| SACRALISER, verbe trans. A. − Rendre sacral, revêtir d'un caractère sacré. Pourquoi ne pas sentir que dans la porte est incarné un petit dieu de seuil. Faut-il aller jusqu'à un lointain passé, un passé qui n'est pas le nôtre, pour sacraliser le seuil? Porphyre a bien dit: « Un seuil est une chose sacrée. » Sans se référer à une telle sacralisation par l'érudition, pourquoi ne retentirions-nous pas à cette sacralisation par la poésie, par une poésie de notre temps (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 200).Le groupe du père (...) capture symboliquement un jeune enfant (...), le sacralise par une série d'onctions qui ont pour objet de l'identifier à Tirawa, divinité suprême du monde céleste (Lévi-Strauss, Anthropol. struct., 1958, p. 264). − Empl. pronom. Les tabous primitifs du clan qui se (...) sacralise pour durer (Traité sociol., 1968, p. 96). − Part. passé en empl. adj. Le matin du sacrifice, il est recommandé de demeurer à jeûn, jusqu'à ce qu'on l'on ait pu consommer cette chair sacralisée après la prière de la fête (G.-H. Bousquet, Prat. rit. Islâm, 1949, p. 100). B. − P. anal. Considérer comme quasi-sacré. La haute culture y est comme statufiée [à l'université]: les grandes œuvres sont sacralisées (Dumazedier, Ripert, Loisir et cult., 1966, p. 296). Prononc.: [sakʀalize], (il) sacralise [-li:z]. Étymol. et Hist. 1899 (Hubert et Mauss ds L'Année sociol., t. 3, p. 215). Dér. de sacral*; suff. -iser*. DÉR. Sacralisation, subst. fém.Action de sacraliser; résultat de cette action. On peut se demander si certains dogmes, certains cultes, certaines disciplines n'aboutissent point à la constitution d'Églises sans au-delà et à certaines sacralisations (Traité sociol., 1968, p. 88).V. supra ex. de Bachelard.− [sakʀalizasjɔ
̃]. − 1reattest. 1941 (P. Radin, La Religion primitive, p. 90 ds Quem. DDL t. 21); de sacraliser, suff. -(a)tion*. |