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SCIER1, verbe
I. − Empl. trans.
A. − Couper avec une scie. Scier du marbre, du métal; scier un arbre, une planche, une charpente. Il y avait une dizaine d'ouvriers qui sciaient des pierres en sifflant (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 184).Sur le chevalet installé devant la porte de la cabane, il sciait le bois pour le feu, car le froid devenait dur (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 258).
P. métaph. Napoléon (...) scie en deux l'armée autrichienne, il effectue le passage de la Salza (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 402).
Loc. verb. fig. Scier la branche sur laquelle on est assis. Provoquer sa propre chute. La bourgeoisie, qui ne se souvient plus de 1848, est de l'opposition et aide à scier la branche sur laquelle elle est assiégée (Mérimée, Lettres Panizzi, t. 2, 1864, p. 20).
Empl. pronom. à sens passif. Les pierres dures se scient avec la scie à lame sans dent et au grès mouillé (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 1, 1929, p. 72).
En partic.
Scier des planches. Les fabriquer en les découpant dans un tronc d'arbre ou une pièce de bois. L'effet était surtout bizarre avant Rotterdam: Je voyais mêlés les moulins et les mâts de vaisseaux. Ces moulins (...) se font par l'association des familles qui ont à moudre, à scier des planches, etc. (Michelet, Journal, 1837, p. 230).
Scier (un arbre) en planches. Aussitôt les arbres choisis, on les abattit, on les débita, on les scia en planches, comme eussent pu faire des scieurs de long (Verne, Île myst., 1874, p. 302).
Scier un condamné. Le mettre à mort en lui sciant le corps de haut en bas. S'il n'a pas scié ses victimes [Louis Bonaparte] (...) comme Christiern II, s'il n'a pas enfoui les gens en vie comme Ludovic-le-Maure (...) c'est que le siècle s'y refuse obstinément (Hugo, Nap. le Pt, 1852, p. 123).
Vx. Couper (des céréales) à la faucille. Scier de l'orge. Les travailleurs (...) se penchaient et se relevaient avec un mouvement régulier, sciant le blé de leurs faucilles au-dessous de l'épi (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 265).
B. − P. anal.
1. Vx, arg., pop. Scier le boyau, les cordes (d'un violon). En jouer maladroitement, le racler. Une virago grimpée sur une chaise scie à grands coups d'archet les cordes d'un méchant violon (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 325).[Le violoniste Johannès Wolf] scie le boyau avec des contorsions sentimentales qui atteignent le délire dans l'horrible cadence de son premier morceau − une cadence de Saint-Guy (Willy, Bains de sons, 1893, p. 252).
2. [Le suj. désigne une chose] Blesser, meurtrir, par un mouvement de frottement continu. Courroie qui scie l'épaule, la main. La plupart du temps je ne puis porter le panier aux provisions, qui me scie le bras en revenant du marché (Balzac, Pierrette, 1840, p. 124).
C. − Au fig., fam.
1. Scier qqn
a) Le briser, le démolir, physiquement ou moralement; l'empêcher d'agir. Il avait tenté d'exterminer son ministre, d'aveugler son regard, de lui scier les poignets à distance sans y réussir (Arnoux, Suite var., 1925, p. 216).C'est lui qui a monté André, qui m'a scié dans son estime... (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 172).
b) Étonner, stupéfier. Cette nouvelle m'a scié. (Dict. xxes.).
c) Arg. Scier une femme. Se séparer d'elle, la répudier. Léa devenait paresseuse, je l'ai sciée (Pt Simonin ill., 1957, p. 259).
2. Pop. Scier qqn, scier le dos de qqn. Le fatiguer, l'ennuyer (par la répétition constante de quelque chose). Diable! son dîner me scie le dos, car il faudra se mettre en bas de soie, et pas de fumerie après le dîner! (Mérimée, Double mépr., 1833, p. 20).V. opiniâtrer A 1 ex. de Sainte-Beuve.
II. − Empl. intrans., ÉQUIT. Scier (du bridon, du filet). ,,Actionner les rênes successivement pour faire coulisser le mors dans la bouche du cheval, afin de la contenir`` (St-Riquier-Delp. 1975). Un peloton de cavalerie entra à toute bride dans la ville (...) s'arrêta pile, en sciant sur les mors (La Varende, Goût esp., 1946, p. 19).
Prononc. et Orth.: [sje], (il) scie [si]. Homon. et homogr. scier2, si, ci, sis, six (six francs). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1120 seier « couper (le blé, l'herbe) avec la faucille, la faux » (Psautier Oxford, 128, 6 ds T.-L.); ca 1200 sier (Escoufle, 1480, ibid.); 1538 scier (Est.); b) 1176-84 soiier « couper avec la scie » (Gautier d'Arras, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 5207); ca 1200 seër (Simon de Freine, St Georges, 673 ds Œuvres, éd. J. E. Matzke, p. 83); ca 1375 sier (Cuvelier, Chron. de B. du Guesclin, éd. E. Charrière, 19484); c) 1842 équit. scier du bridon ou du filet (Ac. Compl.); 2. a) 1748 scier qqn « l'ennuyer, le fatiguer » (Collé, Journal, I, 432 ds Brunot t. 6, 1214, note 1); 1808 scier le dos avec une latte « id. » (Hautel); 1818 ça me scie le dos! (Chênedollé, Journal, p. 92); 1801 sciant part. prés. adj. « ennuyeux » (Jocrissiana, 36, in Dagneaud, 39 ds Quem. DDL t. 14); b) 1888 scier qqn « le congédier » (d'apr. Esn.); c) 1944 « étonner, surprendre, suffoquer » T'es scié...! (Céline, Guignol's band, p. 139 ds Rob. 1985). Du lat. class. sĕcare « couper, découper » d'où les formes d'a. fr. seier, soyer (seyra) que l'on rencontre encore dans les pat. (FEW t. 11, p. 363b, 364 et 366); sier s'est développé en a. et m. fr. d'apr. les formes accentuées et le subst. scie*; le c, introd. dans l'orth. d'abord dans le subst. scieur* pour le distinguer de sieur « seigneur », v. ce mot (FEW loc. cit., p. 371, note 1) a été étendu au verbe seulement au xvies., en partic. aussi pour rappeler le verbe lat. Le sens 1 a existait déjà en lat. dans l'expr. pabulum (« fourrage ») secare et s'est conservé encore actuellement dans les dial. (FEW, loc. cit., p. 363b et 364); cf. aussi l'a. prov. segar, ca 1140 (Trad. du Code de Justinien, fol. 17 ds Rayn.) et l'ital. segare, xiiies. (DEI). Fréq. abs. littér.: 302. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 373, b) 555; xxes.: a) 437, b) 399.
DÉR.
Scieur, subst. masc.a) Ouvrier dont le métier est de scier. Scieur de bois. Il fut tour à tour terrassier, valet d'écurie, scieur de pierres (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Vagabond, 1887, p. 668).Scieur de long, scieur de planches. Ouvrier qui scie les troncs d'arbre dans le sens de la longueur pour en débiter des planches. Je crus rêver en n'apercevant plus à leur place qu'un monceau de troncs abattus, de branches écorcées et saignantes jonchant la terre, et le chevalet des scieurs de planches, semblable à un instrument de supplice, où la scie grinçait en fendant les arbres de ses dents (Lamart., Raphaël, 1849, p. 307).Un chantier où des scieurs de long débitaient des troncs de mélèzes et de sapins (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 189).b) Propriétaire d'une scierie, entrepreneur. Quel que soit le nombre réel de scieurs, certains possèdent plusieurs scieries (Forêt fr., 1955, p. 50). [sjœ:ʀ]. Homon. sieur. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. a) ca 1170 sejurs « celui qui coupe les blés » (Rois, éd. Curtius, p. 180), ca 1190 soieor (Renart, éd. M. Roques, 8983), 1555 sieur (Ronsard, Odes, V, 145 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. VII, p. 72), actuellement dial. (v. FEW t. 11, p. 365b), b) 1247 « celui dont le métier est de scier le bois » huon le scieur (Chartes de Douai, mars ds Z. rom. Philol. t. 14, p. 305); de scier1, suff. -eur2*; pour l'apparition du -c-, v. étymol. supra. Fréq. abs. littér.: 48.
BBG.Quem. DDL t. 32. − Thomas (A.). Fr. scieur de long. Romania. 1907, t. 36, p. 102; 1911, t. 40, pp. 442-443.