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SEIGNEUR, subst. masc.
A. − FÉODALITÉ
1. Haut personnage laïc ou clerc détenant une seigneurie sur les terres et les personnes de laquelle il exerce la souveraineté, en toute indépendance lorsqu'il s'agit d'alleu, ou dans le cadre de liens personnels qui l'attachent d'une part à son suzerain et d'autre part à son vassal lorsqu'il s'agit de fief. Seigneur censier*, dominant, foncier, suzerain; seigneurs féodaux; au temps des seigneurs. Sous les Mérovingiens, sous les Carlovingiens (...) l'immense majorité des serfs appartenait à des seigneurs qui étaient en définitive à peu près des grands propriétaires fonciers possédant de plus en plus à titre individuel (Jaurès,Ét. soc.,1901, p. 153).
Seigneur haut(-)justicier. Seigneur qui avait droit de haute, moyenne et basse justice. Qu'il ne fût permis qu'aux seigneurs hauts justiciers d'avoir des pigeons, et non point aux seigneurs de fiefs sans justice, par la raison que ces animaux sont nuisibles aux semailles (Cahier doléances Valençay,1789ds Doc. hist. contemp., p. 33).Emmanuel de Croy, prince du Saint-Empire, baron et gouverneur de Condé, seigneur haut justicier des terres de Condé, de Fresnes et de Breuil (Bruay), rappelle qu'à ce dernier titre il peut s'autoriser à la fois des chartes du Hainaut et de l'édit de février 1722 (E. Schneider, Charbon,1945, p. 147).
Seigneur de paroisse. Seigneur ayant une église paroissiale dans sa haute justice. [Les tenures féodales] sont des fiefs concédés par les seigneurs de paroisses, sous condition de redevances, cens, droits de justice, services, etc. Je les ai vus abonder surtout en Bretagne, dans le Limousin, le Berry, la Marche, etc. (Young,1793ds Doc. hist. contemp., p. 25).
2. P. ext. Propriétaire d'une terre, d'un ancien fief auquel avaient été attachés certains droits, devenus souvent seulement honorifiques. Jeune, petit seigneur. Notre grand-père ayant acquis la terre et seigneurie, haute, moyenne et basse justice, après avoir reconnu et avoué tenir en fief, foi et hommage (...), la dite terre et seigneurie de Goncourt, fut seigneur de Goncourt et s'appela Huot de Goncourt (Goncourt,Journal,1860, p. 737).
3. Expr. et proverbes
Nulle terre sans seigneur. Nulle terre sans seigneur, avait dit la loi féodale (A. de Broglie, Diplom. et dr. nouv.,1868, p. 152).
Tandis que le vassal dort, le seigneur veille. Le seigneur peut saisir les fruits du fief en dépit du fait que le vassal ait omis de rendre foi et hommage. (Ds Ac. 1798, Littré, Guérin 1892).
Tant vaut le seigneur, tant vaut la terre. Le revenu de la seigneurie est fonction du soin qu'en prend le seigneur. (Dict. xixeet xxes.).
B. − HISTOIRE
1. Noble de haut rang remplissant une fonction importante et/ou faisant partie de l'entourage du monarque. L'étonnante lumière que les Mémoires [de Saint-Simon] nous ouvrent sur la mentalité d'un grand seigneur à la cour du Roi Soleil? (M. Bloch, Apol. pour hist.,1944, p. 25):
1. ... toute la chevalerie de France avait été moissonnée; le roi avait perdu sept de ses parens les plus proches (...). Parmi les seigneurs on comptait le comte de Dampierre, le sire de Rambure, le sire de Helly, messire Guichard Dauphin, le sire de Veschin, sénéchal de Hainaut, le comte de Vaudémont. Barante,Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 79.
Chambre des Seigneurs. Assemblée composée de hauts personnages et désignée de manière plus usuelle par Chambre des Lords ou Chambre haute (au Royaume-Uni, p. oppos. à Chambre des Communes ou Chambre basse), Chambre des Pairs (en France sous la Restauration). Venant de prendre son siège à la Chambre des Seigneurs de Prusse, dont il est membre de naissance (Goncourt,Journal,1861, p. 899).Dès lors, il suffira que les quatre éléments restants se groupent deux à deux − prélats et barons d'une part, représentants des comtés et des bourgs et villes d'autre part − pour que l'on voie apparaître deux Chambres dans le Parlement: la Chambre des Lords (c'est-à-dire des seigneurs) et la Chambre des Communes (Vedel,Dr. constit.,1949, p. 34).
Haut et puissant seigneur. [Appellation désignant sous l'Ancien Régime le possesseur d'une grande seigneurie titrée] La religion avoit averti les chevaliers de cette vanité des choses humaines, lorsqu'à la suite d'une longue énumération de titres pompeux: Haut et puissant Seigneur, messire Anne de Montmorency, connétable de France, etc., etc., elle avoit ajouté, priez pour son ame, pauvres pécheurs (Chateaubr.,Génie, t. 2, 1803, p. 349).
Péj. [P. oppos. à la noblesse milit.] Seigneur de parchemin. Homme de robe anobli de fraîche date. (Ds Littré, Guérin 1892).
2. Grand seigneur. Seigneur de haut rang et personnage important. Les grands seigneurs remirent au roi Henri leur soumission et leur serment scellés de leur sceau (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24p. 324).Le seul grand seigneur catholique qui réside encore au milieu de ses vassaux est le duc de Leinster (Michelet,Journal,1834, p. 139).
C. −
1. Celui qui commande; maître. Quand les rois se regardent comme seigneurs absolus de tout ce que possèdent leurs sujets, les sujets enfouissent ce qu'ils possèdent ou le dissipent (Constant,Princ. pol.,1815, p. 116).Ainsi le seigneur du domaine, dans la rosée de l'aube, porte dans son cœur, en se promenant, jusqu'au sommeil des métayers (Saint-Exup.,Citad.,1944, p. 552).
a) Seigneur et maître/maître et seigneur. Maître absolu. Nous nous félicitions d'avoir tout entrevu, excepté cependant l'animal que l'on appelle raisonnable, et dont plusieurs se croient bonnement seigneurs et maîtres de la terre (Dusaulx,Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 246).Si le duc venait à disparaître, il serait lui, seul maître et seigneur de cette prodigieuse fortune (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p. 282).
Au fig. (En) maître et seigneur. Sans partage. Le roman s'est établi en maître et seigneur dans la littérature. Il nous déborde, il nous inonde (Chênedollé,Journal,1833, p. 164).
Fam., plais. (Mon) seigneur et maître/(mon) maître et seigneur. (Mon) mari, (mon) époux, maître de maison tout puissant. Que m'importait (...) que les femmes fussent soumises, si d'autre part je ne savais comment aborder leur maître et seigneur? (Toepffer,Nouv. genev.,1839, p. 228).Folcoche (...) boursicotait à la petite semaine, donnant des leçons à son seigneur et maître, qui gérait « si mal » sa fortune (H. Bazin, Vipère,1948, p. 241).
b) Vieilli. Le grand(-)seigneur. L'empereur des Turcs. Synon. sultan (v. ce mot A 1 b).Dans la religion mahométane, les chefs de l'État se disent les descendants du prophète: tel est le grand-seigneur chez les Turcs, le sofi de Perse, le grand-mogol (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p. 297).Pascal dit qu'il faudrait avoir une raison bien épurée pour regarder comme un autre homme le grand Seigneur environné dans son superbe sérail de quarante mille janissaires (Mauriac,Journal 2,1937, p. 196).
c) ASTROL. Planète dominante d'une maison céleste. Chaque astre possède une « maison » qui lui appartient en propre: il est le seigneur de la maison, et son influence est « plus grande » là que partout ailleurs (Boll,Qq. sciences captivantes,1941, p. 194).Dis-moi, Hombrécito, le nom du Seigneur de l'heure? Jupiter? Vénus? Saturne? (Arnoux,Seigneur,1955, p. 143).
2. [Avec une majuscule] RELIG. Dieu, considéré comme le maître souverain et absolu de toutes choses. Esprit, voies, volonté du Seigneur; face, main, parole du Seigneur; maison, temple du Seigneur; le nom, la paix du Seigneur; Seigneur des armées; Seigneur des seigneurs. Si Dieu est le Seigneur des siècles, Satan est le prince du temps présent, qui est un temps d'iniquité (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 339):
2. Tertullien répond: Les termes Dieu et Seigneur ne sont pas assimilables. Le premier convient à Dieu pris en lui-même et pour lui-même, par conséquent toujours (...); et cela, parce qu'il désigne la substance même de Dieu, ou la divinité. Il en va tout autrement du mot Seigneur [it. ds le texte]; il ne désigne pas la substance, il se rapporte à la puissance divine, considérée non pas absolument, telle qu'elle fut toujours en Dieu, mais relativement, dans son exercice, temporel et contingent. Théol. cath.t. 4, 11920p. 1059.
Le jour du Seigneur. [P. réf. à Gen. II, 2] Jour que s'est réservé Dieu, le dimanche. Et voilà ce jour du Seigneur, ce dimanche qui m'est dû (H. Bazin, Vipère,1948p. 250).
Le Seigneur
[Ancien Testament] Dieu le Père. C'est pourquoi le Seigneur dit: Je connais les pensées des sages et je sais jusqu'à quel point elles sont vaines (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels,1883, p. 387).Ce Dieu invisible se manifestait, sous des formes sensibles, à Moïse dans le buisson ardent; (...) et Moïse se voilait la face pour ne pas voir le Seigneur (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 964).
[Nouveau Testament] Le Christ, deuxième personne de la Trinité. − Il n'y a pas de lys des champs (...). − Alors pourquoi le Seigneur nous dit-il: « Regardez les lys des champs? » − Il y en avait sans doute de son temps, pour qu'il le dise; mais les cultures des hommes les ont fait disparaître (Gide,Symph. pastor.,1919, p. 909).
Notre-Seigneur. Le Christ. Quelle prière! Quelle ferveur! Quelle assiduité! Quelle confiance! Quelle familiarité avec Notre-Seigneur présent à l'autel! (Dupanloup,Journal,1860, p. 222).
Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le Christ. Je vous adjure de faire aujourd'hui très exactement ce que vous feriez si Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même, accompagné de la Sainte Vierge, de tous les apôtres, de tous les Saints et Saintes et de tous les Anges, venait ici vous solliciter (Billy,Introïbo,1939, p. 113).
[Exclam. exprimant la surprise mêlée de crainte] Seigneur! Seigneur Dieu! Seigneur Jésus. Si votre père se réveillait! Seigneur Dieu! Pourvu qu'un malheur n'arrive pas! (Flaub.,Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 192).− Lui, seigneur Jésus?... Ah! le pauvre homme... il aurait bien trop peur (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p. 164).
(Être/se promener) dans les vignes du Seigneur. (Être) ivre. [Il] s'enivra trois ou quatre fois, pour la gaieté de la tante Caroline (...) qui répétait: − Je crois que mon jeune neveu se promène dans les vignes du Seigneur!... Mais il fut si malade, les lendemains, que la douleur des indigestions et des migraines l'assagit (Adam,Enf. Aust.,1902, p. 230).
D. −
1. Personnage important qui occupe une place de premier plan, qui a la suprématie dans un domaine où il exerce une grande influence, voire une domination. Seigneur de la banque, du textile. Ces grands féodaux sont, en Amérique, des seigneurs de l'argent. Ils appartiennent à des noblesses d'origines diverses. Les uns ont grandi légalement, au moins en apparence. Ce sont les seigneurs de la banque, de l'industrie et du commerce (Maurois,Mes songes,1933, p. 262):
3. Il y a une profonde insensibilité aux vertus qui surprend et scandalise beaucoup plus que le vice. Ceux que la bassesse publique appelle grands seigneurs, ou grands, les hommes en place, paraissent, pour la plupart, doués de cette insensibilité odieuse. Chamfort,Max. et pens.,1794, p. 41.
Race des seigneurs. [P. réf. à la doctrine, influencée par Nietzsche exaltant l'homme supérieur, établissant une hiérarchie entre les races et les nations et selon laquelle une race supérieure cherche à établir sa domination sur le monde] Synon. cour., péj. race aryenne*.Ils représentent les races inférieures, destinées à le rester éternellement; « peuples de nature » travaillant pour les autres races et, sans conteste, pour la « race des seigneurs » (Marin,Ét. ethn.,1954, p. 30).
2. Celui qui brille particulièrement dans un domaine où il détient une supériorité sur ses pairs. Seigneur de l'Art, du stade, du peloton. Ces grands seigneurs de la peinture (...) déploient une agilité merveilleuse à couvrir une toile (Baudel.,Salon,1846, p. 119).M. Villemain (...) ce haut et puissant seigneur qui régnait à l'Académie comme à l'Université et à qui chacun rendait sans qu'il se crût obligé à rien en retour (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 11,1869,p. 425, note).
3. (Grand) seigneur. Celui qui se distingue par sa noblesse, son élégance, sa générosité. Il était lié d'amour à toutes les terres et à tous les arbres de la terre. C'était lui le généreux, le prodigue, le grand seigneur! C'était lui, comme Guillaumet, l'homme courageux (Saint-Exup.,Terre hommes,1939, p. 167).Et voici, Messieurs, une école différente où ce n'est plus un maître ouvrier [Péguy] qui enseigne le socialisme, mais un grand seigneur [le maréchal Lyautey] les belles manières de l'âme (Cocteau,Poés. crit. II,1960, p. 165).
Loc. adv. En seigneur, en grand seigneur. À la manière, réelle ou supposée telle, d'un grand personnage; comme le ferait un grand seigneur. J'allais voir près de Loisy mon pauvre oncle, mort aujourd'hui. Depuis trois ans, je dissipe en seigneur le bien modeste qu'il m'a laissé (Nerval,Filles feu, Sylvie, 1854, p. 598).Le trio s'installait gaiement autour d'une table et, en grand seigneur, Mimar offrait une tournée (Dabit,Hôtel Nord,1929, p. 57).
Vivre en seigneur, en grand seigneur. ,,Vivre sans rien faire et magnifiquement`` (Ac. 1835-1935). Les nouveaux maîtres, ayant des mœurs rurales grossières, ne vivraient pas en grands seigneurs, mais en chefs de grands domaines (Sorel,Réflex. violence,1908, p. 128).
Vêtu, logé comme un (grand) seigneur. ,,Très bien vêtu, très bien logé`` (Ac. 1835-1935).
Souvent péj. Faire le, jouer au (grand) seigneur. Faire l'important; dépenser beaucoup, par magnificence ou ostentation, avec grandeur. Gobseck a loué l'hôtel du comte, il va passer les étés dans les terres, fait le seigneur, construit les fermes, répare les moulins, les chemins, et plante des arbres (Balzac,Gobseck,1830, p. 436).La belle découverte! tu voudrais (...) faire le grand seigneur, rouler en carrosse (Augier,Habit vert,1849, p. 270).
En appos. avec valeur d'adj. inv. Grand seigneur. Madame, je suis toujours le même, mais un ancien négociant est et doit être grand seigneur avec méthode, avec économie, il porte en tout ses idées d'ordre (Balzac,Cous. Bette,1846, p. 282).Il avait une allure très grand seigneur, ce souverain mépris pour toute excuse (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 181).
4. Proverbe. À tout seigneur tout honneur/à tous seigneurs tous honneurs. Il faut rendre à chacun ce qui lui est dû, selon son rang, son mérite, sa fonction. Quand je serai sergent, je serai quelque chose, et j'épouserai Pierrette. Un sergent, c'est un seigneur, et à tout seigneur tout honneur (Vigny,Serv. et grand. milit.,1835, p. 99).Gabriel à Caroline: On peut faire deviner les objets? Caroline à Gabriel: (...) L'abbé va sortir le premier: à tout seigneur, tout honneur (Mauriac, Feu sur terre,1951, i, 1, p. 18).
Au fig. Il faut commencer par le plus important. À tout seigneur tout honneur, commençons par l'horlogerie (Decaux,Mesure temps,1959, p. 30).
5. Vieilli. [Gén. suivi d'un n. propre]
a) [Appellation, titre, terme d'adresse exprimant la révérence] Elle me dit: − Mon officier, où me menez-vous? − À la prison, ma pauvre enfant, lui répondis-je (...). − Hélas! Que deviendrai-je? Seigneur officier, ayez pitié de moi. Vous êtes si jeune, si gentil! (Mérimée,Carmen,1845, p. 34).− Mon cher seigneur, dit Giulia, n'avez-vous pas soif? Ne boiriez-vous pas? − Oui, répondit le Duc; que l'on m'apporte du lait... (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p. 317).
P. iron. Maintenant, voyons, qu'est-ce que le seigneur Luigi Vampa? Est-il berger ou patricien? Est-il jeune ou vieux? (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 431).
b) THÉÂTRE. [Titre que se donnent les personnages masculins de haut rang dans la tragédie classique ou dans des pièces à sujet historique] Lorenzo: Voilà le soleil qui se couche; je n'ai pas de temps à perdre (...). Il frappe à une porte. Holà! seigneur Alamanno! Holà! (Musset,Lorenzaccio,1834, iv, 7, p. 232).Fabio: (...) À demain donc. Marcelli: À demain, seigneur Fabio (Nerval,Filles feu, Corilla, 1854, p. 670).
REM. 1.
Seigneuresse, subst. fém.,rare. Épouse du seigneur. Un page vint annoncer que deux inconnus, à défaut du seigneur absent, réclamaient tout de suite la seigneuresse (Flaub.,St Julien l'Hospitalier,1877, p. 109).
2.
Seigneuriser, verbe.a) Empl. trans. Dominer, régner sur. (Ds Guérin 1892, Nouv. Lar. ill.). P. métaph. Quelque petit castel perché là (...) qui seigneurisait les marais (Balzac,Béatrix,1838, p. 84).Empl. pronom. Se donner le titre, l'apparence d'un seigneur. Il avait été chevalier de l'Ordre et s'était « seigneurisé » sous le nom de comte de La Vauguyon (La Varende,Saint-Simon, 1955, p. 218).b) Empl. intrans., péj. Exercer le pouvoir d'un seigneur. Veut-il du vin, elle lui verse de la cervoise; veut-il du pain blanc, elle lui sert du gruau; elle n'a plaisir que de lui désobéir, car c'est elle qui « seigneurise » (Faral,Vie temps st Louis,1942, p. 148).
3.
Sénieur, subst. masc.,hist. eccl. ,,Nom qu'on donnait dans plusieurs communautés au plus ancien, au doyen``(Ac. 1835, 1878). ,,Le sénieur de Sorbonne`` (Ac. 1835, 1878).
Prononc. et Orth.: [sε ɳ œ:ʀ], [se-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 842 sendra cas suj. sing. féod. « celui de qui dépendent des terres, des personnes » (Serments Strasbourg ds Henry Chrestomathie t. 1 1970, p. 1: karlus meos sendra); fin xes. senior cas rég. sing. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 251: lo saludent cum senior); ca 1050 seignor (Alexis, éd. Chr. Storey, 600); ca 1100 seignur cas suj. sing. (Roland, éd. J. Bédier, 3056 [ici par exception, habituellement sire au cas suj.]); b) 1349 a tous seigneurs toutes honneurs (G. de Machaut, Jugement du Roy de Navarre, 1472 ds Œuvres, éd. E. Hoepffner, t. 1, p. 187); 1606 a tout seigneur tout honneur (Proverbia gal. et latina, p. 2b ds Nicot); 2. a) 2emoit. xes. senior cas rég. sing. « Dieu » (St Léger, éd. J. Linskill, 239); fin xes. sennior (Passion, 80); b) 1680 Seigneur! interj. (Mmede Sévigné, Corresp., 15 juin, éd. R. Duchêne, t. 2, p. 975); 1840 seigneur Dieu! (Bayard et Dumanoir, Les Guêpes, VI in Répertoire dram., IV, Henriot-Beck ds Quem. DDL t. 6); 3. a) ca 1050 en apostrophe, terme de civilité seignors (Alexis, 621); 1642 lang. class. Seigneur (Corneille, Polyeucte, 1763); b) ca 1100 seignurs titre honorifique donné aux personnages de haut rang (Roland, 2968); 4. a) ca 1050 seinur « mari » (Alexis, 155); b) 1662 seigneur et maître p. plaisant. « mari » (Molière, École des femmes, III, 2: son Seigneur et son Maistre); 5. 1176 seignor fig. « maître » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 3842-43: Et qui a Amor se comande Son mestre et son seignor an feit); 6. ca 1200 grant sanior « personne riche, de condition élevée » (Poème moral, éd. A. Bayot, 1801-02: tot seront grant sanior Tant avront d'abundance); 1665 grand seigneur (La Fontaine, Contes, 1repart., II, 58, éd. H. Régnier, t. 4, p. 69: Janot n'est pas fort grand seigneur); 1690 faire le grand seigneur (Fur.); 7. 1939 cycl. (Les Sports, 2 juill. in Lapaille, p. 39 ds Quem. DDL t. 13: les grands seigneurs du peloton). Du lat. seniorem, accus. de senior « plus âgé » (compar. de senex « vieux »), subst. « vieillard; soldat de plus de quarante cinq ans; ancien dans une assemblée » devenu dès le b. lat. et notamment en lat. chrét. un terme de respect: « ancien; chef d'une communauté chrétienne, notable d'une communauté chrétienne; ancien moine, supérieur d'une communauté monastique; seigneur (en parlant d'un évêque, d'un roi) », v. aussi FEW t. 11, p. 458 et Hollyman, pp. 98-109. Le nomin. senior a donné l'anc. cas suj. sendra (cf. moindre/mineur), très tôt remplacé par sire* (cf. également sieur). Fréq. abs. littér.: 8 454. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 18 438, b) 10 685; xxes.: a) 9 506, b) 8 776.
DÉR.
Seigneuriage, subst. masc.,hist. du dr. Droit qu'un seigneur battant monnaie, puis le roi, prélevait sur la fabrication de cette monnaie. Dans d'autres temps et dans d'autres pays, les gouvernemens ont cru pouvoir retenir sur les métaux qu'on portait à leurs ateliers, outre leurs frais de fabrication, un droit régalien qu'ils ont nommé droit de seigneuriage (Say,Écon. pol.,1832, p. 251).La recommandation relative au seigneuriage avait déjà été concédée par Calonne, puisque celui-ci avait limité le seigneuriage au coût véritable de la refonte. Par ce célèbre édit de Calonne, qui prescrivait aussi la refonte, le droit de seigneuriage a été pratiquement abandonné pour la France (Shaw,Hist. monnaie,1896, p. 136). [sε ɳ œ ʀja:ʒ], [se-]. Att. ds Ac. 1694-1878. 1resattest. a) ca 1130 seignurage « seigneur » (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 29), b) ca 1165 seignorage « seigneurie, autorité seigneuriale » (Troie, éd. L. Constans, 6911), c) 1320 signerage « droit seigneurial » (Cart. du Hainaut, n o16, Chron. belg. ds Gdf.: le souverainetei de signerage et de haute justice), d) 1359 seignoraige « droit prélevé par le souverain sur la fabrication des monnaies » (Arch. du Nord, B 1596, f o78 ds IGLF: sleyscat et seignoraige de noz dictes monnoies), 1386 seignourege (doc. belge ds Bibl. de l'Éc. des Chartes t. 89, p. 349 ds Fonds Barbier), 1421 seigneuriage (Ordonn. des Rois de France, t. 11, p. 121); de seigneur, suff. -age* (-iage prob. sous l'infl. de seigneurie*). Cf. le lat. médiév. senioraticus « autorité seigneuriale; redevance due au seigneur » (xes. ds Nierm.).
BBG. Dub. Pol. 1962, p. 417. − Foulet (L.). Sire, messire. Romania 1951, t. 72, pp. 340-346, 504-528. − Hollyman 1957, p. 89, 102, 106 - 107, 166. − O'Gorman (R.). Encore anc. fr. Sire, Seigneur « Beau-père ». Romania 1965 t. 86, pp. 393-394. − Planche (A.). Moy. Âge et presse quotidienne. Persp. médiév. 1976, n o2, p. 81. − Quem. DDL t. 13, 31 (s.v. seigneuriser), 32. − Regnier (Cl.). Sur un emploi de seigneur qui manque à Godefroy. Romania. 1960, t. 81, pp. 522-524 ; À propos de sire, seigneur « beau-père ». Romania. 1962, t. 83, pp. 117-118. − Robin (R.). Hist. et ling.: premiers jalons. Lang. fr. 1971, n o9, pp. 52-54.