| SÉRAIL, subst. masc. A. − [Dans l'ancien empire ottoman] Palais du sultan et de quelques hauts dignitaires. La pointe du sérail s'avance comme un promontoire ou comme un cap aplati entre ces trois mers, en face de l'Asie: (...) − c'est un triangle dont la base est le palais ou le sérail lui-même, dont la pointe plonge dans la mer, dont le côté le plus étendu donne sur le port intérieur ou canal de Constantinople (Lamart.,Voy. Orient, t. 2,1835,p. 377.). − Au fig. ♦ Allus. littér. Nourri dans le sérail. [P. réf. au vers de Racine dans Bajazet (IV, 7): Nourri dans le sérail, j'en connais les détours. Signifie que l'on connaît fort bien les milieux dans lesquels on a été élevé ou instruit et que l'on est à même d'en connaître les manières et les intrigues] ((...) je sais bien que mon désespoir durera jusqu'au terme), cette impossibilité de la redite, du piétinement, du lieu commun, de ces mille manières de marquer le pas, dont mon subconscient « nourri dans le sérail, connaît trop les détours » (Du Bos, Journal, 1927, p. 203). ♦ Milieu restreint, entourage immédiat d'une personne. Mieux vaut, après tout, collaborer sans le dire, que de le dire sans le faire: bonne formule de gens directs, pas du tout élevés dans le sérail parlementaire (L'Œuvre, 18 déc. 1941). − Pastilles du sérail. Pastilles qui à l'origine étaient importées de Constantinople. Aux coins, dans les deux vases, des pastilles du sérail brûlaient (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 262). B. − P. méton. 1. a) Harem, partie du palais où sont les femmes. Vie de sérail; eunuques du sérail. Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes? (Hugo, Orient., 1829, p. 84). b) P. méton. Ensemble des femmes du harem. [Louise à Renée] Comment, bientôt mariée! (...) j'aimerais mieux aller me promener aux îles d'Hyères en caïque, jusqu'à ce qu'un corsaire algérien m'enlevât et me vendît au grand seigneur; je deviendrais sultane, puis quelque jour validé, je mettrais le sérail c'en [sic] dessus dessous (Balzac, Mém. jeunes mariées, 1842, p. 188). ♦ P. anal. Outre son sérail, le baron des Francs a une femme légitime, belle et de haut lignage (Mérimée, Ét. arts Moy. Âge, 1870, pp. 116-117). − En sérail. En groupe, comme dans un sérail. Pauvre enfant qui plongeais avec une foi d'ange, Qu'à ton œil détrompé soudainement tout change! Au lieu des blancs cristaux, des bosquets de corail, Des nymphes aux yeux verts assises en sérail Et tressant sous leurs doigts, à défaut de feuillages, Les solides rameaux semés de coquillages (Sainte-Beuve, Poés., 1829, p. 99). 2. P. anal. ,,Maison où quelqu'un tient des femmes de plaisir; la réunion même de ces femmes`` (Ac. 1798-1878). Cette maison est un vrai sérail (Ac. 1798-1878).Un gros homme (...) qui savait des histoires de sérails parisiens, des racontars à la portée de l'intelligence de Madame (A. Daudet, Nabab, 1877, pp. 134-135). Prononc. et Orth.: [seʀaj]. Ac. 1694-1740: serrail; dep. 1762: sérail. Plur. des sérails. Étymol. et Hist. 1. Ca 1409-10 « palais d'un sultan » ici, au fig. (Chr. de Pisan, Cent ballades d'amant et de dame, LXX, 5, éd. J. Cerquiglini, p. 101); déb. xvies. [date du ms.] au propre (Philippe de Commynes, Mém., L. VI, chap. 12, éd. R. Chantelauze, p. 498 [ms. Montmorency-Luxembourg]); 2. 1519 « appartement des femmes d'un grand seigneur turc » (T. Spandugino, La genealogie du grand Turc a present regnant, B V v o, d'apr. R. Arveiller ds Z. rom. Philol. t. 106, p. 43). Empr. à l'ital.serraglio (d'abord saraio, déb. xvies., Sanudo, puis serraglio au xvies. par attraction paron. de serraglio « fermeture, clôture », v. Prati et DEI), empr. au turc seraj, persan särāj (Lok. n o1842; FEW t. 19, p. 154b). Fréq. abs. littér.: 291. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 807, b) 404; xxes.: a) 289, b) 157. Bbg. Hope 1971, p. 50. |