autour de moi que la pluie sempiternelle, ou ce soleil blanc plus effrayant que la mort (Claudel, Pain dur, 1918, III, 2, p. 463).
2. [Avec un poss.] Habituel, inséparable. Avec son sempiternel chapeau. Elle n'aurait jamais consenti à sortir sans ce cabas de velours grenat, qui contenait son tricot sempiternel (France, Pt Pierre, 1918, p. 100).Tranquille, elle fume sa cigarette sempiternelle (Colette, Music-hall, 1913, p. 234).
REM. 1.
Sempiterne, subst. fém.Ancienne étoffe de laine pure analogue à la serge. (Dict. xixeet xxes.).
2.
Sempiternité, subst. fém.,rare. Immortalité, durée sans bornes. Ces interminables déclamations ronronnantes où la phrase s'énerve dans l'éternité, dans la sempiternité de la virgule (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 339).
Prononc. et Orth.: [sε ̃pitε ʀnεl], [sɑ ̃-]. Littré, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Lar. Lang. fr. et Rob. 1985: [ε ̃], [ɑ ̃]. [ε ̃], mais Martinet-Walter 1973 [ɑ ̃] en majorité. Étymol. et Hist. a) Ca 1268 « qui ne finit pas » (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, I, 14, 2); 1532 (vieille) sempiternelle « (femme) très vieille » (Rabelais, Pantagruel, XII, éd. V. L. Saulnier, p. 98, 243); b) fam. 1798 remontrances sempiternelles, bruit sempiternel (Ac.). Empr. au b. lat.sempiternalis « éternel » (vies.), dér. du lat. class. sempiternus « qui dure toujours » (d'où m. fr. sempiterme « éternel » (ca 1470, Chastellain, Eloge de Charles le Hardi ds Gdf.) et son dér. (vieille) sempiterneuse « (femme) très vieille » (ca 1450, Arnoul Greban, Mystère de la Passion, ms. Ars 6431, f o154d)), formé de semper « toujours » et de aeternus « éternel ». Fréq. abs. littér.: 66.
DÉR.
Sempiternellement, adv.Toujours, perpétuellement. Parler sempiternellement de qqn, de qqc. Elle contait souvent les mêmes histoires et revenait sempiternellement sur le froid qu'il faisait le 15 décembre 1840 (France, Pt Pierre, 1918, p. 192). [sε ̃pitε ʀnεlmɑ ̃], [sɑ ̃-]. 1reattest. 1527 (Jaques Colin ds Seyssel, tr. Thucydide, Préface ds Hug.); de sempiternel, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 12.
BBG.Quem. DDL t. 35 (s.v. sempiternité).