| SÉRAPHIN, subst. masc. A. − RELIG. JUDÉO-CHRÉT. Ange, appartenant selon la tradition chrétienne à la première hiérarchie des anges, décrit dans la vision du prophète Isaïe avec trois paires d'ailes et dont la fonction est d'adorer et de louer Dieu. Chœur, ordre des séraphins. Des séraphins debout sur des marches d'ivoire Se voiloient devant lui [Dieu] de six ailes de feux; Volant de l'un à l'autre, ils se disoient entre eux: Saint, saint, saint, le Seigneur, le Dieu, le roi des dieux! (Lamart., Médit., 1820, p. 261).De l'éblouissement de vos joyeux domaines Penchez-vous au plus noir des ténèbres humaines, Voyageurs du beau ciel, Anges et Séraphins, Qui nagez richement dans vos gloires d'ors fins (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p. 324).V. domination B ex. de France, hiérarchie ex. de Chateaubriand. − BEAUX-ARTS. Représentation d'un séraphin. Lia, − qui a l'air d'un petit séraphin gothique, aux cheveux blonds nuageux, des maîtres primitifs (Goncourt, Journal, 1859, p. 663). − Littér. Noir séraphin. Démon. Que les noirs Séraphins, les Princes des ténèbres, Me lancent, sous le choc de leurs ailes funèbres, Le souffle sulfureux des imprécations (France, Poés., Noces, 1876, p. 153). B. − HIST. RELIG. Le séraphin d'Assise. [Surnom de saint François d'Assise] Ce brûlant amour de la pauvreté qui enflammait le séraphin d'Assise (Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p. LXXXVI). C. − P. anal. ou dans des compar. 1. Rare. Personne d'apparence frêle et délicate. Allé chez Ap... où j'ai mangé du gigot parfaitement cru, avec un appétit de cannibale. Les femmes étonnées de voir un séraphin, à la taille féminine, engouffrer de tels morceaux de chair saignante (Barb. d'Aurev.,Memor. 2,1838, p. 375). 2. Jeune et bel enfant. Synon. plus usuels ange, chérubin.[Les enfants] s'en grisèrent [des mûres] et s'en barbouillèrent, et, tout vermeils de cette pourpre de la ronce, ces trois petits séraphins finirent par être trois petits faunes (Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 113). 3. Loc. adj. De séraphin. Qui a les caractéristiques du séraphin. Langage, voix de séraphin. Jonas était un garçon de quinze ans, mince, élancé, avec des cheveux blonds, de grands yeux bleus, un visage de séraphin, une tournure de page (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 406). REM. Séraphine, subst. fém.,rare. Ange aux traits féminins. Sa délicieuse robe brune montante (...), tout cela, et de plus la fierté douce et la bonté profonde de son regard bleu sombre, lui donnait l'air d'une séraphine qui se serait fait quakeresse et se souviendrait du ciel (Mallarmé, Corresp., 1862, p. 59). Prononc. et Orth.: [seʀafε
̃]. Ac. 1694, 1718: se-; dep. 1740: sé-. Étymol. et Hist. 1. Mil. xiies. relig. seraphin plur. (Te Deum ds Psautier Cambridge, éd. F. Michel, p. 281: cherubin e seraphin); mil. xiiies. ceraphin sing. (St François, ms. BN 19531, éd. A. Schmidt, 3362 ds T.-L.: un ceraphin); 2. a) 1838 fig. « homme d'apparence frêle et délicate » (Barb. d'Aurev., loc. cit.); b) 1874 fig. en parlant d'enfants (Hugo, loc. cit.). Empr. au lat. chrét.Seraphim « Séraphins » (Vulgate, Is. 6, 2 et 6), gr. Σ
ε
ρ
α
φ
ι
́
μ, empr. à l'hébr. biblique ś
207rāphι
̄m « Séraphins », plur. de *śārāph, littéral. « brûlant », dér. de *śāraph « brûler » (cf. chérubin). Fréq. abs. littér.: 165. |