| RÉFUGIER, verbe A. − Empl. trans., vieilli 1. Réfugier qqn.Donner refuge à quelqu'un. Leur trop grande quantité [d'écoles] ne servirait qu'à réfugier des maîtres ignorans, qui ne font jamais que de faibles écoliers (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 186). 2. Au fig. Réfugier qqc. a) Mettre à l'abri, sauvegarder quelque chose. Des amoureux probablement qui réfugiaient leurs confidences dans l'ombre protectrice (Estaunié, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 62). b) Dissimuler, masquer quelque chose. Réfugiant alors son manque de caractère dans un entêtement obstiné (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 122).Généraux, magistrats, évêques, toutes les forfaitures (...) réfugient derrière ce vote leur ignominie (Hugo, Nap. le Pt, 1852, p. 160). B. − Empl. pronom. 1. Se mettre en un lieu sûr pour y trouver refuge. Des averses forcèrent ces dames à se réfugier dans le pavillon japonais (Zola, Page amour, 1878, p. 888).Je me réfugiais dans les bas-côtés d'une église pour pouvoir pleurer en paix (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 230). 2. Au fig. a) Trouver asile et réconfort face à une situation pénible ou hostile, dans un milieu, réel ou imaginaire, qui est accueillant et protecteur. Qqn se réfugie chez, dans qqc. Je me réfugie dans le sommeil comme un enfant boudeur qui se retire du jeu (Gide, Journal, 1927, p. 843).Oui, j'avais remarqué, chez Raymond, une répugnance à employer ce mot de mort, un besoin de se réfugier derrière des périphrases lorsqu'il avait à le prononcer, une petite panique, héroïquement supportée (Arnoux, Crimes innoc., 1952, p. 153). b) Trouver un point d'ancrage, se fixer, se cristalliser sur quelque chose. Qqc. se réfugie chez, dans qqc. L'ivrognerie a disparu pour se réfugier, en de certains jours, dans les dernières classes de la société (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 248). Prononc. et Orth.: [ʀefyʒje], (il se) réfugie [-ʒi]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. 1435 « trouver asile » refugiez adj. (Arch. de Bretagne, VII, 115 ds Barb. Misc. XXI, n o16); 1576 [date de l'éd.] id. subst. (Lefèbvre de Laval, Hist. d. troubles et guerres civ., p. 148, ibid.); id. intrans. (Id., ibid., p. 458, ibid.); 1597 réfl. (J. G. Espiner-Scott, Doc. sur Cl. Fauchet, p. 112, ibid.); 2. 1572 biens réfugiés « mis à l'abri » (Corresp. Granvelle, IV, p. 458, ibid.); 3. 1636 « donner asile » (Monet, p. 740a: refugier, recevoir à refuge); 4. 1759 fig. réfl. (Voltaire, Cant. des cant. Précis ds Littré: La pudeur... s'est réfugiée sur les lèvres); 1798 se réfugier dans les abstractions (Ac.). Dér. de refuge*; dés. -er. Cf. le m. fr. soi refuger (1480 Jean Boutillier, Somme rural, II, fol. 31 ds Barb. Misc., loc. cit.), att. seulement à l'inf. Fréq. abs. littér.: 1 289. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 912, b) 1 817; xxes.: a) 1 851, b) 1 761. |