| * Dans l'article "RUCHE,, subst. fém." RUCHE, subst. fém. A. − 1. APICULTURE a) Abri naturel ou construit par l'homme, de forme et de matière variable, où les abeilles déposent le miel et la cire. Ruche en bois, en liège, en osier, en planches; ruche à calottes, à cadres mobiles, à rayons fixes; alvéoles, essaim d'une ruche. Une centaine de ruches en paille, posées à terre sans façon et alignées au cordeau comme les tentes dans un camp (About,Roi mont., 1857, p. 62).V. abeille ex. 17 et abeiller1ex. 1.P. métaph. Ton âme est la fleur sur qui s'est posée L'abeille qui prit pour ruche mon cœur (Privas,Amour chante, 1904, p. 44). b) P. méton. Ensemble formé par l'abri et l'essaim qui l'habite; essaim, colonie habitant la même ruche. Synon. ruchée (infra dér.).Ruche active; ruche en effervescence; produit d'une ruche; reine d'une ruche; bourdonnement, murmure, rumeur d'une ruche. Les ruches qui chantaient aux deux côtés du seuil Sont couvertes de noir, en signe d'un grand deuil: Aux pleurs de la maison, à toutes ses prières On veut associer ce peuple d'ouvrières (Brizeux,Marie, 1840, p. 104).Des mâles qui ne jouent qu'un rôle éphémère et que la ruche massacre dès qu'elle n'en a plus que faire (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 279). ♦ Ruche orpheline. Synon. de ruchée orpheline*. − Proverbe. Il ne faut point fâcher une ruche. (Ac.),,Il ne faut point s'attirer une foule de petits ennemis`` (Ac.). 2. P. ext., rare. Habitation d'insectes qui vivent en société; p. méton., cette société d'insectes. Les ruches des annélides qui cimentent du sable (Michelet,Journal, 1858, p. 436). 3. P. anal. [P. réf. au travail collectif très actif et organisé de la ruche] Agglomération très peuplée, lieu où règne une activité intense. Synon. fourmilière.Une ville, une commune, n'était plus qu'une immense ruche, dans laquelle il n'y avait pas un oisif (Zola,Travail, t. 1, 1901, p. 173).La présence de Girardin va en faire [de l'imprimerie et des bureaux de « La Presse »] une maison fameuse, une ruche à journaux d'où sortiront sans cesse de multiples publications (Morienval,Créateurs gde presse, 1934, p. 78). − Une ruche de (rare). Un très grand nombre de. [Une femme] se hâtait (...) dévorée de mille projets menus (...). J'étais comme elle: une ruche de projets (Sartre,Sursis, 1945, p. 276). B. − P. anal. (de forme), TECHNOL. 1. [Avec le modèle fréquent de la ruche de paille en forme de panier renversé] ARCHIT. Voûte demi-sphérique. Les Romains (...) avaient adopté le principe de l'arc plein-cintre, et, par suite, de la voûte moulée, de la ruche ou calotte hémisphérique (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 13, 1869, p. 175). 2. [Avec la gaufre de cire] a) COUT., HIST. DU COST. ,,Bande d'étoffe plissée ou froncée qui sert à accompagner et décorer une pièce de vêtement (...), collerette, tour de cou, et bonnet`` (Leloir 1961), p. méton., les plissés ainsi formés. Synon. ruché.Bonnet, chapeau, col à ruches; ruches de dentelle, de mousseline, de tulle. Elle est habillée d'une robe de satin blanc (...), avec seulement au bas cinq ou six rangs de petites ruches qui font un remous de luisants et de reflets de soierie à ses pieds (Goncourt,Journal, 1894, p. 512).Le joli jeune homme (...) froissant les ruches de son jabot, contempla maman Virginie (Adam,Enf. Aust., 1902, p. 61). ♦ Ruche chicorée. ,,La ruche chicorée est découpée à l'emporte-pièce en forme de feuilles de chicorée`` (Leloir 1961). b) OSTRÉICULTURE. ,,Tas de tuiles couvertes de chaux et destinées à recueillir le naissain`` (Fén. 1970). Les six mois écoulés, on ouvre les « ruches », − C'est le nom donné à ces cages de bois [cages à huîtres] (Coppée,Crit. en vac., 1892, p. 348). REM. 1. Ruchette, subst. fém.,apic. Petite ruche. Les maisons de Méa (...) petites, vues d'ici, comme des ruchettes avec ces toitures artisanales qui sont en tôle et minces (Giono,Batailles ds mont., 1937, p. 17). 2. Rucheur, -euse, subst.a) Agric. ,,Ouvrier agricole qui entasse le foin, ou les gerbes de blé, en petits tas semblables à des ruches`` (Fén. 1970). b) Agric., apic., artis. Rucheur de paille. ,,Ouvrier utilisant la paille en torsades assemblées par des lamelles de noisetier ou de ronce pour la fabrication des ruches et des paniers destinés à faire le pain de campagne ``(Mét. 1955). c) Repassage. Rucheuse d'étoffes. ,,Repasseuse réalisant des bandes d'étoffes plissées`` (Mét. 1955). Prononc. et Orth.: [ʀyʃ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1210-25 rosche « habitation des abeilles, ensemble des abeilles » (Yder, éd. H. Gelzer, 3691: mangier le miel de la rosche); 1205-50 ruche (Renart, éd. E. Martin, III, 84); 2. 1798 « habitation des insectes ou des vers qui vivent en société » (Ac.); 3. a) 1798 (Ac.: Il ne faut point fâcher une ruche. Il ne faut point s'attirer une foule de petits ennemis); b) 1756 (Du Marsais, Le Philosophe, p. 28: Répandez-vous comme des abeilles, nous disent-ils [les philosophes], dans le monde passé et dans le monde présent, vous reviendrez ensuite dans votre ruche composer votre miel). B. 1818 cout. (L'Observateur des modes, I, L. V, p. 14 ds Fr. mod. t. 17, p. 303). Du gaul. rusca « écorce » (att. dans des gloses au ixes., v. FEW t. 10, p. 582; cf. en ce sens l'a. irl. rusc, l'a. prov. rusca « écorce » xiiies., v. Levy; le cat. rusc « écorce de chêne-liège » et « ruche », v. Alc.-Moll.), les ruches étant à l'origine réalisées à l'aide d'écorces d'arbres comme le chêne-liège; l'anc. dénom. est restée pour désigner la ruche en paille tressée apportée dans la Gaule septentrionale par les Francs, car le rapport du mot rusca avec la matière utilisée n'était plus senti, le lat. scortea ayant remplacé rusca pour désigner « l'écorce » (cf. aussi des dér. de rusca pour désigner des objets variés, seaux à linge, mesures ou formes à fromage, réalisés à partir d'écorce, v. FEW t. 10, p. 582). Fréq. abs. littér.: 751. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 588, b) 920; xxes.: a) 2 212, b) 867. DÉR. Ruchée, subst. fém.,apic. a) Population d'une ruche. Synon. supra A 1 b.V. orphelin II A ex. de Maeterlinck.b) Produit d'une ruche. (Dict. xixeet xxes.). − [ʀyʃe]. − 1resattest. a) 1559 « population d'une ruche » (Amyot, Vies, Dion, 30 ds Gdf. Compl.), b) 1600 ruschee « ce que contient une ruche » (Olivier de Serres, Théâtre d'agric., p. 403); de ruche, suff. -ée*. BBG. − Brinkmann (W.). Bienenstock und Bienenstand in den rom. Ländern. Hamburg, 1938, pp. 129-133. − Quem. DDL t. 33. − Thurneysen 1884, p. 111. |