| SACCADE, subst. fém. A. − 1. Vx., ÉQUIT. Brusque secousse imprimée par le cavalier à son cheval en tirant sur les rênes. Les saccades gâtent la bouche d'un cheval. Donner des saccades à un cheval (Ac.). La vibration de la cloche (...) donna une brusque saccade de bride à son cheval, et le fit se porter en avant d'une vigoureuse pression de bottes (Gautier, Fracasse, 1863, p. 47). 2. Secousse brusque qu'on donne à quelqu'un en le tirant. Rude saccade. Dérigny tira si fort, que le dernier bouton de la redingote sauta; le général en reçut une saccade qui manqua le jeter sur le nez (Ségur, Dourakine, 1864, p. 337). 3. NEUROPHYSIOL., PHYSIOL. ,,Mouvement synchrone des deux yeux permettant la vision des détails`` (cilf, sept. 1975 ds Clé Mots). Chez l'homme l'expérience visuelle du détail se développe grâce au déplacement conjugé des deux yeux, qui bougent d'une manière presque parfaitement synchronisée. La stratégie de ces mouvements oculaires, auxquels on a donné le nom de « saccades » traduit l'intérêt que l'adulte éprouve pour ce qu'il voit (La Recherche,mai 1975,vol. 6, p. 448, ds Clé Mots). B. − 1. Mouvement brusque et irrégulier. Synon. à-coup, heurt, secousse, soubresaut.Un calme délicieux, imprévu, a succédé presque instantanément aux balancements écœurants de la houle, aux saccades arrachantes du tangage (Lorrain, Heures Corse, 1905, p. 14). − Par saccades. Synon. de par à-coups (v. coup B rem.).Avancer, marcher, parler, rire, respirer par saccades. Comme s'il eût tiré le fil d'un de ces petits théâtres dont tous les personnages marchent par saccades au moyen d'un rouage, Dionis vit alors tous les yeux braqués sur lui (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 94). 2. Au fig. Action brusque, soudaine et irrégulière. J'aime les saccades de son existence qui fut menée par la générosité et le scepticisme, par l'exaltation et le calcul (Barrès, Homme libre, 1889, p. 71). Prononc. et Orth.: [sakad]. Ac. 1694-1740: sacade; dep. 1762: -cc-. Étymol. et Hist. 1. 1534 bailler la saccade « secouer violemment » (d'un cheval) (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, chap. 14, 11, p. 95); id. avoir la saccade (d'une femme) cont. érotique (Id., ibid., chap. 43, 84, p. 256); 1617 donner la saccade « secouer violemment » en gén. (A. d'Aubigné, Avantures du baron de Faeneste, L. II, éd. Réaume et de Caussade, t. 2, p. 434); 1760 (Diderot, Lettres à Sophie Volland, 25 nov., t. 1, p. 203: Depuis que je suis revenu de la campagne [...] c'est un bruit autour de moi; ce sont des saccades: c'est un charivari qui m'arrache à moi-même); 2. 1656 « mouvement du cavalier qui tire brusquement les rênes du cheval » (Scarron, Roman comique, éd. E. Magne, p. 126). Dér. du dial. saquer « secouer », vivant notamment dans les dial. de l'Ouest (saquer*); suff. -ade1*. Fréq. abs. littér.: 194. Bbg. Wind 1928, p. 101. |