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SANTAL, SANDAL1, subst. masc.
A. − Arbre des régions tropicales. Le sandal, si précieux par le commerce qui s'en fait en Chine, forme, dit-on des forêts entières dans l'intérieur de l'île [de Timor] (Freycinet, Voy. terres austr., 1815, p. 331).La côte s'abaissait, et les bois de santal Exhalaient sur la mer leurs brises parfumées (Heredia, Trophées, 1893, p. 180).
En partic. [Avec déterm.]
BOT. Espèce d'arbres, du genre Santalum (infra rem. 3), de la famille des Santalacées (infra rem. 1), dont le bois contient des essences balsamiques; arbre appartenant à cette espèce. On distingue le santal citrin ou santal blanc ou santal du Mysore (Santalum album) et le santal d'Australie (Santalum spicatum) (...). D'autres espèces donnent des essences balsamiques utilisées ou utilisables, telle que Santalum lanceolatum, S. freycinetorum [du nom du navigateur Freycinet], S. austro-caledonicum (GDEL).
Santal blanc ou citrin. Arbre ou espèce d'arbres du genre Santalum, de l'Asie du Sud-Est, dont le bois odorant est très recherché. Aussitôt qu'il [le châle] fut achevé, on l'enferma dans une boîte de bois de sandal-citrin, et il partit pour sa destination (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 307).Parmi les représentants tropicaux de cette famille [des Santalacées] (...), le santal blanc est un arbre pouvant atteindre 30 mètres de hauteur et dont l'éclectisme est remarquable puisqu'on a pu dénombrer plus de 100 plantes-hôtes différentes sur lesquelles il fixe les suçoirs de ses racines (J.-M. Pelt, La Vie soc. des plantes, 1984, p. 272).
Rem. Santal sans déterm. équivaut gén. à santal blanc.
P. anal. Arbre appartenant à d'autres familles que celle des Santalacées, qui ont généralement un bois aromatique ou tinctorial. Santal d'Afrique, de Cochinchine (GDEL).
Santal rouge. Arbre d'Asie, du genre Pterocarpus (v. ptero- B), dont le bois contient une matière colorante rouge. [Le] ptérocarpus santalinus (...) est le véritable santal rouge, arbre qui passe aux Moluques pour être sudorifique, mais qui n'est qu'astringent (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 6, 1844, p. 308).V. nébel ex.
B. − P. méton.
1. Bois dense de certains de ces arbres, notamment bois compact, jaune, renfermant une essence terpénique du santal blanc et bois du santal rouge, utilisé en ébénisterie et autrefois en thérapeutique sous forme de poudre, de copeaux. Boîte, bracelet, lit de santal. Le temps, implacable alchimiste, épuisera le chaud parfum du santal (Cros, Coffret santal, 1873, p. 126).Ils aperçurent un monceau de bois empilé. C'était le bûcher, fait de précieux sandal, et déjà imprégné d'une huile parfumée (Verne, Tour monde, 1873, p. 64).
[Avec déterm. pour distinguer les différentes sortes de bois] Le santal rouge a été employé, au XVIIIesiècle comme bois de placage (...). Le santal citrin est d'un beau jaune clair, son tissu est fin et serré et il répand une odeur agréable qui tient à la fois du citron, du musc et de la rose (Havard1890).Le bois de Santalum album est le santal blanc (aubier); le santal citrin (cœur) est imputrescible (R. Caratini, Les Plantes, 1984, p. 92).
PHARM. ANC. Poudre des trois santaux (blanc, citrin et rouge). Les trois santaux sont placés parmi les sudorifiques. Ils sont peu actifs et presque inusités (Nysten1814).
2. (Essence, huile de) santal. Liquide incolore ou jaune pâle, d'odeur ambrée, obtenue à partir du bois du santal blanc essentiellement, utilisé autrefois comme antiseptique et diurétique et en parfumerie. Je t'envoie (...) un petit flacon d'huile de santal (...). Tu en verseras une demi-goutte sur n'importe quoi et tu verras ensuite quelle odeur. C'est le premier et le plus précieux parfum d'Orient (Flaub., Corresp., 1852, p. 357).Ses cheveux, parfumés au sandal, étaient longs, droits, un peu rudes (Loti, Mariage, 1882, p. 8).
REM. 1.
Santalacées, subst. fém. plur.,bot. Famille de plantes de l'ordre des Santalales, comprenant des herbes, des arbustes, quelques arbres. Les Santalacées groupent vingt-neuf genres et quelque quatre cents espèces des zones tempérées et chaudes (...). Ce sont des plantes herbacées ou ligneuses, souvent hémiparasites (Encyclop. univ.t. 141972, p. 663).
2.
Santalales, subst. fém. plur.,bot. Ordre de plantes dicotylédones apétales, essentiellement tropicales mais aussi présentes dans les zones tempérées, pour la plupart parasites ou hémi-parasites, auquel appartient par exemple le gui. L'organisation florale des Santalales est dégradée (dégradation probablement en rapport avec leur mode de vie parasite ou hémi-parasite) (R. Caratini, Les Plantes, 1984, p. 92).
3.
Santalum, subst. masc.,bot. Genre type de la famille des Santalacées. Les santalum (20 espèces vivant en Indo-Malaisie et en Australie) sont des arbres hémiparasites; le bois en est imputrescible et on en obtient par distillation une essence qui sert en pharmacie (La Gde encyclop., Paris, Larousse, t. 51, 1976).[Avec déterm.] Espèce appartenant à ce genre. V. supra A ex. de GDEL, B 1 ex. de Caratini.
Prononc. et Orth.: [sɑ ̃tal], [-dal]. Homon. sandale; homon. et homogr. sandal2. Ac. 1694-1798: sandal; 1835, 1878: -dal, -tal; 1935: -tal. Pour Littré santal est plus usité et pour DG, sandal vieilli. Plur. empl. uniquement dans l'expr. pharm. poudre des trois santaux (Dupré 1972). Étymol. et Hist. Ca 1240 sandali (Roger de Salerne, Chirurgie, éd. D. J. A. Ross, 276 v ds Z. fr. Spr. Lit. t. 86, p. 254: sandali blanc e ruge); ca 1256 sandale (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 107, 28: sandales blances et rouges); 1298 sandal (Rusticien de Pise, Marco Polo, éd. L. F. Benedetto, p. 206); 1550 santal (B. Tixier, De la Maniere de preserver de la pestilence, Lyon 1551, 106 cité par R. Arveiller ds Z. rom. Philol. t. 104, 1988, p. 312: santaulx blancs et rouges); 1553 santal (M. Mathée, Les Six livres de P. Dioscoride, 16 b, ibid.); 1561 santal, santal rouge, santal blanc (Du Pinet, trad. Commentaires de P. A. Mathioli sur Dioscoride, l. I, chap. XIX, p. 23); 1568 santal (Le Guidon des apotiquaires c'est à dire, la vraye forme et maniere de composer les medicamens premierement traictee par Valerius Cordus, trad. de lat. en fr., Lyon, 1578 [dédicace de 1568], p. 3: deux especes de santal citrin). Empr. au lat. médiév.sandalum (xies., Constantin l'Africain ds Pellegr. Arab., p. 120), et celui-ci à l'ar. ṣandal, mot d'orig. indienne (skr. candana « santal »). Sandal a été refait en santal d'apr. le gr. σ α ́ ν τ α λ ο ν (Dioscoride ds Bailly) de même orig. que l'arabe. Fréq. abs. littér.: 67.
DÉR.
Santaline, subst. fém.,chim., pharm. Substance colorante rouge extraite du bois de santal rouge, servant notamment à la teinture de la laine et de la soie, à la préparation d'eaux dentifrices. La santaline est en petits cristaux d'un beau rouge (...), doués d'un reflet métallique vert (...), sans odeur ni saveur (Wurtz, Dict. chim., t. 2, vol. 2, 1876, p. 1434). [sɑ ̃talin]. 1reattest. 1820 (Nysten Suppl.: Santaline s. f. Nom donné par M. Pelletier au principe colorant du santal rouge); de santal, suff. -ine (-in*). N. donné par le chimiste français P. J. Pelletier [1788-1842] à cette substance qu'il avait d'abord appelée matière colorante du santal dans son mémoire Du santal rouge et de sa matière colorante (1814, B. de Pharmacie, n oX, 6eannée, oct., pp. 433-445). Cf. également NED, s.v. santalin.
BBG.Arveiller (R.). Notes lexicol. Fr. mod. 1949, t. 17, p. 140. − Quem. DDL t. 9 (s.v. santaline), 25 (s.v. santalacées).