| * Dans l'article "SAPER2,, verbe trans." SAPER2, verbe trans. I. A. − 1. [Le suj. désigne une pers.; le compl. d'obj. désigne une construction] En détruire les fondements pour la faire écrouler. Saper une muraille, la saper par le pied, par le fondement (Ac. 1798-1935). Il lève la tête et voit l'armée des martyrs renversant dans Rome les autels des faux dieux, et sapant les fondements de leurs temples parmi des tourbillons de poussière (Chateaubr., Martyrs, t. 3, 1810, p. 235).Le sultan dut une troisième fois, à grand renfort de mines, recommencer le siège. La base étiolée était sapée, des pans entiers du mur s'effondraient (Grousset, Croisades, 1939, p. 384).P. métaph. C'est au milieu du tumulte et des orages qu'en fut élevé l'édifice [de la Constitution], édifice pompeux que nos ennemis travaillent sans cesse à renverser; tantôt ils le minent sourdement, tantôt ils le sapent audacieusement (Marat, Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, p. 124). 2. P. anal. [Le compl. d'obj. désigne un arbre] L'entamer, le couper à la base pour l'abattre. Quand l'ébrancheur l'eut mis à nu [un hêtre], eut terminé sa toilette de condamné, quand les bûcherons en eurent sapé la base, cinq hommes commencèrent à tirer sur la corde attachée au faîte (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Pte Roque, 1885, p. 1035).Les bûcherons, employés l'été à des carrières, disaient avoir éprouvé autant de peine à saper cet arbre qu'à fendre un banc de silex (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 49). − Empl. abs. À chaque coup de reins elles poussent un cri grave comme celui des bûcherons qui sapent (Gide, Journal, 1896, p. 85). B. − P. anal. [Le suj. désigne un agent naturel] Détruire, user, consumer quelque chose en l'attaquant à la base. C'était, sans interruption, le fracas du tonnerre, et celui, plus fort encore, de pans entiers de murailles rocheuses, sapées par l'inondation, qui s'écroulaient d'un seul coup (Benoit, Atlant., 1919, p. 82).Les flammes, tout à coup, s'élevèrent jusqu'aux hunes, et les mâts, sapés à la base par le feu qui agissait furieusement dans les cales, s'effondrèrent aussitôt (Valéry, Variété III, 1936, p. 234). C. − Au fig. Tendre à anéantir, à détruire radicalement (une réalité d'ordre social ou moral). Il est vrai que l'armée des journaux ne cessa de manœuvrer de façon à miner, saper la monarchie de droit antique jusqu'à ce qu'il suffît d'un souffle pour la renverser (Vigny, Mém. inéd., 1863, p. 73).La diffusion des nouvelles par la presse, la radio, la télévision, liées aux employeurs et au gouvernement, joue un grand rôle pour saper le moral ouvrier (Traité sociol., 1967, p. 494). SYNT. Saper les bases, les fondements, les principes de qqc.; saper qqc. dans ses fondements, dans ses principes; saper qqc. à la base; saper l'État, la religion; saper les préjugés, les traditions; saper la liberté, l'amour, la volonté, la foi. ♦ Empl. abs. [Il] dénonçait des abus, lançait des boutades. C'était son mot. Homais sapait; il devenait dangereux (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 203). − [P. méton.,] [le compl. d'obj. désigne une pers.] Seulement, j'ai vu Rome qui me travaille, me sape, me taraude (Barrès, Cahiers, t. 2, 1902, p. 268). II. − Argot A. − Saper qqn. Le condamner (à une peine, un châtiment). Ce sont hommes prudents, peu soucieux de se faire saper (condamner aux travaux forcés) (Hogier-Grison, Monde où l'on vole, 1887, p. 218).V. girond A ex. de Prévert. − Saper à/être sapé à, de + compl. indiquant la peine.J'ai été sapé à trois marquets: J'ai été condamné à trois mois (Moreau, Souv. Pte et Gde Roquette, t. 1, 1884, p. 234).Saper au glaive. ,,Condamner à mort`` (France 1907). B. − Saper + compl. indiquant le châtiment, la durée de celui-ci.Être condamné à. Saper dix-huit marques, être condamné à dix-huit mois de prison (Lacassagne, Arg. « milieu », 1928, p. 131). Il a sapé trois piges pour casses (malf. 1926) (Esn.1966). − Empl. abs. Être condamné. [Les gardiens me voyaient emmener les trois évadés sur le Maroni;] mais (...) on ne pouvait rien me faire; pour que je sapes [sic] il faut, d'après la loi, que l'on « m'arrête » avec eux (Dussort, Mém., Cavale, 1929-34, dép. par G. Esnault, 1953, p. 2). Prononc. et Orth.: [sape], (il) sape [sap]. Homon. et homogr. saper1 et 3. Ac. 1694-1740: -pp- (docum. v. Bonald, Essai analyt., 1800, p. 185, Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 307, 484); dep. 1762: -p-. Étymol. et Hist. A. 1. 1547 sapper milit. « détruire les fondements d'une muraille, d'un édifice, etc. » (J. Martin, Architecture de Vitruve, 152b d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 159); 1552 au fig. saper (Ronsard, Les Amours, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 51: Amour adonc qui sape, mine et ronge De ma raison le chancelant rempart); 2. av. 1620 sapper « détériorer, user en creusant à la base (en parlant de l'eau) » (Saint-Amant, La Solitude, 138 ds
Œuvres, éd. J. Bailbé, t. 1, p. 44). B. 1. 1807 région. Lorraine « punir, frapper » (Michel (J.-F.) Expr. vic., p. 171); 2. 1867 arg. « condamner » (Stamir, Corsaire ds Larch. 1872). A empr. à l'ital. zappare, att. au sens 1 dep. 1553 (Giornale dell' assedio di Montalcino ds Tomm.-Bell.), d'abord « travailler la terre avec le hoyau » (dep. 1304-08, Dante, ibid.), dér. de zappa « hoyau » (v. sape1et FEW t. 11, pp. 211-212a). B est issu p. métaph. de A. DÉR. 1. Sape, subst. fém.,arg. Condamnation (à une peine, un châtiment). Il a deux ou trois sapes (Sandry, Carrère, Dict. arg. mod., 1953, p. 171).− [sap]. Homon. sape1, 2 et 3. − 1reattest. 1928 (Lacassagne, op. cit., p. 185); déverbal de saper2. 2. Sapement1, subst. masc.Action de saper (supra I). (Dict. xixeet xxes. sauf ds Ac.). Le sapement d'un mur, d'un ouvrage (Lar. Lang. fr.). Géomorphol. ,,Creusement, surtout par les eaux (vagues de la mer, cours d'eau), à la base d'un versant escarpé, avec formation éventuelle de surplomb, d'encorbellement qui préparent des glissements de terrain ou des éboulements`` (George 1984). − [sapmɑ
̃]. − 1resattest. a) 1559 sappement « action de creuser une tranchée pour détruire un mur » (G. Du Bellay ds Mém. de Martin Du Bellay, éd. 1569, L. VIII, 248 v o), b) 1964 sapement géomorphol. (Lar. encyclop.); de saper2, suff. -ment1*. 3. Sapement2, subst. masc.Condamnation (à une peine, un châtiment). Il lui avait lu son sapement: « Vous êtes condamné à cinq ans de réclusion et dix ans d'interdiction de séjour » (Le Breton, Rififi, 1953, p. 218).− [sapmɑ
̃]. − 1reattest. 1873 (Figaro, 4 août ds Larchey, Dict. hist. arg., 1878, p. X); de saper2, suff. -ment1*. BBG. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 546 (s.v. sapement). |