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SABOT, subst. masc.
A. −
1. Chaussure faite d'un seul morceau de bois évidé, avec parfois une bande de cuir sur le cou-de-pied. Chausser ses sabots; fabriquer des sabots; marchand, fabricant de sabots (synon. sabotier); sabots ferrés; faire claquer, traîner ses sabots; laisser ses sabots devant la porte. N'était le grabat, une souquenille pendue à un clou et des sabots garnis de paille, seuls vêtements du malade, cette chaumière eût paru déserte comme les autres (Balzac,Méd. camp., 1833, p. 19):
1. Il y a des sabots d'aulne, d'ormeau et de noyer, et des sabots de hêtre. Ils sont couleur naturelle ou peints (...). Peints, ils se ressemblent tous: noir ou jaune verni, égayés de fleurs, lorsqu'ils sont destinés aux femmes. Les sabots pour hommes et les sabots pour femmes ne sont pas de même coupe, ni de même bois. Pesquidoux,Chez nous, 1921, p. 211.
Mod. Chaussure faite d'une grosse semelle de bois et d'un dessus de cuir épais ou de toile ou moulée d'une seule pièce dans du caoutchouc. Sabots orthopédiques. (Dict. xxes.).
2.
a) En sabots, loc. Chaussé de sabots. Enfin des levées en masse de tous les départements voisins: ouvriers, employés, paysans, la plupart sans armes, un grand nombre en sabots, le bâton sur l'épaule et la miche de pain au bout du bâton (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 184).
[Symbolise le peuple, une origine simple, pauvre, modeste] Je suis venu à Paris en sabots, et je ne l'ai pas oublié (Augier,Ceint. dorée, 1855, p. 361).Et tous les beaux militaires de l'ancien régime les suivirent, et quand nos volontaires en sabots leur mirent la baïonnette aux reins ce fut une déroute épique (Clemenceau,Vers réparation, 1899, p. 350).
b) Expr. fam. Voir, entendre venir qqn avec ses gros sabots. Deviner aisément les intentions, les projets grossiers ou sans finesse de quelqu'un. C'est bon! Assez! Cela suffit! Je vous vois venir avec vos gros sabots, vos histoires de deux sous et de jupe écossaise qui se soulève sous les courants d'air (Courteline,Article 330, 1900, p. 283).Geneviève me prenait parfois par la tendresse: pauvre lourdaude que j'entendais venir de loin avec ses gros sabots! (Mauriac,Nœud vip., 1932, p. 144).
Ne pas avoir, ne pas rester les deux pieds dans le même sabot. Être très actif, mener rapidement plusieurs tâches en même temps. V. pied.
B. − ZOOL. Ongle très développé des mammifères ongulés qui enveloppe d'une matière cornée très épaisse le ou les doigts reposant sur le sol lors de la marche et que l'on ferre chez les animaux de trait ou de selle. Sabot de chèvre, de bœuf, de mulet, de gazelle; sabots ferrés. Les sabots diffèrent des ongles, parce qu'ils enveloppent la phalange en dessous comme en dessus, et qu'ils ne sont ni pointus ni tranchans (Cuvier,Anat. comp., t. 2, 1805, p. 617):
2. Très craintive, la jument levait la patte dès que Meaulnes voulait la toucher et grattait le sol de son sabot lourd et maladroit. Il comprit enfin qu'elle avait tout simplement un caillou dans le sabot. Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p. 58.
Au fig., fam. Ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval. Cela a beaucoup de prix, de valeur, c'est une chose rare. J'espère que vous êtes content de mes services. Des Birault, ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval (Duhamel, Combat ombres, 1939, p. 64). 1 299 balles, c'est quand même 1 299 francs. Ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval (Le Monde, 31 mai 1984, p. 28).
C. − P. anal. (de forme, de fonction)
1. TECHNOLOGIE
a) Sabot d'arrêt, d'enrayage. Sorte de cale métallique ou en bois indépendante ou solidaire d'une machine mobile de gros gabarit (canon, wagon, machine agricole ou de travaux publics) qui permet de bloquer celle-ci sur place et en particulier d'éviter son recul. Le matériel de Bange (...) n'avait, tout récemment encore, d'autres freins de tir que ses sabots d'enrayage (Paloque,Artill., 1909, p. 146).En pays accidenté, le dispositif de traction [de la charrue brabant] est complété par un sabot d'enrayage (Passelègue,Mach. agric., 1930, p. 66).
b) Sabot de frein, frein à sabot. Pièce de bois ou de métal qui vient s'appliquer sur une roue dans un système de freinage. On entendit ce raclement des sabots de frein tout le long des descentes (Malègue,Augustin, t. 1, 1933, p. 217).Certains agissent directement sur les essieux: tels sont les freins à sabots frottant sur les bandages des roues (Bailleul,Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 155).
c) ,,Pièce glissant sur le sol, montée à chacune des extrémités d'une barre de coupe de faucheuse et permettant de régler la hauteur de coupe`` (Agric. 1977). Le sabot séparateur intérieur [de la faucheuse] est destiné à ramener vers la scie les tiges de fourrage qui seraient trop près de l'extrémité intérieure du porte-lame (Passelègue,Mach. agric., 1930, p. 180).
d) Sabot de Denver et, p. ell., sabot. Sorte de grosse pince au moyen de laquelle peut être bloquée la roue d'un véhicule en stationnement illicite. [Le conducteur] peut, très légalement partir au nez et à la barbe des « remorqueurs », non sans avoir au préalable fait retirer le sabot qui, le cas échéant, immobilisait le véhicule (L'Action automob. et touristique, sept. 1979, p. 22, col. 3).
2. MENUIS., CHARPENT. Élément métallique qui renforce ou protège l'extrémité d'une pièce de bois, poutre, poteau qui renforce ou décore un pied de meuble. Sabots de cuivre, de bronze doré. Nous donnons (...), en plan et en élévation, un sabot de fonte qui reçoit le pied d'une jambe de force appuyé sur un corbeau encastré dans le mur (Chabat1881).Les deux pièces verticales (...) sont réunies à 0 m 90 au dessus du niveau supérieur du patin par une traverse de bois dur qui reçoit dans un évidement armé d'un sabot en tôle l'about de la lame [au mât] (Moynet,Machinerie théâtr., 1893, p. 24).
En partic. Pièce identique en plastique ou en caoutchouc servant à protéger les pieds de petits meubles. J'installai devant moi, sur mon lit, la table bassette aux sabots de caoutchouc (Colette,Naiss. jour, 1928, p. 66).
3. Vieilli. Baignoire courte généralement en métal, en partie couverte et qui ne permet que la position assise. Synon. sabotière. (Dict. xixeet xxes.).Mod., en appos. Baignoire sabot. Baignoire courte en faïence dont une partie du fond est légèrement surélevée pour permettre de s'asseoir. Un réduit dont j'aurais fait une salle de bains en y installant une demi-baignoire sabot et l'appareil à gaz (Colette,Chambre d'hôtel, 1940, p. 135).
4. HIST. DU COST. Manche de vêtement courte et évasée; garniture de dentelle, de tulle ajoutée au bas d'une manche courte. Elle agitait son éventail; et l'autre main, sortant d'un sabot de dentelle et de velours nacarat tombait (...) sur les plis bouffants de sa robe splendide (Balzac,Béatrix, 1839, p. 120).La robe Watteau à traîne, à manches à sabots ou à pagodes, fait des essais de résurrection (Villard,Hist. cost., 1956, p. 98).
5. Boîte sans couvercle rappelant la forme d'un sabot.
a) TYPOGR. Boîte dans laquelle on jette les caractères typographiques usagés lors de la composition. Le sabot a désigné d'abord la platine en bois des presses hollandaises. Puis, par analogie, la boîte dans laquelle on jette les caractères de rebut; le petit chariot qui sert à transporter les formes (Chautard1937, p. 113).
b) JEUX. Boîte ouverte sur un côté servant à distribuer les cartes dans une salle de jeux. Il portait l'argent gagné à la banque voisine, la gorge asséchée, laissant passer un coup pour inaugurer un nouveau sabot (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 399).
6. ZOOTECHNIE
a) Cage roulante dans laquelle on transporte les fauves. On mettait les animaux choisis dans ces caisses de bois faites pour eux qu'on nomme des sabots (Vialar,Zingari, 1959, p. 142).
b) Nichoir que l'on met dans une volière pour certains oiseaux. Les cages à rossignols, les sabots à perroquets, les cages à écureuils, étaient autrefois du ressort du layetier (Nosban,Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 216).
7. BOT. Sabot de la Vierge, de Vénus. [N. usuel du cypripède* ou cypripedium calcaelus] Il y avait les sabots de Vénus, dont la fleur ressemble à une pantoufle merveilleuse, garnie au talon d'ailes de libellules (Zola,Curée, 1872, p. 356).Dans cette région de solitude, protégée de Nancy par les bois épais de la Haie, s'épanouit la flore rarissime de Lorraine: le « sabot de la vierge », pareil aux orchidées de serre (Barrès,Appel soldat, 1900, p. 304).
8. ZOOL. Espèce de mollusque du genre turbo. Parmi ces produits [ces échantillons de l'embranchement des mollusques], je citerai (...) le sabot marbré à nacre resplendissante (Verne,Vingt mille lieues, t. 1, 1870, p. 110).
D. − P. métaph., fam.
1. Mauvais bateau. Il a fallu monter dans le sabot, quitter la France, et mettre la mer entre moi et M. Rodolphe (Sue,Myst. Paris, t. 8, 1843, p. 258).Escartefigue, envieux: Je trouve tout de même un peu fort qu'on fasse un discours pour ce bateau et jamais pour les autres. César: Tu voudrais peut-être une cérémonie à chaque voyage de ton sabot? (Pagnol,Marius, 1931, iv, 1, p. 206).
2. Outil, instrument inefficace, usé ou désuet. Vos presses sont des sabots qui ne valent pas cent écus, et dont il faut faire du feu. − Des sabots?... s'écria le vieux Séchard, des sabots? (Balzac,Illus. perdues, 1837, p. 13).Hein! disait-il, en voilà, un sabot!... Et ça casse l'herbe, ça l'empoisonne. Ma parole! il y a trois moutons déjà qui en sont morts. Les paysans ricanaient, examinaient la faneuse comme une bête farce et méchante (Zola,Terre, 1887, p. 156).
P. anal. Personne qui s'acquitte mal de sa tâche, peu douée pour quelque chose. [Le vendeur Hutin] se faisait (...) une dizaine de francs par jour, en moyenne. Favier n'arrivait guère qu'à huit; et voilà que ce sabot lui enlevait les morceaux de la bouche, car il sortait de débiter une nouvelle robe (Zola,Bonh. dames, 1883, p. 483).
Fam. Verbe (d'action) + comme un sabot.Faire très mal quelque chose. Jouer comme un sabot. Il savait qu'au pistolet et à l'épée, le banquier tirait comme un sabot (Gyp,Raté, 1891, p. 260).Je suis rompu. J'ai dû écrire comme un sabot. Dès hier j'avais épuisé toute ma provision cérébrale (Alain-Fournier,Corresp.[avec Rivière], 1905, p. 88).
3. Mauvais violon. [On désigne par] sabot (...) [un] violon grossier et rudimentaire, comme la lyre et la gigue des jongleurs du moyen-âge, creusées dans un morceau de bois (BrenetMus.1926, p. 398).
E. − Toupie que l'on actionne avec un fouet. Je jetai par cette fenêtre une douzaine de sous (...) des billes et des toupies et mon sabot avec son fouet de peau d'anguille (A. France,Livre ami, 1885, p. 63).Philoclès te consacre, ô Hermès, sa balle rebondissante, sa retentissante crécelle de buis, ses osselets qu'il aimait tant, son rapide sabot, jouets de son jeune âge (D'Allemagne,Hist. jouets, 1902, p. 98).
Expr. ,,Le sabot dort, se dit Quand le sabot, à force d'avoir été fouetté, tourne si vite sur un même point, qu'il paraît immobile`` (Ac. 1878).
P. anal., fam. Dormir comme un sabot. Dormir très profondément. − Tu vois bien qu'elle dort comme un sabot, que dit le grand. − C'est si malin, les vieilles! répond le petit. Je vais la tuer, nous serons plus tranquilles (Balzac,Méd. camp., 1833, p. 165).
Prononc. et Orth.: [sabo]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Déb. du xives. [ms.] caboz torneiz plur. « toupies » (B.N. fr. 19152, f o43a, éd. Ed. Faral); fin xives. sabos plur. « id. » (Evrart de Conti, Probl. d'Aristote, B.N. fr. 210, f o212c ds Gdf. Compl.); b) 1835 « mauvais violon » (Ac.); 2. 1512 « chaussure paysanne faite d'une seule pièce de bois évidée » (doc. ds Gdf. Compl.); 3. 1564 sabot d'un cheval (Thierry); 4. 1762 (Ac.: on appelle [...] sabots, ces ornemens de cuivre qui sont au bas des pieds d'un bureau, d'une commode, etc.); 5. 1798 « demi-baignoire » (Ac.). Prob. issu, par croisement avec savate*, du poit. bot, au sens 2 (1564, Thierry; v. aussi TLF, s.v. botte2), même mot que bot1*. Le sens 2, qui est le sens propre, est prob. plus ancien. Fréq. abs. littér.: 1 151. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 837, b) 1 762; xxes.: a) 2 205, b) 1 910.
DÉR.
Saboterie, subst. fém.Fabrique de sabots, industrie, fabrication des sabots (supra A). Synon. vx sabotage.Vous savez que la ville de Bourg fait commerce de saboterie et de bijouterie (A. France, Vie littér., 1891, p. 158).V. saboter A 2 ex. de Nanquette. [sabɔtʀi]. 1reattest. 1855 (Goncourt, Quelques créatures de ce temps, p. 200 ds Quem. DDL t. 22); de sabot, suff. -erie*.
BBG.De Charencey. Romania. B. Soc. Ling. 1902/1903, t. 12, p. CXXI. − Hotier Cirque 1973 [1972], p. 75, 140. − Quem. DDL t. 14, 16, 19, 20, 27, 28; 22 (s.v. saboterie).