| * Dans l'article "SÉCESSION,, subst. fém." SÉCESSION, subst. fém. A. − POL. Acte par lequel une partie de la population d'un État se sépare volontairement de cet État, par voie pacifique ou violente, pour constituer un État indépendant ou pour se réunir à un autre. Le droit de sécession, c'est-à-dire le droit de quitter l'URSS pour toute république fédérée qui le désire, est même affirmé par le texte (Vedel,Dr. constit., 1949, p. 214).L'Empire britannique, à peine fondé, paraissait ébranlé par la sécession américaine (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p. 9). ♦ Faire sécession.Se séparer d'un État, d'une collectivité. Un des groupes avait été décimé par une épidémie quelques années auparavant et n'était plus suffisamment nombreux pour mener une vie autonome; l'autre avait fait sécession de sa tribu d'origine et s'était trouvé en proie aux mêmes difficultés (Lévi-Strauss,Anthropol. struct., 1958, p. 187). − HISTOIRE ♦ HIST. ROMAINE. Sécession (de la plèbe). Retrait de la plèbe romaine, en armes, hors de la ville, menaçant de fonder une ville nouvelle pour faire reconnaître ses droits. Les progrès politiques de la plèbe (...) s'affirment dès le début de la République. En ~ 493, les légions qu'elle constitue refusent l'obéissance aux consuls et se retirent sur le Mont Sacré, à trois milles environ de Rome. Inquiet devant cette grave sécession, le patriciat envoie à la plèbe un habile orateur (Hist. univ., t. 1, 1965 [1956], p. 878 [Encyclop. de la Pléiade]). ♦ HIST. DES ÉTATS-UNIS. Guerre de Sécession. Guerre civile qui opposa de 1861 à 1865, à propos de l'abolition de l'esclavage, les États unionistes du Nord à une confédération d'États du Sud et qui se termina par la défaite de ces derniers. La guerre de Sécession, ce fut avant tout la lutte pour la main-d'œuvre nécessaire à la culture du tabac et à celle du coton (Brunhes,Géogr. hum., 1942, p. 157). − P. ext. Refus d'obéir aux autorités établies. Quant au moyen qu'il employa pour tâcher de forcer mon consentement, ce ne fut rien moins que la menace de sécession de la marine qui, dit-il par téléphone: « devient indépendante et continue la guerre. » (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p. 221).En Bretagne et en Normandie, en Franche-Comté, dans le Midi, les administrations départementales firent sécession (...). Devenus « fédéralistes », les fauteurs du mouvement sectionnaire continuèrent d'imiter les Jacobins (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p. 357). B. − Action de se séparer d'un groupe. Le quatuor du bout de la table a fait sécession aujourd'hui. J'ai senti un certain désir de me tenir à distance, auquel j'ai naturellement répondu par une retraite fière et complète (Amiel,Journal, 1866, p. 385).Elle se voyait ainsi comme une espèce de Lespinasse et croyait avoir fondé un salon rival en enlevant à la Du Deffand du petit groupe ses hommes les plus agréables, en particulier Swann qui l'avait suivie dans sa sécession et sa retraite (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 595). − En partic. Fait de se tenir à l'écart du monde, de rentrer en soi-même. Auriez-vous quelque dessein de vous rebeller contre le monde? Je ne vous le conseillerais pas, bien que je sois moi-même en état de sécession, sinon de rébellion (Mérimée,Lettres Duchesse de Castiglione, 1868, p. 76).Plus d'une fois nous avons déjà écarté un contre-sens facile sur l'intériorité. Elle n'est ni fermeture ni sécession, mais recueillement (Mounier,Traité caract., 1946, p. 695). − P. ext. Faire sécession de qqc.Abandonner quelque chose. Ce lieu pétrifié [le Panthéon] où j'ai fait sécession de toute ardeur, de toute musique (Arnoux,Paris, 1939, p. 84). − BEAUX-ARTS ♦ Dans les pays germaniques, tendances de certains groupes d'artistes qui voulaient rompre avec la tradition académique de la fin du xixes. (d'apr. Lar. encyclop.). ♦ Style sécession. En Autriche, style assez analogue au modern style français (d'apr. Lar. encyclop.). Ameublement dans ce style sécession qui a été remplacé depuis en Allemagne par le style américain (Giraudoux,Siegfried, 1928, II, 1, p. 59). C. − Séparation, coupure. Ces plans de jonction et de friction, qui se sont insérés, comme frauduleusement, entre l'individu et la société (...). Sa conception du monde est trop profondément unitaire pour qu'il accepte une pareille sécession. (...) il se refuse à concevoir un univers cloisonné en catégories (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 306).Dans le second cas [représentation d'un animal sur un objet arrondi] l'animal reste encore intact à la hauteur de la tête et de la queue; dans le troisième enfin [représentation sur une surface plane], le découpage s'achève par la sécession du lien caudal, et les deux moitiés du corps, désormais libres, sont rabattues à droite et à gauche, sur le même plan que le visage (Lévi-Strauss,Anthropol. struct., 1958, p. 286). Prononc. et Orth.: [sesesjɔ
̃], [-sε-]. Littré, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Lar. Lang. fr. [-sε-]; Warn. 1968 [-se-], parfois [-sε-]; Martinet-Walter 1973 [ε, e] (9, 8); Rob. 1985 [-se-]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1355 cecessions et departemens « séparation politique, retrait d'une communauté politique » (Bersuire, Tite Live, ms. Ste Gen., f o39c ds Gdf. Compl.); déb. xvies. secession (Fossetier, Cron. Marg., ms. Bruxelles, f o224 v o, ibid.); b) 1834 spéc. « retraite du peuple de Rome sur le Mont Sacré » (Boiste); c) 1866 spéc. aux États-Unis guerre de la sécession (Lar. 19e, s.v. Amérique, p. 265, col. 3); 2. 1624 « action de s'éloigner, de se retirer » (N. de Peiresc, Lettres, éd. Tamizey de Larroque, t. 1, p. 200); 3. 1909 Beaux-Arts (Réau, Archives, bibl., musées, p. 40). Empr. au lat.secessio « action de se séparer, de s'éloigner, séparation politique », en partic. « retraite du peuple de Rome au Mont Sacré ». A l'empl. 1 c p. réf. à l'angl. de même orig. secession à propos des menaces de retrait de certains états de la Fédération des États-Unis (1830) puis de la guerre (1861-1865) déclenchée par la déclaration de sécession de fait des états du Sud en décembre 1860 (Americanisms; DAE). Au sens 3 d'apr. l'all. de même orig. Sezession désignant ou qualifiant des mouvements en rupture avec l'académisme, fondés en 1892 à Munich, 1893 à Berlin et 1897 à Vienne (Brockhaus Enzykl.). Fréq. abs. littér.: 41. DÉR. 1. Sécessionnisme, subst. masc.Doctrine prônant la sécession; attitude tendant à la sécession. Au Pakistan oriental, la bourgeoisie indigène, le prolétariat urbain et paysan se considèrent comme « colonisés » par les Pakistanais de l'Ouest: les tendances et les revendications autonomistes pourraient vite tourner au sécessionnisme (Le Nouvel Observateur, 21 avr. 1969, p. 39, col. 1).− [sesesjɔnism], [-sε-]. − 1reattest. 1969 id.; de sécession, suff. -isme*. Cf. aussi l'angl. secessionism (1861 ds DAE et Americanisms). 2. Sécessionniste, adj. et subst.(Personne, groupe) qui est partisan de la sécession, d'une séparation, qui a fait sécession. Les deux chambres votèrent l'amendement [14eamendement ou Great Reconstruction Act] à la majorité des deux tiers (13 juin 1866), mais se heurtèrent au veto présidentiel et au refus muet de tous les États sécessionnistes, le Tennessee excepté, c'est-à-dire de plus du quart des États (H. Hauser, J. Maurain, P. Benaerts, F. L'Huillier,Du libéralisme à l'impérialisme (1860-1878), 1952, p. 109).Les sécessionnistes du Français ont établi leur QG à Hébertot et, sous la houlette de Jean-Laurent Cochet, ils font goûter à la majorité silencieuse (...) la tranquille beauté d'un théâtre qui, en principe, n'a plus à faire ses preuves (L'Événement du Jeudi, 13 déc. 1984, p. 84, col. 2).− [sesesjɔnist], [-sε-]. − 1resattest. 1862 subst. sécessionniste (Alm. du Magasin pittoresque pour 1862, p. 50 ds Quem. DDL t. 12), 1866 adj. et subst. sécessioniste (Lar. 19e, s.v. Amérique, p. 265, col. 3 et p. 266, col. 2), 1892 sécessionniste (Guérin); de sécession* (suff. -iste*) d'abord par empr. à l'angl. secessionist (1851 subst., 1869 adj., ds DAE et Americanisms). BBG. − Darm. 1877, p. 183. − Dub. Dér. 1962, p. 46 (s.v. sécessionniste); Pol. 1962, p. 416 (id.). − Quem. DDL t. 12 (id.). |