| SATURNALES, subst. fém. plur. A. − ANTIQ. ROMAINE. Fêtes accompagnées de grandes réjouissances, célébrées en l'honneur de Saturne, pendant lesquelles les esclaves jouissaient d'une apparente liberté et où tout était permis. Saturnales romaines; sanguinaires saturnales d'esclaves. Cette plaisanterie du Roi de la Fève nous vient des Romains, dont les enfans, pendant les saturnales, tiraient au sort à qui serait roi du festin? (Jouy,Hermite, t. 5, 1814, p. 32).D'après Macrobe, pour les saturnales, les Romains s'offraient des gâteaux, et le poète Horace fait allusion à la coutume « le roi boit! » (Dévigne,Légend. de Fr., 1942, p. 99). B. − P. ext. Fêtes débridées pendant lesquelles tous les excès sont permis. Synon. orgie.Toutes accouraient, les cheveux dénoués, le torse à peine couvert d'une tunique de mousseline, − et les danses, affolées et lascives, duraient souvent jusqu'au matin. Pomaré se prêtait à ces saturnales du passé, que certain gouverneur essaya inutilement d'interdire (Loti,Mariage, 1882, p. 129). ♦ Au sing. C'était leur jour, leur fête des fous, leur saturnale, l'orgie annuelle de la basoche et de l'école. Pas de turpitude qui ne fût de droit ce jour-là et chose sacrée (Hugo,N.-D. Paris, 1832, p. 44). − Au fig. Temps de débordement, manifestation violente (de quelque chose). Saturnales du pouvoir; saturnales du vice. Il avait voté pour M. Dewinck (...) parce qu'il était le drapeau de l'ordre. Oui, les saturnales de la terreur pouvaient renaître (Zola,Pot-Bouille, 1882, p. 374).Il est grand temps de supprimer l'assistance honorifique et pécuniaire que nous prêtons, de père en fils, à ces orgies de médiocrité, à ces saturnales de sottise (Huysmans,Art mod., 1883, p. 301). Prononc. et Orth.: [satyʀnal]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1355 saturneles plur. « fêtes en l'honneur de Saturne » (Bersuire, Tite-Live, ms. Ste-Gen., f o37b ds Gdf. Compl.); 1541 festins saturnaux (G. Michel, trad. de Suétone, Des faictz et gestes des douze Caesars, II, 82 v ods Hug.); 2. 1666 au fig. saturnales plur. (Guy Patin, Lettres choisies, Rotterdam, 1689, 342 ds Fr. mod. t. 33 1965, p. 229). Empr. au lat.saturnalia « fêtes en l'honneur du dieu Saturne; jours de réjouissances, de liberté absolue », neutre plur. de l'adj. saturnalis « de Saturne », dér. de Saturnus, v. l'étymol. de saturne. Fréq. abs. littér.: 58. |