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SALUT, subst. masc.
I. − [Corresp. à sauver]
A. − Fait d'échapper à un danger, à un malheur ou à la mort. Au moment où il [Gavroche] allait monter, Thénardier, qui voyait le salut et la vie s'approcher, se pencha au bord du mur (Hugo,Misér., t. 2, 1862, p. 185).Se voyant découverte et sur le point d'être saisie, Margot avait cherché son salut dans la fuite (Pergaud,De Goupil, 1910, p. 232).
Subst. + de salut.Moyen, voie de salut; planche* de salut. On venait d'imaginer, par exemple, les radeaux insubmersibles à double fond et à diverses fins. Le naufragé se tenait sur la plate-forme, tandis que le poisson destiné à sa subsistance barbottait en dessous. L'instrument de salut devenait ainsi un dépôt de vivres (Reybaud,J. Paturot, 1842, p. 268).J'opérai un moribond qui faillit trépasser entre mes mains; je restai deux nuits près de lui; puis, quand j'aperçus une chance de salut, je me fis conduire à la gare (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Relique, 1882, p. 839).
P. méton. Personne, chose à laquelle on doit d'être secouru, sauvé. Elle eût voulu être déjà chez elle, réfléchir, rassembler ses idées en déroute, trouver un secours, un salut pour Marc (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p. 258).
B. − [À propos d'une collectivité] Fait d'échapper à un grave danger qui pourrait remettre en cause son existence. Assurer le salut de l'état, de la nation, du pays. Sauf les royalistes et les Jacobins, les Français qui voulaient soit le salut du pays, soit le salut de la République, et ceux qui voulaient à la fois le salut de la République et celui du pays, furent d'accord pour appeler à l'aide le général victorieux (Bainville,Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 97).Grouper, sous un pouvoir central provisoire, toutes les forces françaises à l'intérieur et à l'extérieur du pays et tous les territoires français qui sont susceptibles de lutter pour la libération et pour le salut de la France (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p. 429).
HIST. Comité de salut public. V. public2.
C. − THÉOL. Fait d'être délivré de l'état de péché et de souffrance, et d'échapper à la damnation. Synon. rachat, rédemption.Craindre pour son salut éternel; compromettre son salut éternel; hors de l'Église pas de salut. Les chrétiens ont, les premiers, considéré la vie humaine, et la suite des événements, comme une histoire qui se déroule à partir d'une origine vers une fin, au cours de laquelle l'homme gagne son salut ou mérite son châtiment (Camus,Homme rév., 1951, p. 235):
Les Juifs veulent le salut par l'observance littérale d'une loi et l'obéissance aux ordres d'un Dieu dont la puissance s'avère en miracles de gloire; les Grecs veulent un salut conquis par la droiture de la volonté... Gilson,Espr. philos. médiév., 1931, p. 22.
Assurer, chercher, faire gagner son salut. Vivre de manière à mériter le bonheur éternel. Je ne sais si tu comprends ce qu'il y a d'égoïste dans l'expression « faire son salut ». Ça sent le « chacun pour soi », le « sauve qui peut », l'« après moi le déluge ». Malheureusement, ceux qui veulent faire que « faire leur salut » sont des égoïstes et ceux qui veulent faire le salut des autres sont des tortionnaires ou des indiscrets (Duhamel,Cécile, 1938, p. 16).
Armée* du salut.
Loc. Hors de l'Église, pas de salut. Hors de l'Église, pas de salut (...). Le catholicisme peut se passer des races latines, mais les races latines ne peuvent pas se passer du catholicisme (Péladan,Vice supr., 1884, p. 257).
II. − [Corresp. à saluer]
A. −
1. HIST. Salut et fraternité. [Formule employée dans les lettres à la Révolution à la place des formules de politesse] Citoyen: L'ordre du 28 thermidor dernier (...) a dû vous être déjà communiqué par le général Marois; cependant j'apprends (...) que vous n'avez point eu connaissance dudit ordre. Pour m'assurer cette fois s'il vous est parvenu, je vous prie de vouloir bien m'en accuser la réception. Salut et fraternité (Courier,Lettres Fr. et Ital., 1798, p. 657).
2. LITT. [Sous forme exclam.; s'emploie dans le genre poét. pour acclamer, admirer qqc. ou qqn] Salut, demeure chaste et pure. Ô vierge de la chasse, ô quel que soit ton nom, Salut, reine des nuits, blanche sœur d'Apollon. Salut, Trivie, Hécate, ou Cynthie, ou Lucine, Lune , Phoebé, Diane, Artémis, ou Dictynne, Qui gouvernes les bois, les îles, les étangs, Et les ports, et les monts, et leurs noirs habitants (Chénier,Bucoliques, 1794, p. 18).
HIST. LITTÉR., vx. Salut d'amour. Poésie lyrique du Moyen Âge qui commence par une salutation à la dame dont on fait l'éloge. Tel s'adressera non pas à l'une de ces messagères suspectes dont il est si souvent question, mais à un poète de profession, à un jongleur, qui composera pour lui une « complainte », un « salut d'amour » à la mode courtoise, dont il se fera un moyen d'introduction (Faral,Vie temps st Louis, 1942, p. 139).
3. Salut! [S'emploie familièrement comme équivalent de bonjour ou au revoir] Salut les copains, la compagnie. Les visages deviennent cyniques et pointus, des mains s'agitent, on rit, on crie: « Salut la petite mère! Salut papa! C'est la classe, finie la guerre, salut. » Ils passent et saluent, ils envoient des œillades, des sourires provocants (Sartre,Mort ds âme, 1949, p. 203).
Loc. À bon entendeur*, salut!
4. Fam. Salut! [S'emploie pour signifier le refus notamment d'une collaboration et dégager ses responsabilités] − Et pis, ma vieille, si tu laisses tomber une vis, tu peux t'mettre la corde pour la retrouver, surtout qu'on est bête de ses pattes quand on a froid. − Moi, j'aurais des choses à coudre, mais, salut! (Barbusse,Feu, 1916, p. 149).
B. − Marque de respect, de civilité qu'on accomplit par le geste ou la parole lorsqu'on rencontre ou quitte quelqu'un. Ils laissent croître leurs ongles comme les Chinois; ils saluent comme eux, et l'on sait que ce salut consiste à se mettre à genoux et à se prosterner jusqu'à terre (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 41).Le dimanche, ils rencontraient, dans la rue Tournebride, MmeGratien (...). Ils lui adressaient de grands saluts cérémonieux dont le secret s'est perdu (Sartre,Nausée, 1938, p. 118).
SYNT. Salut respectueux; salut fasciste; salut olympique; salut oriental; salut scout; salut de la main; ébaucher, faire, rendre un salut; échanger des saluts; faire un salut gracieux; esquisser un geste de salut, un salut de la tête; répondre au salut de qqn.
[À la fin d'une lettre] J'invite d'Argenlieu à se tenir en franc accord avec vous. Je vous adresse mon salut le plus cordial (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p. 538).
Spécialement
♦ Domaine milit.Salut militaire, réglementaire. Acte réglementaire par lequel un militaire exprime son respect à un supérieur, ou au drapeau. Devoir le salut. Sans un regard ni un sourire, [il] avait levé la main à la visière de son képi pour me rendre correctement le salut militaire! (Proust,Guermantes 1, 1920, p. 176).
MAR. Échange de politesses entre bateaux de nations différentes ou non, effectué selon un certain code. [Il a] exigé de l'Angleterre le salut de ses marins au pavillon français (Brasillach,Corneille, 1938, p. 393).
C. − LITURG. CATH. Salut (du Saint-Sacrement). Office du soir célébré après les vêpres au cours duquel sont chantées des prières, et qui se termine par la bénédiction du Saint-Sacrement. Je ne vous interdirai pas de chanter vos vêpres comme vous l'entendrez, répliqua le curé. Mon observation ne vise que le Salut du Saint-Sacrement qui doit les suivre (Huysmans,Oblat, t. 2, 1903, p. 11).
Prononc. et Orth.: [saly]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 980 subst. fém. « le fait d'être sauvé de l'état naturel de péché » (Jonas, éd. G. de Poerck, p. 42, 127); 1656-57 faire son salut (Pascal, Provinciales, éd. Brunschvicg, Boutroux, Gazier, XV, p. 187); 1885 « Armée du Salut » (A. Daudet, Tartarin Alpes, éd. Lemerre, 1888, p. 73); 2. a) 1160-74 « fait d'échapper à un danger » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 2264); b) 1789 le salut public (Arrêté de l'ordre de la noblesse, 8-10 mai, in Walter, La Révolution fr. vue par ses journaux, p. 20 ds Quem. DDL t. 11); 1793 Comité de Salut public (ds Buchez et Roux, t. XXV, p. 139 ds Brunot t. 9, 2, p. 751); 3. déb. xives. « le Christ » (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, t. 3, p. 211, vers 4213); 1689 « personne ou chose à laquelle on doit d'être sauvé » (Racine, Esther, III, 7). B. 1. a) Ca 1100 « démonstration de reconnaissance, de civilité » (Roland, éd. J. Bédier, 2710); b) ca 1140 « souhait de prospérité à quelqu'un » (Pélerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 166); 1283 « formule exclamative de salutation » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, 140, p. 76); 1798 salut et fraternité (Courier, loc. cit.); 2. 1670 saluts (de mer) (Colbert à Vivonne; Ordres du Roy, vol. II, fol. 43; Arch. de la Mar. ds Jal); 1690 saluts militaires, salut aux armes (Fur.); 1835 salut du drapeau (Ac.); 3. a) ca 1225 Salu Nostre Dame « Ave Maria » (Gautier de Coincy, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, II Mir 20); b) 1519-30 salut « office de la liturgie catholique qui a lieu l'après-midi ou le soir » (Livre de raison de MeNicolas Versoris, Mém. Soc. hist. de Paris, XII, 155. Impr. sault ds Gdf. Compl., s.v. salu); 4. 1270-80 Salu d'Amours « pièce de vers qui commençait par une salutation à la dame dont le poète faisait l'éloge » (Philippe de Beaumanoir, Salu d'Amours ds Œuvres poét., éd. H. Suchier, II, 197); 5. av. 1780 terme de poésie (N. J. L. Gilbert, Ode imitée de plusieurs psaumes ds Littré); 6. 1651 À bon entendeur, salut! (Scarron, Virgile travesty, VI, 260a); 1794 (L. M. Henriquez, Les Aventures de Jérôme Lecocq, p. 28 ds Quem. DDL t. 19: Bonjour camarade. − Salut mon ancien). Du lat. salutem, acc. de salus « salut, conservation », « action de saluer, compliments ». Fréq. abs. littér.: 4 644. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 999, b) 7 033; xxes.: a) 7 251, b) 6 500. Bbg. Barbotin (E.). Mise au point. Foi Lang. 1979, t. 3, pp. 33-36. − Benveniste (E.). Les Verbes délocutifs. In: [Mél. Spitzer (L.)]. Berlin, 1958, pp. 60-63. − Dub. Pol. 1962, p. 415 (s.v. salut public). − Pour un essai de catéchisme. Foi Lang. 1979, t. 3, pp. 126-128. − Quem. DDL t. 6 (s.v. jeter une bouée de salut), 11 (s.v. salut de l'empire; salut public), 19.