| S'IL TE/VOUS PLAÎT, loc. interj. A. − 1. [S'emploie pour présenter une demande, donner un ordre ou un conseil, avec courtoisie ou par respect d'une forme conventionnelle de politesse] Avant de vous dire mon avis, M. le chevalier, permettez, s'il vous plaît, que je vous félicite d'avoir lu Louis Racine avant Voltaire (J. de Maistre,Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 212).Je voudrais bien un peu de café, s'il te plaît, nounou. Cela me ferait du bien (Anouilh,Antig., 1946, p. 143).V. allô ex. − En partic. ♦ [S'emploie avec un syntagme nom.; gén. avec une valeur de demande concernant le référent du syntagme nom., dans une question ou une réponse] L'on serait resté là jusqu'au jour si le baron n'avait dit pour en finir: − « Le vicomte, Monsieur, enverra demain chez vous ses témoins. » − « Votre heure? » − « À midi, s'il vous plaît. » − « Parfaitement, Monsieur » (Flaub.,Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 28).Je demandai: « MmeMélanie, s'il vous plaît? − Connais pas! − Mais, j'ai reçu une lettre d'elle. − C'est possible, mais connais pas (...) » (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Marquis de F., 1886, p. 67).Un premier appel reste sans réponse. Dagot continue: − Cordon, s'il vous plaît! Puis énervé: − La porte, bon Dieu! (Dabit,Hôtel Nord, 1929, p. 46). ♦ [S'emploie dans le dialogue, avec une valeur de prière, pour demander à l'interlocuteur de changer de ton ou de se taire] Denis: (...) Tantôt, je ne me commandais plus. Je vous prie d'excuser mon emportement, les propos... Constant, l'arrêtant: Oh! Denis, s'il vous plaît! (Bernstein,Secret, 1913, III, 5, p. 36).P. anal. [S'emploie dans une situation pour demander à qqn de changer d'attitude ou d'activité] Elle disait: − Ôtez-moi cette compresse. Alors Philomène ravalant ses larmes: − Oh! s'il te plaît, Thérèse, s'il te plaît! Et Thérèse: − Laissez-moi tranquille. Je vais bien (Ramuz,Derborence, 1934, p. 112).V. mademoiselle ex. 3. ♦ [S'emploie seul pour interpeller poliment une pers. à qui l'on va demander qqc.] Synon. eh1.L'inconnu appelait en effet, à voix très basse, humblement, comme s'il désirait et redoutait à la fois d'être entendu: − Camarade... s'il vous plaît... Hé! camarade! Le Français s'approcha brusquement et dit: − Que me voulez-vous? (Bernanos,Nuit, 1928, p. 30).P. anal. [Pour se présenter comme étant prêt à répondre ou à accéder à la demande de qqn] Synon. oui, eh bien!Il va vers le mur et, leste, grimpe dessus. L'officier est entré et l'a vu. L'Officier: Dis donc, l'ami? Pantagleize, sur le mur: S'il vous plaît? L'Officier: Vous avez laissé tomber votre parapluie (Ghelderode,Pantagleize, 1934, épil., p. 139). − P. iron. [S'emploie pour renforcer la valeur impérative d'un ordre ou d'une demande] Mais parfaitement! Mais en effet! Mais c'est bien ça! Ah! bien non, celle-là est trop raide! Ah! le chameau! Ah! le sale cochon! Ah! la rosse! − Veux-tu me foutre le camp, s'il te plaît! (Courteline,Train 8 h. 47, 1888, p. 43).− Je voudrais parler à Laurence Decoin. Alors son interlocuteur devint presque féroce. − Et encore quoi?... De la part de qui, s'il vous plaît, jeune homme?... − D'un ami... − Vraiment? (Simenon,Vac. Maigret, 1948, p. 65). Rem. Cet empl. joue sur le sens littéral et/ou l'usage conventionnel de la loc.: il peut ne pas plaire à l'interlocuteur de répondre ou de s'exécuter, ou bien l'usage par le locuteur de cette forme de politesse signifie à l'interlocuteur son inconvenance. 2. [S'emploie pour présenter de manière polie le refus, l'acceptation d'une invitation ou d'une offre, la réponse à une offre] Robert: (...) Si vous voulez... je vais signer pour vous. Lambercier: Oui... s'il vous plaît... D'ailleurs, nous avons presque fini (Hermant,M. de Courpière, 1907, III, 4, p. 24).Laurency: Assieds-toi. Qu'est-que tu veux boire? Clotilde: Rien qu'un verre d'eau, s'il vous plaît (Lenormand,Simoun, 4etabl., 1921, p. 35). ♦ [S'emploie seul pour répondre positivement à une offre] « Votre disque, Monsieur Antoine, celui que vous aimez, voulez-vous l'entendre, pour la dernière fois? » « S'il vous plaît » (Sartre,Nausée, 1938, p. 217). B. − [S'emploie pour convier l'interlocuteur à s'étonner de la valeur ou de l'importance de ce qui est dit (avec, selon les cont., une intention iron.)] Synon. pardon.Le fait est que mon garçon de salle, − tenez, le gracieux qui m'a remis votre carte (un licencié ès-lettres, s'il vous plaît, et palmé comme tel (...)) n'est rien moins que l'auteur de trois ou quatre magnifiques ouvrages dramatiques et, passez-moi le mot, « littéraires » (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels, 1883, p. 49).Quand survint l'assassinat de mon fils Philippe, Larpent − un des défenseurs de Verdun, s'il vous plaît − prit à la gorge le procureur Scherdlin, pour son affreux réquisitoire rempli de mensonges, de prétéritions et d'erreurs (L. Daudet,Brév. journ., 1936, p. 101). Rem. S'il vous plaît se trouve souvent à l'écrit sous la forme abrégée s.v.p. (v. ce mot). Prononc. et Orth.: [siltə/vuplε]. Contraction (un peu caricaturale) de s'il vous plaît: s'iou plaît (Queneau, Exerc. style, 1947, p. 81). Étymol. et Hist. V. plaire. |