| RUADE, subst. fém. A. − Mouvement par lequel les quadrupèdes, et plus spécialement les équidés, projettent vivement en arrière et avec force leurs membres postérieurs en prenant appui sur les antérieurs et en baissant l'encolure. Décocher, faire une ruade. Les chevaux, affolés de douleur, se cabrèrent, lancèrent des ruades et, prenant le mors aux dents, (...) se mirent à galoper comme si le diable les emportait, sans souci des fossés ni des obstacles, si bien qu'en un moment ils furent hors de vue (Gautier,Fracasse, 1863, p. 366).Brusquement il [le cheval] s'emballa (...) et lança en arrière une ruade si violente, que Marjalet distingua les sept clous du fer, à un pouce de son visage (Courteline,Train 8 h 47, Début, 1885, III, p. 184). − P. anal. Saut, coup de pied, mouvement violent. D'une ruade, elle lança au loin l'une de ses pantoufles (Colette,Chambre d'hôtel, 1940, p. 176).Enfin, de ruade en ruade, (on ne peut appeler autrement les petits sauts que nous faisons des quatre roues [du tramway]) nous finissons par avancer vers la Canebière qu'on voit là-bas devant (Giono,Chron., Noé, 1947, p. 291). B. − Au fig. Défense brutale, réaction violente, grossièreté inattendue d'une personne. La Besnardière (...) brocha un rapport (...). La ruade lâchée, M. de Talleyrand trouva le moyen de communiquer le rapport à Alexandre (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p. 591).Le président du Conseil (...) fit tête à l'extrême gauche tout en détachant des ruades à droite (Vogüé,Morts, 1899, p. 197). REM. Ruader, verbe intrans.,rare. Synon. vx de ruer (v. ce mot B 2).P. métaph. Cet animal [un certain Pinon] hennissant, se cabrant, ruadant, pétaradant, par divertissement, par amour du changement, et pour me faire damner (Rolland,C. Breugnon, 1919, p. 118). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɥad]. Passy 1914, Warn. 1968, Lar. Lang. fr.: [-ɥ-], Martinet-Walter 1973: [-ɥ-], [-y-] (7, 10). Étymol. et Hist. Déb. xvies. « action de ruer (d'un cheval) » (Jean d'Auton, Chroniques de Louis XII, éd. R. de Maulde la Clavière, t. 4, p. 178). Dér. de ruer*; suff. -ade*. Fréq. abs. littér.: 70. |