| SAISISSABLE, adj. I. − A. [Corresp. à saisir I A 3 a] 1. Qui peut être perçu par les sens (vue, ouïe, odorat, etc.). Synon. perceptible.Ce fut une rangée de vaisseaux dont les corps énormes présentaient un front noir et de formes à peine saisissables dans l'ombre (M. de Guérin,Journal, 1833, p. 164).[La mesure] aide à rendre plus saisissables certains rythmes (D'Indy,Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 27). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui peut être saisi. À force de vouloir tout annexer du monde extérieur, l'impressionnisme a réussi à s'emparer du plus insaisissable, mais, pour prix, il a laissé s'échapper... le saisissable (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p. 158). 2. Qui peut être conçu, compris, appréhendé par l'esprit. Synon. compréhensible; anton. insaisissable.Les rapports saisissables entre les choses. L'égoïsme est le plus puissant et le plus saisissable des mobiles humains (Renan,Apôtres, 1866, p. 375).[Le crime] est de la compétence exclusive des sociologues. Nous avons affaire ici (...) non plus à des cas particuliers, mais à des séries, non à des êtres vivants, mais à des faits saisissables dans leur abstraction, le plus souvent par des chiffres ou par des cartes (Traité sociol., 1968, p. 208). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui peut être saisi, conçu ou appréhendé. Fantôme ou réalité, ce que l'intelligence saisit est censé être la totalité du saisissable (Bergson,Évol. créatr., 1907, p. 192). B. − [Corresp. à saisir I A 3 d] Dont on peut se saisir, dont on peut profiter. Le phénomène visuel dans les conditions très périlleuses envisagées ici, où le spectacle est écartelé par la distance, conseille de s'emparer de tous les atouts saisissables (Gds cour. pensée math., 1948, p. 487). II. − DR. [Corresp. à saisir I C 1] Qui peut être saisi, faire l'objet d'une saisie. Anton. insaisissable.Notons (...) qu'alors que les pensions sont en règle générale insaisissables, l'existence d'un débet rend la pension d'un comptable saisissable (Encyclop. éduc., 1960, p. 351). Prononc. et Orth.: [sεzisabl], [-e-]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1727 chim. « qui peut être isolé » (Réaumur ds Hist. de l'Ac. royale des sc., Mém. de math. et de phys., Paris, 1729, p. 188: les états moyens [i.e. les états intermédiaires entre la terre cuite et le verre] ne sont pas toûjours aisément saisissables), empl. isolé; 2. 1764 dr. (Chambon, Commerce de l'Amérique, Avignon, t. 1, p. 253 ds Brunot t. 6, p. 322, note 3); 3. 1831 « qui peut être perçu ou compris (par les sens, l'esprit) » (A. Dumas, Charles VII, I, 1 ds Théâtre compl., t. 2, p. 233); 4. 1875 « qui peut être atteint et pris en main » (Lar. 19e). Dér. de saisir*; suff. -able*. Fréq. abs. littér.: 104. |