| SECTAIRE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − [En parlant d'une pers. ou d'un groupe de pers.] Qui fait preuve d'intolérance plus ou moins agressive et d'étroitesse d'esprit à l'égard des opinions religieuses, philosophiques ou politiques d'autrui. Synon. fanatique, intolérant; anton. éclectique, libéral, tolérant.Militant, partisan sectaire. Ce qui l'aurait intéressé, ç'aurait été de parler avec Lachaume ou n'importe quel autre communiste intelligent et pas trop sectaire (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 382). B. − [En parlant d'un inanimé] Qui manifeste du sectarisme. Attitude, culte, point de vue, religion sectaire; intransigeance, intolérance sectaire; enseignement, livre sectaire. L'homme de la justice (...) et de la logique, éprouvait une véritable terreur devant les violences sectaires, devant la confusion et le désarroi de toutes les idées égarées par un vent de déraison furieuse (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 23).Pendant toute la période qui va de 1920 à 1933, période qu'on peut, sans entrer dans les détails, qualifier en gros de sectaire, L'Humanité tire à 150 000 - 175 000 numéros quotidiens (Civilis. écr., 1939, p. 38-4). II. − Substantif A. − Vieilli ou hist. Adepte déclaré et sans réserve d'une doctrine philosophique ou politique. Synon. adepte, sectateur (vieilli ou hist.), séide (péj.).Les sectaires de Platon. Disciple de la vérité seule, mais non des maîtres les plus célèbres parmi les hommes; admirateur, mais non sectaire des Descarte ou des Newton (Senancour, Rêveries, 1799, p. 215).Le mal est que les premiers sectaires ne purent parvenir à fonder leur république néo-platonicienne, lorsque Gallien permit à Plotin d'en faire l'essai dans la Campanie: plus tard, on eut le très grand tort de brûler les sectaires, quand ils voulurent établir la communauté des biens, déclarer la prostitution sainte (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 46). B. − Domaine relig., vieilli ou hist., souvent péj.Membre d'une secte religieuse. Synon. sectateur.Les sectaires de la religion de Fo révéraient un doigt de ce prétendu dieu: on l'exposait comme une relique tous les trente ans, et alors on publiait que l'année était des plus abondantes (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p. 439). C. − P. ext., péj. Partisan fanatique et intolérant d'un système quelconque. Sectaire emporté, exalté; sectaire politique. Clélia était une petite sectaire de libéralisme (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 301).L'orgueilleux monologue du fanatique ou du sectaire (Mounier, Traité caract., 1946, p. 659).V. fanatique ex. 1. Prononc. et Orth.: [sεktε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1566 « protestant » (Cardinal de Granvelle, Corresp., éd. E. Poullet, t. 1, p. 465); 2. 1584 « membre d'une secte religieuse » (Thevet, Homme illustr., f o19 r ods Gdf. Compl.); 3. 1825 « personne qui fait preuve d'intolérance, d'étroitesse d'esprit » (Stendhal, Racine et Shakspeare, t. 1, p. 130); 4. 1871 adj. « propre à une secte » (Littré); 5. 1890 adj. « qui manifeste du sectarisme » (Renan, Avenir sc., p. 111). Dér. de secte*; suff. -aire1* et 2*. Fréq. abs. littér.: 199. Bbg. Dub. Pol. 1962, pp. 416-417. − Richard (W.) 1959, pp. 33-35. |