| RÉTORQUER, verbe trans. A. − Vieilli ou littér. Retourner contre l'interlocuteur en manière de réponse ce qui fonde son raisonnement. Un messager apprend à Étéocle le nom des chefs et les devises de leur bouclier qu'Étéocle rétorque toujours contre eux (Chénier,Poèmes, Amérique, 1794, p. 128).Quel rhéteur... Comme il ébranle les facultés d'enthousiasme. Ah! s'il était patriote. Il rétorque tous les arguments de Clemenceau (Barrès,Cahiers, t. 5, 1906, p. 35). − Empl. pronom. à sens passif. Les faciles déclamations de la bourgeoisie contre la noblesse héréditaire peuvent se rétorquer avec avantage contre la ploutocratie (Renan,Avenir sc., 1890, p. 35). B. − P. ext. Répondre sous forme de riposte. Synon. répliquer, riposter.− Et ton Commandeur, ce n'est pas enfantin? dit Bertrand. − Pardon! rétorque Renaud tout rouge. Le commandeur c'est une tradition de famille (Colette,Mais. Cl., 1922, p. 257).Je leur rétorquai vivement que leur ville me navrait (Céline,Voyage, 1932, p. 266). − Rare ♦ Empl. pronom. réciproque. Laissez maintenant la religion achever son œuvre, et soyez sans inquiétude sur la société. Ainsi parlent et se rétorquent dans une divagation sans fin les théoriciens des deux opinions (Proudhon,Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 337). ♦ Empl. trans. indir. Rétorquer à qqc.Dubreuilh publia dans L'Espoir une série d'articles d'une extrême sévérité auxquels la presse communiste rétorqua avec humeur (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 259).Rétorquer sur qqc.Les Jésuites (...) auraient pu rétorquer avec de légitimes représailles sur les ruses et accommodements de conscience dont MM Arnauld et Marion ne se firent pas faute (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 1, 1840, p. 80). REM. Rétorquable, adj.Qui peut être rétorqué. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [ʀetɔ
ʀke], (il) rétorque [-tɔ
ʀk]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1370 trans. « ramener, rapporter, attribuer » (Nicole Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 417, note 1); en m. fr. uniquement; 2. 1549 id. « tourner contre son adversaire les arguments dont il s'est servi » (Est.); 3. 1840 id. « proférer en guise de riposte, répliquer » ici absol. (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, p. 80); 1910 rétorquer que (Péguy, V.-M., comte Hugo, p. 763). Empr. au lat. class.retorquere « tourner en arrière, changer », comp. de re-, v. re- et torquere « tordre, tourner »; pour le sens 2, cf. l'expr. lat. argumentum retorquere de même sens. Fréq. abs. littér.: 72. |