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RÉSORBER, verbe trans.
A. − MÉD., PHYSIOL. ANIM. ET HUM.
1. Faire rentrer dans la circulation sanguine ou lymphatique, par des moyens thérapeutiques ou naturellement, les humeurs, les liquides épanchés dans une cavité ou dans des tissus de l'organisme qui ne les contiennent pas ordinairement. Résorber l'épanchement du pus. Les communications naturellement ouvertes, des grandes cavités du corps où il y a toujours beaucoup de fluides à résorber, avec les troncs des grosses veines (Cuvier, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 161).Le plus souvent en empl. pronom. S'épancher à l'intérieur de l'organisme dans la circulation sanguine ou lymphatique, disparaître, fondre. La largeur de certaines lésions fut un sérieux danger, la suppuration des plaies larges pouvant toujours se résorber, et par conséquent tuer le malade, sous de certaines influences atmosphériques (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 595).
2. P. ext., empl. pronom. [Le suj. désigne un élément, un organe] Être l'objet d'une disparition progressive. Ainsi, du périoste greffé sous la peau ne développe pas de l'os qui persiste, il se forme un peu de tissu osseux qui finit par se résorber et disparaître (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 294).
PHYSIOL. VÉGÉT. L'écorce greffée persistera-t-elle, croîtra-t-elle avec la branche? Probablement que non, elle se résorbera peu à peu (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 294).
B. − P. anal. [Sans idée de mal, d'état pathologique à faire disparaître; le compl. désigne une chose concr., une pers.]
1. Faire disparaître progressivement quelque chose, quelqu'un dans ce qui l'entoure, le touche. Synon. absorber.Eaux croupies que le sol imperméable ne peut résorber (Gautier, Fracasse, 1863, p. 60).Il arrive qu'à midi les courtes ombres, que résorbent les murs et le pied des arbres, soient le seul azur pur du paysage (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 36).
Empl. pronom. Disparaître progressivement, se fondre dans. J'ai vu pour la première fois les nuages, dans l'azur, se dissoudre; (...) se résorber dans le ciel (...) j'en observais tous les flocons un à un disparaître; il ne restait plus que de l'azur. C'était une mort merveilleuse; un évanouissement en plein ciel (Gide, Nourr. terr., 1897, p. 175).Se résorber en.Se fondre, se transformer en. Sur les fonds de verdure sombre, minérale des pins et des cèdres, soudain les bouleaux, les peupliers flamboient, se résorbent en une légère fumée dorée (Gracq, Beau tén., 1945, p. 10).
2. En partic. [Le compl. désigne les larmes] Refouler, retenir, tarir ses larmes. La tête courbée résorbant ses larmes, elle piquait par contenance la marge d'un album (Péladan, Vice supr., 1884, p. 248).
C. − Au fig.
1. Faire disparaître par assimilation. Synon. absorber, assimiler, faire fusionner, fondre:
Nous sommes fréquemment les victimes (...) d'une adaptation passive et fatale qui tend à nous résorber dans l'immobilité des choses, (...). Roger Caillois, à propos des faits de mimétisme, a mis en évidence la tentation qui saisit la vie, (...) de se résorber dans l'espace ambiant, de se faire physiquement oublier pour échapper au danger et à l'initiative créatrice. Mounier, Traité caract., 1946, p. 340.
Résorber qqc. dans qqc.Faire disparaître dans quelque chose, assimiler. Il suffit que dans la joie de l'enthousiasme il y ait plus que dans le plaisir du bien-être, ce plaisir n'impliquant pas cette joie, cette joie enveloppant et même résorbant en elle ce plaisir (Bergson, Deux sources, 1932, p. 49).Empl. pronom. Se fondre dans. Par un renversement radical de la position idéaliste, la connaissance se résorbe dans l'être; elle n'est ni un attribut, ni une fonction, ni un accident de l'être; mais il n'y a que de l'être (Sartre, Être et Néant, 1943, p. 268).
Au passif. Être résorbé par.Être absorbé, remplacé par. Quant au droit de réunion, fort bien! les assemblées populaires seront résorbées par les sociétés secrètes (Hugo, Actes et par., 1, 1875, p. 401).
2. Faire disparaître progressivement (ce qui est négatif, ce qui gêne, ce qui est en excès). Synon. éliminer, supprimer.Résorber le chômage, un déficit, des excédents de récolte, des incidents. J'allais criant: Science! écriture! parole! Je voulais résorber le bagne par l'école (Hugo, Contempl., t. 3, 1856, p. 31).Aucune blessure visible: sans succès, Rouen essaie de résorber ses contusions internes. Pour comprendre, il suffit d'opérer un peu à cœur ouvert (Le Nouvel Observateur, 12 juin 1968, p. 22, col. 2).
3. Faire disparaître. [Victor Cherbuliez] veut marier l'inspiration et l'ironie, (...) je pense qu'il pourra résorber encore davantage son ironie, et qu'on finira par croire à ses personnages (Amiel, Journal, 1866, p. 288).Quand l'anonymat résorbe l'individu et qu'il dissipe jusqu'à son nom devenu matricule (Arnoux, Solde, 1958, p. 248).
Empl. pronom. Disparaître, cesser, se calmer. La peur, la révolte se résorbe; la tempête se résorbe. Quand on eut beaucoup larmoyé et sangloté, quand se résorba l'émotion de cette scène matinale (...) on s'aperçut que midi avait sonné et qu'il était grand temps de préparer le déjeuner (Morand, Homme pressé, 1941, p. 55).
Prononc. et Orth.: [ʀezɔ ʀbe], (il) résorbe [-zɔ ʀb]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1761 « opérer l'absorption d'une humeur » (A. Levret, L'Art des accouchemens, p. 46); 1856 p. ext. « faire disparaître » (Hugo, Homme qui rit, t. 1, p. 125: L'engloutissement les résorbait [les naufragés] en silence). Empr. au lat.resorbere « avaler, aspirer de nouveau » (de sorbere « avaler, absorber »). Fréq. abs. littér.: 196.
DÉR.
Résorbable, adj.Qui peut être résorbé. Épanchement résorbable. Une substance iodée, (...) hydrosoluble et rapidement résorbable (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 648).Fils de suture résorbables (Man.-Man.Méd.1980). [ʀezɔ ʀbabl]. 1reattest. 1932 (Lar. 20e); de résorber, suff. -able*.