| SALIVER, verbe A. − Empl. intrans. 1. a) [Le suj. désigne qqn, une partie du corps, un organe sécréteur] Avoir une sécrétion plus ou moins abondante de salive; produire de la salive. Saliver lentement, abondamment. La peau des pêches, à la voir, fait saliver la langue (Flaub.,Tentation, 1849, p. 228).Une faim noire. La bouche qui sèche, puis salive, puis sèche (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 387).V. bouche ex. 22. ♦ [En parlant d'un animal] Le conditionnement du réflexe salivaire est extrêmement précis: un chien qui est habitué à saliver pour une certaine note de la gamme ne salivera pas pour la note voisine, ni pour la même note diésée ou bémolisée. Un chien dressé à saliver à la vue d'un cercle ne salivera pas à la vue d'une ellipse (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p. 90). − Qqc. fait saliver qqn.Synon. mettre, faire venir l'eau* à la bouche.Mais la simple hypothèse de disposer un jour, pour soi tout seul, d'une boule réglementaire de quinze cents grammes et d'un paquet de margarine, nous faisait saliver comme des animaux. À la longue, le palais se dégrade (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 51). b) En partic. Saliver sur, dans, par qqc.Laisser couler de la salive. Synon. baver.Du coin de l'œil je voyais Casimir, la tête enfouie dans ses mains, saliver lentement sur son livre que par instants il épongeait d'un coup de mouchoir (Gide,Isabelle, 1911, p. 647).V. crachouteur rem. s.v. crachoter ex. de Montherlant. − P. ext. Cracher. Ce soir, dans mon compartiment de chemin de fer, une fillette, qui avait en face d'elle un contrôleur de bas théâtre, causait tout haut avec lui de descentes de matrice, de ceintures, de bandages, de pessaires, tout en salivant à tout moment par la portière, comme un marin qui chique (Goncourt,Journal, 1883, p. 271). 2. Au fig., péj. Parler avec abondance, bavarder avec volubilité (jusqu'à en baver). Synon. baver, dépenser sa salive*.« On est toujours puni par où l'on a péché », salive l'aumônier de l'asile en guise de consolation (H. Bazin,Tête contre murs, 1949, p. 393).Des tas d'individus qui jacassent, qui salivent, qui n'écoutent pas (Arnoux,Roi, 1956, p. 303). B. − Empl. trans., rare. Imprégner de salive. V. béquillard ex. 2. REM. 1. Salivant, -ante, part. prés. en empl. adj.a) Qui fait saliver, qui excite la salivation. De chacun [des restaurants], il présente les spécialités et les vins, commente la carte et le menu, raconte la vie et les œuvres. Une plaisante idée, salivante à souhait (Le Point, 5 juill. 1976, p. 86, col. 2).b) Imprégné de salive; accompagné de salivation. Synon. baveux, saliveux.La démarche titubante et le sourire salivant d'un pochard (Goncourt,Journal, 1894, p. 672).Ses « heu! heu! » avaient disparu (...). Des procédés différents assuraient les nécessaires paliers des phrases. Il utilisait à cet effet des aspirations salivantes entrant par la fente des deux lèvres rapprochées; elles exprimaient une détente satisfaisante, une sécurité, une sympathie qu'on convie l'interlocuteur à partager (Malègue,Augustin, t. 1, 1933, p. 144). 2. Salivé, -ée, part. passé en empl. adj.[En parlant d'un aliment] Qui a été soumis à l'action chimique de la salive. V. bilé rem. s.v. biler (se) ex. de Cl. Bernard. 3. Saliveur, subst. masc.Personne qui salive. Péj. [Souvent en terme d'injure] Personne qui bavarde, qui parle beaucoup, qui tient des discours, souvent creux. Synon. bavard, baveur, discoureur, parleur, verbeux.Au berceau, Max était déjà un' cré conversationiste... À huit ans, à table il me tenait tête! cré saliveur (Morand,Champions du monde, 1930, p. 34).Fichu petit bourgeois! Saliveur en dedans! L'amour, je ne le vis pas, je le déclame (H. Bazin,Mort pt cheval,1949, p. 168. Prononc. et Orth.: [salive] (il) salive [-li:v]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1611 (Cotgr.). Dér. de salive* d'apr. le lat. salivare « produire une humeur visqueuse; faire saliver ». Fréq. abs. littér.: 27. |