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SATELLITE, subst. masc. et adj.
I. − Subst. masc.
A. −
1. Vieilli. Homme attaché au service d'un autre qu'il escorte et auquel il sert de garde du corps. Sylla, alors consul, voulait pour lui-même la conduite de la guerre d'Asie. Sulpicius et ses satellites l'enfermèrent dans la maison de Marius et lui firent jurer de se désister (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 175).
2. P. ext., péj. Homme entièrement dévoué aux ordres d'un autre. Nasuf (...) en entrant chez moi la première fois, (...) avoit, de concert avec le calife, fait cacher autour de ma maison une troupe de satellites armés, qui devoient paroître à un signal convenu (Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 272).Je me sentis appelé à guider, à régénérer l'humanité. J'avais quinze ans à peine, mais on vieillit vite à l'école de l'oppression. Nous venions de mettre en fuite les satellites étrangers soldés par la tyrannie; j'entrai le premier au Louvre (Sandeau, Sacs, 1851, p. 52).
[Avec compl. subst. introd. par de] Les satellites de Cromwell renversèrent des pouvoirs civils qui n'avaient encore ni force ni dignité (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 345).
B. −
1. ASTRON. Corps de nature planétaire accomplissant sa révolution autour d'une planète principale à laquelle il est lié par la gravitation et qu'il accompagne en même temps dans sa propre révolution. Satellite de la terre, de Jupiter. Les planètes du second ordre ou satellites, qui font leur révolution autour d'une planète principale, servent à lui renvoyer les rayons du soleil par leurs réverbères, dont les foyers seraient dérangés à chaque instant, si elles avaient un mouvement de rotation (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 357).V. graviter A 1 ex. de Flammarion.
2. P. anal.
a) Nation, pays dépendant politiquement ou administrativement d'un autre; en partic., état contrôlé par l'Union soviétique à la suite des accords de Yalta. La défaite où le pays roulait sous les coups de la Prusse et de ses satellites allemands, avaient submergé les Français (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 236).Le maintien prolongé de la sujétion de l'Europe centrale, dans la fièvre libérale qui s'annonce en U.R.S.S., ne peut manquer d'entraîner en Allemagne orientale ou chez les satellites de très graves remous capables de produire des tensions très dangereuses pour la paix (Beaufre, Dissuasion et strat., 1964, p. 173).
b) Personne, collectivité, nation ayant un lien d'assujettissement, de dépendance et/ou de protection avec une autre. La mort devrait, selon lui, être supposée antérieure à la vie, et représenterait l'équilibre vers lequel retournerait fatalement l'organisme, guidé par des instincts qui semblent garder la vie, mais qui n'ont été primitivement que des satellites de la mort (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 25).La commission des bâtiments des postes et télécommunications, satellite du conseil général des bâtiments de France, est chargée d'examiner les projets de construction les plus importants (Admin. P. et T., 1964, p. 11).V. état ex. 26.
3. P. anal. (de situation)
a) Ce qui constitue une annexe, une dépendance. La qualité est devenue une simple annexe ou un satellite de la substance, et elle dépend de ce noyau substantiel comme des possessions dépendent de leur propriétaire, comme des attributs appartiennent à une divinité (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 18).
b) Spécialement
BIOL. Petit segment d'un chromosome, séparé du reste de celui-ci par un ou deux étranglements. Satellite terminal et satellite intercalaire. Certains chromosomes présentent de plus une ou plusieurs constrictions colorables, dites secondaires, qui isolent de petits fragments chromosomiques nommés satellites (Husson, Graf, Biol. gén., 1965, p. 48).
PHYS. Électron tournant autour du noyau de l'atome. Rutherford a émis l'hypothèse d'une structure nucléaire comportant des noyaux X3 de masse 3 et portant deux charges positives, et l'hypothèse bien connue du « satellite » (J. Phys. et Radium,1926,p. 383 D).
C. − Satellite (artificiel). Engin spatial lancé dans l'espace à une vitesse suffisante pour décrire une révolution autour de la terre ou d'une autre planète, et destiné à transporter des cosmonautes ou à apporter des informations à des fins scientifiques, militaires ou de télécommunication. Synon. planétoïde (rem. s.v. planète).Satellite espion; satellite géostationnaire; satellite d'alerte, d'observation, de télécommunication. Si l'on veut que ces liaisons par satellites puissent avoir lieu en permanence, 24 heures sur 24, il est nécessaire de placer en orbite un nombre suffisant de satellites de façon à ce que deux points du globe en aient toujours un en visibilité (Admin. P. et T., 1964, p. 43).On a pensé aussi aux satellites relais pour télécommunications, et cela sous deux aspects: le simple miroir à ondes (c'est le gros ballon Écho (...)), et l'engin qui reçoit, enregistre et retransmet en un point quelconque de son orbite sur demande; c'est l'extraordinaire Courier I (4 octobre 1960) (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 584).
II. − Adjectif
A. − Qui est proche de et qui en dépend; qui est lié à, qui est auxiliaire de. Cité, quartier satellite. Les villes nouvelles ont inspiré la théorie des villes satellites (...), les villes nouvelles dont on sait que 8 ont été édifiées à 30 ou 50 km de Londres, sur les 15 que compte l'Angleterre (Gds ensembles habit., 1963, p. 35).Considère-t-on l'engendrement d'industries par d'autres industries (...), soit qu'il s'agisse d'« industries satellites » (...), soit d'industries non satellites, c'est-à-dire qui ne sont ni dominées par l'industrie-mère, ni même techniquement très dépendantes de l'industrie-mère (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 260).
MÉCAN. (Pignons) satellites (d'un différentiel d'automobile). ,,Roue d'engrenage dont l'axe est mobile et tourne avec la roue qui l'entraîne. L'ensemble de ces deux roues est appelé parfois engrenage planétaire`` (Mots rares 1965).
P. ell., en empl. subst. de l'adj.:
... la grande couronne entraîne la cage, celle-ci entraîne les axes des satellites qui, engrenés avec les planétaires, entraînent ces derniers. Or, dans le cas présent, le gauche doit (...) tourner plus vite que la cage (...). Si le planétaire tourne plus vite, il se déplace par rapport à l'autre planétaire, et le pignon satellite tourne simplement sur son axe... Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 190.
B. − MÉDECINE
1. [En parlant d'une veine] ,,Qui avoisine une artère le long du trajet de celle-ci et qui porte souvent le même nom`` (Man.-Man. Méd. 1980).
2. P. ext. [En parlant d'une structure anatomique] Qui est ,,voisine d'une autre et présentant certaines analogies avec elle (par ex. tronc artériel satellite d'un tronc bronchique), (...) [qui est] liée à une autre ou dépendant d'une autre (par ex. veine satellite du bulbe olfactif)`` (Man.-Man. Méd. 1980). L'artère ethmoïdale postérieure, satellite du nerf ethmoïdo-nasal, filet du nasal passe par le trou orbitaire interne postérieur (G. Gérard, Anat. hum., 1912, p. 437).Les lésions intéressent les extrémités osseuses et les cartilages des articulations (...); les muscles satellites s'atrophient (Hudelo dsNouv. Traité Méd.fasc. 11926, p. 558).
Prononc. et Orth.: [satelit], [-tel(l)-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) xives. satelites « homme chargé d'accompagner et de protéger quelqu'un » (Brunet Latin, Trésor, éd. Chabaille, p. 625); b) 1468 « homme de main, à la solde de quelqu'un » (J. de Roye, Chron. scandaleuse, éd. B. Mandrot, I, 216); c) av. 1704 « ce qui accompagne une autre chose comme sa suite logique » (Bossuet, Sermons, Bonté et rigueur de Dieu, 2 ds Littré); 2. a) 1665 « planète qui tourne autour d'une planète principale » (A. de Graindorge, Lettre à Huet ds Fr. mod. t. 14, p. 290); b) 1805 « veines qui avoisinent les artères » (Lunier, Dict. des sc. et des arts, p. 286); 1814 adj. veines satellites (Nysten); c) 1902 « roue d'engrenage » (R. mens. Touring-Club de France, oct., p. 442a ds Quem. DDL t. 17); d) 1941 « pays soumis dans sa politique à une nation plus puissante » (L'Œuvre, 16 avr.); 3. 1953 satellites artificiels (J. Perret, Bâtons dans les roues, p. 187); 1961 satellite d'observation (Auto-journal, 20 avr., p. 30, col. 5 ds Guilb. Astronaut. 1967); id. satellite habité (L'Express, 13 avr., p. 11, col. 1, ibid.); 1963 satellite de télécommunication (Carrefour, 22 mai, p. 13, col. 3, ibid.). Empr. au lat.satelles, -itis « garde du corps, soldat » « compagnon, serviteur », « auxiliaire, complice ». Fréq. abs. littér.: 235. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 578, b) 309; xxes.: a) 169, b) 238.
DÉR.
Satellisation, subst. fém.a) Lancement d'un engin spatial et placement sur orbite. Vitesse de satellisation. (Dict. xxes.). b) Au fig. Action de satelliser; assujettissement à un autre. J'insiste sur cette révolution parce qu'elle est insuffisamment comprise à l'étranger. On croit souvent qu'il s'agit d'un sursaut national contre la satellisation, d'une simple reprise de conscience tchèque. C'était encore vrai il y a huit jours: maintenant, le réveil national et le réveil communiste sont inextricablement confondus dans la « voie tchèque » (Le Nouvel Observateur, 29 juill. 1968, p. 4, col. 2).P. ext. Entre nations on observe de nombreuses dépendances économiques (...) par l'effet des investissements directs et de ces importations qui, sans être imposées, se réalisent par pressions (...). Les satellisations partielles ou très étendues qui, par construction, ne peuvent être prises en considération par la théorie orthodoxe, sont intégrables à notre interprétation (Fr. Perroux, Indépendance de la nation, 1969, p. 115). [satεl(l)izasjɔ ̃], [-teli-]. 1resattest. a) 1961 « action de placer sur orbite un satellite artificiel » (L'Express, 13 avr., p. 11, col. 1 ds Guilb. Astron. 1967), b) 1966 « situation d'un état, d'une personne satellisés » (L'Express, 3 oct. ds Gilb. 1980); de satellite, suff. -(a)tion*.
BBG.Blochw.-Runk. 1971, p. 152 (s.v. satellisation). − Dossiers de mots. Néol. Marche. 1979, n o7, p. 43. − Dub. Pol. 1962, p. 416. − Pohl (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Arch. St n. Spr. 1969, t. 205, p. 371. − Richard Kirchenterminologie 1959, p. 103, 108.